Michel Blanc, L’éternel ‘Bronzé’ qui n’a jamais bronzé, mais qui a illuminé nos vies, nous a quittés

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Michel Blanc, ce génie de la comédie qui a su allier rire, subtilité et parfois une dose de mélancolie, nous a quittés. Son nom évoque immédiatement la saga culte des Bronzés, mais ce serait réducteur de le limiter à ce simple rôle de Jean-Claude Dusse, le « looser » mythique des vacances au Club Med. Pourtant, cette phrase, « sur un malentendu, ça peut marcher », restera à jamais associée à son personnage, et quelque part, à lui-même. Blanc, c’était justement cet acteur capable de nous faire croire à l’impossible, de nous émouvoir tout en nous arrachant un sourire, avec cette moue faussement bougonne et cette éternelle autodérision.

Derrière l’image de l’éternel « bronzeur » qui, ironie du sort, ne bronzait jamais, se cache un homme complexe, bourré de talents et de nuances. Michel Blanc, né en 1952 à Courbevoie, n’était pas simplement l’un des Bronzés. Il était aussi un acteur de théâtre, un réalisateur et un scénariste de génie. Il faisait partie de ces comédiens que l’on peut voir évoluer, tout en s’adaptant aux époques et aux styles, avec une facilité déconcertante. Il aura incarné aussi bien la légèreté des comédies populaires que les profondeurs dramatiques des films d’auteur, prouvant ainsi qu’il pouvait aussi bien porter une perruque ridicule qu’endosser des rôles plus sombres, où la psychologie des personnages prenait le dessus sur la simple bouffonnerie.

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Si Les Bronzés ont bien sûr marqué un tournant dans sa carrière, le réduisant parfois à ce personnage de Jean-Claude Dusse qui nous a tant fait rire dans ses mésaventures amoureuses maladroites et ses espoirs d’une idylle sous les tropiques, Michel Blanc n’a pas été qu’une figure de la comédie de vacances. Très vite, il a montré qu’il pouvait incarner bien plus que ce personnage sympathique mais un peu loser. En 1989, il surprend tout le monde avec Monsieur Hire, une adaptation du roman de Simenon réalisée par Patrice Leconte. Dans ce film, il est à l’opposé de ses rôles comiques : il incarne un tailleur solitaire, soupçonné d’un crime, un personnage introverti, mystérieux, presque inquiétant. Blanc prouve ainsi qu’il est capable d’interpréter des rôles complexes, loin des clichés de la comédie française. Cette performance lui vaut d’ailleurs d’être nommé au César du meilleur acteur, preuve que derrière l’homme à l’humour pince-sans-rire, se cache un véritable caméléon du cinéma.

Mais si l’acteur Michel Blanc a brillé dans des films variés, le réalisateur Michel Blanc n’est pas en reste. En 1994, il passe derrière la caméra avec Grosse fatigue, une satire mordante de l’univers du cinéma. Blanc y joue son propre rôle, celui d’un acteur envahi par un sosie malveillant qui profite de sa célébrité pour semer la zizanie. Le film, savoureux et drôle, est une réflexion sur la célébrité et ses travers, et une preuve supplémentaire de la capacité de Blanc à naviguer entre plusieurs registres avec une aisance rare. Ce premier film en tant que réalisateur est un succès critique et public, et lui vaut le prix du scénario à Cannes.

Blanc continue d’enchaîner les succès dans les années 2000, notamment avec Embrassez qui vous voudrez en 2002, une comédie dramatique chorale dans laquelle il explore les tensions et les névroses des couples en vacances. Cette comédie douce-amère, avec un casting impressionnant (Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jacques Dutronc), confirme une fois de plus son talent à mêler humour et profondeur. Il renouvellera l’expérience avec la suite, Voyez comme on danse, en 2018, toujours avec cette même capacité à explorer les relations humaines avec finesse et drôlerie.

Mais Michel Blanc n’a jamais vraiment quitté la comédie pure, celle qui fait rire aux éclats. Avec ses compères des Bronzés, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Josiane Balasko, il restera à jamais l’un des piliers de la troupe du Splendid, qui a révolutionné l’humour français dans les années 1970-1980. C’est avec eux qu’il a créé des personnages cultes et des répliques devenues mythiques. Difficile d’oublier cette scène des Bronzés font du ski, où Jean-Claude Dusse, désespérément seul, se retrouve suspendu à un télésiège en pleine tempête, marmonnant « je vais conclure, je vais conclure », avec cette obstination si touchante et pourtant si risible.

Newsdesk Libnanews
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