Un texte qui divise profondément la classe politique
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement de Nawaf Salam tente de finaliser la déclaration ministérielle, un document stratégique qui définira les orientations de l’exécutif pour les prochains mois. Mais les discussions autour de ce texte se heurtent à de vives tensions au Parlement, mettant en lumière les fractures profondes au sein du paysage politique libanais.
La question la plus sensible reste celle de la souveraineté nationale et du rôle de la Résistance. Faut-il mentionner explicitement le Hezbollah dans la doctrine de défense nationale, ou faut-il privilégier un discours plus neutre sur les forces de résistance ? Cette interrogation crée un véritable bras de fer entre les différents blocs parlementaires.
Le Hezbollah et le mouvement Amal insistent pour que la déclaration ministérielle reconnaisse le rôle de la Résistance comme une composante essentielle de la défense du pays. Ils estiment que cette mention est une nécessité stratégique dans un contexte de tensions persistantes avec Israël. Naim Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a affirmé que « toute déclaration ministérielle qui ne reconnaît pas la Résistance est une trahison des engagements pris après 2006 ».
De l’autre côté, les Forces libanaises et le Parti Kataëb rejettent catégoriquement toute mention du Hezbollah dans le document officiel. Samir Geagea considère que « l’armée libanaise doit être la seule garante de la souveraineté du pays » et accuse le Hezbollah d’instrumentaliser la crise sécuritaire pour justifier son maintien en dehors du contrôle de l’État.
Face à cette opposition frontale, Nawaf Salam tente de jouer la carte du compromis en élaborant un texte volontairement flou sur cette question, évoquant « le droit du Liban à défendre sa souveraineté par tous les moyens disponibles », sans mentionner directement la Résistance. Mais cette approche prudente pourrait ne convaincre ni l’un ni l’autre des camps et aboutir à un blocage au Parlement.
Un Parlement divisé, un compromis impossible ?
Alors que le gouvernement de Nawaf Salam tente de finaliser sa déclaration ministérielle, le Parlement est en ébullition. La version provisoire du document, adoptée en Conseil des ministres, a immédiatement suscité une levée de boucliers de plusieurs partis politiques. La principale pierre d’achoppement reste la question de la souveraineté nationale et du contrôle des armes, un sujet qui divise profondément la classe politique libanaise.
Le projet de déclaration ministérielle affirme l’attachement du gouvernement à la libération de tous les territoires libanais occupés et à la mise en œuvre de la résolution 1701 des Nations unies, qui appelle au retrait israélien et à la souveraineté de l’État sur l’ensemble du territoire. Il réaffirme aussi le monopole de l’État sur les armes, une disposition qui suscite des tensions avec le Hezbollah et ses alliés.
Les Forces libanaises et le Parti Kataëb ont immédiatement exprimé leur désaccord, exigeant que le texte aille plus loin en établissant un calendrier précis pour le désarmement de toutes les factions armées en dehors de l’armée libanaise. Les ministres proches du Hezbollah ont riposté en affirmant que la Résistance est une composante essentielle de la défense nationale, et que son rôle ne saurait être remis en cause tant que la menace israélienne persiste.
Face à cette impasse, le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam ont tenté d’adopter une approche plus consensuelle, en évitant de trancher explicitement sur la question des armes et en insistant sur la nécessité d’un dialogue national sur la stratégie de défense. Cependant, cette position médiane ne satisfait ni les partisans du Hezbollah ni ses opposants, rendant l’adoption de la déclaration ministérielle particulièrement incertaine.
Un Parlement en crise face à une déclaration ministérielle explosive
Alors que la session parlementaire pour l’adoption de la déclaration ministérielle se poursuit, les divisions internes s’accentuent et la tension atteint son paroxysme. Entre accusations mutuelles, blocages et menaces à peine voilées, la classe politique libanaise semble incapable de trouver un terrain d’entente, menaçant ainsi la stabilité du gouvernement Nawaf Salam.
Les discussions se sont crispées autour de la mention du rôle de la Résistance dans la défense nationale et du respect de la souveraineté de l’État. Les partis proches du Hezbollah et du mouvement Amal insistent pour que la déclaration ministérielle reconnaisse le droit du Liban à se défendre par tous les moyens disponibles, tandis que leurs opposants, notamment les Forces libanaises et le Parti Kataëb, refusent toute référence implicite ou explicite à un rôle du Hezbollah en dehors du cadre de l’État.
Dans cette atmosphère de défiance, le président Joseph Aoun tente d’imposer une ligne de conduite plus consensuelle, appelant à ne pas politiser la déclaration ministérielle. Il insiste sur la nécessité de préserver l’unité nationale et d’adopter un langage inclusif permettant de garantir la confiance des partenaires internationaux. Son approche prudente vise notamment à éviter une nouvelle crise gouvernementale, alors que les tensions internes menacent déjà la stabilité du cabinet Nawaf Salam.
Un vote sous tension : l’avenir du gouvernement en jeu
Alors que les débats parlementaires sur la déclaration ministérielle s’intensifient, les risques d’un vote négatif se multiplient, mettant en péril la stabilité du gouvernement de Nawaf Salam. Les divergences sur les grandes lignes du texte, notamment sur le rôle de la Résistance et la politique de défense, menacent de provoquer une crise institutionnelle de grande ampleur.
Selon les dernières informations, plusieurs blocs parlementaires restent indécis sur leur position finale. Les Forces libanaises et le Parti Kataëb continuent d’exiger un engagement explicite sur le monopole des armes par l’État, tandis que les députés proches du Hezbollah rejettent toute modification du texte actuel. Le risque de voir une partie des députés s’abstenir ou voter contre la déclaration ministérielle est donc bien réel, ce qui pourrait entraîner une paralysie du gouvernement.
En coulisses, Joseph Aoun et Nawaf Salam tentent de trouver un compromis acceptable, mais le temps presse. Un rejet du texte au Parlement signifierait un retour à l’instabilité politique et, potentiellement, une nouvelle phase de blocage institutionnel. Ce scénario inquiète également les partenaires internationaux du Liban, notamment les bailleurs de fonds, qui surveillent de près l’évolution de la situation politique et conditionnent leur aide à la stabilité gouvernementale.
Alors que le vote approche, les tractations de dernière minute vont se multiplier, mais l’issue demeure incertaine. Si le gouvernement de Nawaf Salam échoue à obtenir la confiance du Parlement, le Liban pourrait entrer dans une nouvelle phase de crise, accentuant les tensions sociales et économiques déjà critiques.