Mardi 12h00. Les efforts diplomatiques pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas stagnent, malgré l’intensification des négociations et les tentatives de médiation des États-Unis, de l’Égypte et du Qatar. David Hale, ancien sous-secrétaire d’État américain aux affaires politiques et ex-ambassadeur des États-Unis au Liban, a exprimé son pessimisme quant à l’issue des pourparlers en cours. « Je ne suis pas optimiste quant aux négociations en cours et à la direction qu’elles prennent », a-t-il déclaré, cité par MTV Liban.
Alors que les risques d’un conflit plus large sont réels, Hale a jugé qu’une guerre généralisée dans la région reste peu probable. Pendant ce temps, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a terminé sa neuvième visite au Moyen-Orient depuis le début de la guerre à Gaza, sans parvenir à un accord majeur sur un cessez-le-feu. « Le temps presse », a averti Blinken mardi, tout en reconnaissant que des défis demeurent entre les parties en conflit.
Les négociations au point mort
Lors de ses réunions avec les médiateurs en Égypte et au Qatar, Blinken a déclaré que, bien qu’Israël ait accepté une proposition visant à réduire les divergences avec le Hamas, les efforts se concentrent désormais sur la nécessité de convaincre le groupe militant de se rallier à cet accord. « Notre message est simple, clair et urgent », a affirmé Blinken aux journalistes avant de quitter le Qatar. « Nous devons conclure un accord de cessez-le-feu et de libération des otages, et nous devons le faire maintenant. Le temps presse. »
La situation est devenue plus urgente après l’assassinat ciblé de leaders militants du Hamas et du Hezbollah en Iran et au Liban, des frappes attribuées à Israël, qui ont alimenté les craintes d’une guerre régionale plus large. En réponse, le Hezbollah et l’Iran ont promis des représailles, ce qui exacerbe les tensions et renforce la pression sur les acteurs internationaux pour trouver une solution rapide.
Les obstacles à un accord
Mardi, le Hamas a qualifié la dernière proposition de médiation de « recul » par rapport aux accords antérieurs, accusant les États-Unis de céder aux nouvelles conditions posées par Israël. À l’heure actuelle, Washington n’a pas encore répondu à ces accusations. Les déclarations de Blinken marquent un changement de ton par rapport à l’optimisme initial des responsables de l’administration Biden, qui, au cours du printemps et de l’été, estimaient que la signature d’un accord de cessez-le-feu était imminente.
Jonathan Panikoff, directeur de l’Initiative de sécurité au Moyen-Orient du Scowcroft Middle East Security Initiative au sein du programme Moyen-Orient du Conseil de l’Atlantique, estime que cet optimisme affiché visait en partie à maintenir la dynamique des négociations. « S’ils ne projettent pas d’optimisme, ils risquent de ne pas créer un élan suffisant pour que les négociations se poursuivent », a-t-il déclaré.
Cependant, pour Panikoff, la clé du conflit reste entre les mains de deux acteurs : le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Yahya Sinwar, leader du Hamas et cerveau des attaques du 7 octobre. « Ce sont les deux personnes qui se montrent les plus sceptiques depuis le début à l’idée de parvenir à un accord de paix », a-t-il souligné.
Des divergences politiques persistantes
Pendant que les négociations s’enlisent, Netanyahu a rencontré mardi des groupes de familles de soldats et d’otages, issus des milieux de droite, qui s’opposent fermement à tout accord de cessez-le-feu. Ces familles ont affirmé que le Premier ministre leur avait garanti qu’Israël ne renoncerait pas au contrôle de deux corridors stratégiques dans Gaza, un point qui constitue un obstacle majeur dans les discussions actuelles.
Toutefois, un haut responsable américain a rejeté comme « totalement fausse » l’affirmation selon laquelle Netanyahu aurait déclaré à Blinken qu’Israël ne quitterait jamais les corridors de Philadelphi et de Netzarim. De telles déclarations « ne sont pas constructives pour faire aboutir un accord de cessez-le-feu », a déclaré ce responsable sous couvert d’anonymat, évoquant les discussions diplomatiques privées menées par Blinken.
