Le Liban a réaffirmé son engagement à défendre sa souveraineté et son territoire lors d’une réunion des trois présidents à Baabda. Face aux violations israéliennes persistantes, le pays entend porter l’affaire devant le Conseil de sécurité des Nations unies, qui a approuvé la résolution 1701, afin d’exiger des mesures immédiates contre Israël et d’imposer son retrait des territoires occupés.
Un appel au Conseil de sécurité pour faire respecter la résolution 1701
La réunion tenue à Baabda a mis en lumière les préoccupations majeures du Liban concernant les violations israéliennes répétées et l’occupation de plusieurs points stratégiques sur le territoire libanais. Les responsables libanais ont décidé de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour exiger une application stricte de la résolution 1701, qui stipule un cessez-le-feu et le retrait total des troupes israéliennes du territoire libanais.
Malgré l’accord de cessation des hostilités signé en novembre 2024, Israël maintient sa présence militaire dans plusieurs points clés du sud du Liban, notamment dans sept zones frontalières où les forces israéliennes demeurent stationnées, contrevenant ainsi aux engagements internationaux.
Le maintien des forces israéliennes sur le territoire libanais : une violation persistante
Selon les informations recueillies, les forces israéliennes restent positionnées sur des collines stratégiques situées dans la zone frontalière libanaise. Parmi ces points d’occupation figurent :
- La route frontalière internationale d’Adaissa jusqu’à l’entrée de Kafr Kila, le long du mur frontalier.
- La zone de Btishiya, en périphérie d’Al-Dhahira, près du site d’Al-Jardah.
Israël justifie cette présence par des impératifs de sécurité, mais pour le Liban, il s’agit d’une occupation qui empêche le retour à une stabilité durable dans la région.
Déploiement de l’armée libanaise et sécurisation des zones reprises
Face au retrait partiel des forces israéliennes de certaines localités du sud du Liban, l’armée libanaise a entrepris un déploiement massif pour sécuriser ces zones.
Le communiqué de la Direction de l’Orientation de l’Armée libanaise indique que, les 17 et 18 février 2025, des unités militaires ont été déployées dans plusieurs localités du sud, parmi lesquelles :
- Secteur est : Abbasiyé, Majidié, Kafr Kila – Marjayoun.
- Secteur centre : Adaissa, Markaba, Houla, Meiss el-Jabal, Blida, Mohaybib – Marjayoun.
- Secteur centre (Bint Jbeil) : Maroun al-Ras et une partie restante de Yaroun.
Ces unités, en coordination avec la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) et la commission de supervision du cessez-le-feu, ont commencé des opérations de sécurisation incluant :
- Des levées de mines et d’engins explosifs non explosés.
- L’ouverture des routes et le rétablissement des infrastructures de base.
- Le contrôle des villages libérés pour assurer le retour des habitants en toute sécurité.
Les autorités militaires ont exhorté les habitants à respecter scrupuleusement les consignes des forces déployées afin de garantir leur sécurité.
Un retrait incomplet et une situation humanitaire alarmante
Malgré le retrait israélien de plusieurs villages du sud du Liban, cinq points stratégiques restent sous le contrôle de l’armée israélienne, suscitant l’inquiétude des autorités libanaises et du Hezbollah, qui considèrent ce maintien comme une provocation et un obstacle à la souveraineté du pays.
La situation humanitaire reste critique dans plusieurs localités où les destructions sont massives. Dans la localité de Kafr Kila, de nombreux habitants découvrent leurs maisons en ruines après plus d’un an de conflit.
🔹 Khodo Suleiman, entrepreneur en construction, témoigne : « Ce que je vois dépasse l’entendement. Il ne reste plus rien. Il n’y a ni maisons, ni plantations. C’est un mélange de bonheur et de douleur. »
🔹 Atef Arabi, un habitant qui avait fui la guerre, ajoute : « Même si ma maison est détruite, je suis heureux de revenir. Je reconstruirai. »
L’armée libanaise a mis en place des bulldozers pour dégager les débris et faciliter le retour des populations, mais de nombreuses familles restent bloquées à l’extérieur des villages, en attendant l’autorisation d’entrer.
Réactions israéliennes et tensions régionales
Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a confirmé le maintien de postes militaires en territoire libanais malgré le cessez-le-feu. Selon lui, ces positions visent à prévenir d’éventuelles violations de l’accord par le Hezbollah.
Israël a également renforcé ses défenses du côté de sa frontière, érigeant de nouveaux postes d’observation et renforçant sa présence militaire.
🔹 Israel Katz déclare : « Nous sommes déterminés à assurer une sécurité totale aux communautés du nord d’Israël. »
Ces déclarations ont ravivé les tensions et font craindre une reprise des affrontements si un retrait total n’est pas respecté.
L’appel de l’ONU pour une application stricte de la résolution 1701
Dans une déclaration conjointe, Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, et Aroldo Lázaro, commandant de la FINUL, ont insisté sur la nécessité pour Israël et le Liban de respecter les engagements pris dans l’accord du 26 novembre 2024 et la résolution 1701.
🔹 Déclaration officielle de l’ONU : « Un autre retard dans ce processus est préoccupant et constitue une violation persistante de la résolution 1701. Cependant, des progrès concrets ont été réalisés, avec le retrait israélien de certaines zones et le déploiement des forces libanaises. Le Liban mérite un soutien inébranlable pour restaurer pleinement son autorité dans le sud. »
L’ONU appelle les deux parties à poursuivre le dialogue et à éviter une reprise des violences.
Vers une stabilisation ou une escalade ?
Alors que le Liban s’efforce de retrouver une souveraineté complète sur son territoire, la situation demeure fragile.
- L’implication du Conseil de sécurité sera déterminante pour contraindre Israël à un retrait total.
- Le rôle de la FINUL et de la commission de supervision du cessez-le-feu reste essentiel pour garantir la sécurité et le respect des accords.
- La situation humanitaire exige des efforts internationaux pour aider à la reconstruction des villages détruits.
Le Liban, déterminé à faire respecter son intégrité territoriale, entre dans une phase cruciale de négociations et de pressions diplomatiques. Un retrait israélien complet est la seule voie vers une paix durable.