mercredi, avril 23, 2025

Les derniers articles

Articles liés

Liban : Nawaf Salam désavoué sur la nomination de Karim Souaid à la BDL

- Advertisement -

Le 27 mars 2025, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a publiquement pris ses distances avec la nomination de Karim Souaid au poste de gouverneur de la Banque du Liban (BDL), votée par 17 voix sur 24 lors d’une séance du Conseil des ministres. Cette décision, imposée par le président Joseph Aoun malgré les objections de Salam et de plusieurs ministres, met en lumière une fracture au sein du gouvernement et compromet les réformes promises. Dans un contexte de crise économique persistante, Salam insiste sur la protection des droits des déposants et les négociations avec le FMI, tandis que l’approbation d’un projet de loi sur le secret bancaire marque un pas symbolique vers la transparence.

Une opposition claire de Salam

Lors d’une déclaration après la séance du Conseil des ministres à Baabda, Nawaf Salam a exprimé son désaccord avec la nomination de Souaid, soulignant une « multitude de raisons » pour son rejet. « J’ai émis des réserves sur cette nomination, avec plusieurs ministres, en raison de notre volonté de protéger les droits des déposants et de préserver les actifs de l’État », a-t-il affirmé. Soutenu par des figures comme Tarek Mitri et Amer Bsat parmi les 7 opposants au vote, Salam s’est retrouvé en minorité face à une coalition incluant les Forces libanaises (FL), Hezbollah et Amal, qui ont aligné leurs 17 voix derrière Aoun.

Cette mise en minorité est un revers pour Salam, investi le 13 janvier 2025 avec un mandat réformateur. Il a insisté sur le fait que tout gouverneur doit adhérer à la politique de son gouvernement, axée sur les négociations avec le FMI, la restructuration bancaire et un plan conforme aux standards internationaux pour sauvegarder les dépôts gelés depuis 2019.

Une nomination controversée

Karim Souaid, désigné par 17 voix sur 24, est une figure contestée, critiquée pour son opposition connue à tout programme du FMI et son lien supposé à une étude prônant un haircut de 80-90 % sur les dépôts. Ces positions, relayées par des opposants comme le député Michel Doueihi, menacent les droits des déposants et les actifs publics, deux priorités que Salam a juré de défendre. L’entente entre Aoun et Nabih Berri, président du Parlement, semble avoir scellé ce choix, Aoun sauvegardant les intérêts des banques pour permettre au Hezbollah de conserver ses armes, comme il l’a laissé entendre dans une interview à France 24.

Cette dynamique illustre un gouvernement où le « parti des banques » domine, répétant le sabotage des réformes vu en 2020 avec le Parlement et la commission du budget. Pour Salam, un gouverneur neutre était essentiel pour mener des réformes financières crédibles, et non un partisan comme Souaid, dont les inclinations augurent mal d’une restructuration équitable.

Un projet de loi sur le secret bancaire comme signal

Dans le même souffle, Salam a annoncé que le gouvernement avait approuvé un projet de loi visant à amender la législation sur le secret bancaire, une mesure clé exigée par le FMI. « C’est notre politique, et le gouverneur doit s’y conformer. Les Libanais nous ont demandé des réformes, et nous y tenons », a-t-il déclaré. Ce projet, s’il adopté par le Parlement, pourrait lever un obstacle majeur aux négociations avec le Fonds, mais son efficacité dépendra de son application et de la volonté politique, mises en doute par la nomination de Souaid.

Cet amendement symbolise l’engagement réformateur de Salam, mais son impact reste incertain dans un gouvernement divisé, où Aoun et ses alliés privilégient des compromis au détriment des standards internationaux.

Une fracture politique aux lourdes conséquences

La mise en minorité de Salam, avec seulement 7 voix sur 24 pour soutenir ses réserves, fragilise son autorité à un moment critique. L’accord avec le FMI, vital pour éviter un effondrement désordonné aux conséquences désastreuses pour une population déjà à 80 % sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, est menacé par l’opposition de Souaid à ses programmes. Toute restructuration bancaire, sans cet accord, risque de coûter beaucoup plus cher, prolongeant la crise économique.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi