Ces mamans de l’ombre

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« Vos enfants ne sont pas vos enfants
Ils sont les fils et les filles de l’appel de la vie à elle-même.Ceux que l’on met au monde ne nous appartiennent pas. »

Qui ne connait pas cette citation  de KHALIL GIBRAN? 

Nous l’avons entendue maintes fois…et à différentes occasions. 

Seulement l’entendre et la vivre c’est bien différent!

Mon fils se marie dans 3 semaines et j’angoisse comme toutes les mères, de le voir quitter le nid familial..Combien la maison va me paraitre vide! Une partie de moi va me quitter!

Je trouve cela dur…j’appréhende beaucoup ce jour, meme si je suis heureuse pour lui.

Il y a 17 ans, j’ai prié le Bon Dieu de me donner « du temps », pour le voir grandir…

Il m’a donné la chance de le voir se marier! Je devrais être beureuse, je le suis, il n’en reste que cela sera difficile de voir sa chambre inoccupée.

Je pense à ma mère…deux de ses filles s’étaient mariées le même mois et toutes deux avaient, non seulement quitté la maison, mais le pays aussi! Combien cela a dû être dur pour elle de vivre ces séparations!

« Ces enfants que l’on a mis au monde ne nous appartiennent pas », nous dit on, ils ont une vie à vivre, la leur, des chemins différents à suivre, les leurs, loin de nous..

Ces enfants que l’on met au monde ne nous appartiennent pas, à moins de mettre au monde un enfant avec un handicap. Celui-ci ne quittera jamais la maison, il restera lié à ses parents  pour la vie…surtout au Liban où leurs prises en charge n’est pas assurée par l’état.

Je pense aujourd’hui à tous les enfants de Sesobel au Liban, leurs pas ne les mèneront nulle part. Ils n’auront aucun chemin à suivre… ne quitteront jamais la maison familiale.

Leurs parents ne vivront pas le départ en appartement de leur fils…

Ils ont des défis vitaux à gérer, leur quotidien difficile….mais surtout et le plus dur, de leur enfant « après eux »! 

Qu’adviendra t-il à leur enfant, après leur départ? Qui s’en occuperait?

Des questions souvent sans rèponses! 

Je pense particulièrement à ces mamans aujourd’hui, ces mamans de l’ombre qui se battent et se débattent pour offrir les meilleurs soins à leur enfant et qui culpabilisent de ne pas pouvoir faire plus. Je pense à ces mamans de l’ombre qui se battent et se débattent afin que leur enfant souffrant d’un handicap puisse  prendre sa place dans la société.

Les mamans de ces enfants là donneraient  leur  vie pour être à ma place aujourd’hui, voir leur enfant quitter la maison familiale et vivre une vie normale et autonome.

Montréal

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