Les écarts entre Israël et le Hamas restent encore importants, malgré les efforts des médiateurs. À la veille de la visite de Blinken, Netanyahu a rencontré plusieurs dirigeants israéliens afin de discuter des dernières étapes des négociations. La situation politique en Israël, marquée par l’amélioration de la cote de popularité de Netanyahu grâce à sa gestion du conflit à Gaza et la montée des tensions avec l’Iran et le Hezbollah, semble compliquer davantage la conclusion d’un accord.
La pression des familles et la découverte de nouveaux corps
Le mardi soir, de nouvelles manifestations ont eu lieu en Israël, notamment à Tel Aviv, où des familles d’otages ont exigé un cessez-le-feu immédiat. « Plus ils restent là-bas, plus nous recevons de sacs mortuaires », a déploré Adi Israeli, l’une des manifestantes.
L’armée israélienne a annoncé la récupération des corps de six otages capturés lors de l’attaque du 7 octobre, au cours d’une opération menée dans le sud de Gaza. Selon les autorités militaires, ces otages ont été tués lors d’une opération à Khan Younès. Parmi les victimes identifiées figurent Chaim Perry (80 ans), Yoram Metzger (80 ans), Avraham Munder (79 ans), Alexander Dancyg (76 ans), Nadav Popplewell (51 ans) et Yagev Buchshtav (35 ans). La récupération de ces corps a apporté un nouveau coup de massue pour les familles, qui continuent de réclamer des négociations pour la libération des autres otages.
Le Hamas est toujours soupçonné de détenir environ 110 otages, capturés lors de l’attaque du 7 octobre. Les autorités israéliennes estiment qu’un tiers de ces otages sont déjà décédés. Lors du cessez-le-feu de l’année dernière, plus de 100 otages avaient été libérés en échange de prisonniers palestiniens détenus en Israël.
Une situation humanitaire désastreuse à Gaza
Du côté de Gaza, la situation humanitaire continue de se détériorer. Les frappes israéliennes, en représailles aux attaques du Hamas, ont provoqué une crise humanitaire d’une ampleur sans précédent. Selon le ministère de la Santé de Gaza, plus de 40 000 Palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre, un chiffre qui inclut à la fois des civils et des combattants. La vaste majorité des 2,3 millions d’habitants de Gaza a été contrainte de fuir ses maisons, souvent à plusieurs reprises.
Les groupes humanitaires craignent désormais l’apparition de maladies comme la polio en raison des conditions de vie épouvantables dans les abris de fortune. Hier, une frappe aérienne israélienne a touché une école à Gaza, tuant au moins 12 personnes, dont des civils. L’école servait de refuge à environ 700 personnes déplacées. « Nous ne savons pas où aller… ou comment protéger nos enfants », a témoigné Um Khalil Abu Agwa, une femme déplacée.
De nouvelles frappes israéliennes à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza, ont tué sept personnes, dont une femme et deux enfants, selon un journaliste de l’Associated Press. Une autre frappe a tué cinq enfants et leur mère, un fait confirmé par l’hôpital des Martyrs d’Al-Aqsa.
Les ordres d’évacuation israéliens ont entraîné des mouvements massifs de populations à l’intérieur de Gaza, poussant des milliers de personnes dans des zones déjà surpeuplées. Des témoignages font état de conditions de vie extrêmement précaires, avec des enfants dormant à même le sol en carton dans des abris de fortune.
Conclusion : Un avenir incertain
À midi, la situation reste extrêmement préoccupante. Le processus diplomatique piétine, les tensions régionales augmentent, et la situation humanitaire dans la bande de Gaza continue de se détériorer. Les négociations entre Israël et le Hamas sont loin d’être conclues, tandis que les risques d’une escalade dans la région demeurent élevés. Alors que les deux parties semblent s’éloigner de la perspective d’un cessez-le-feu, la communauté internationale tente désespérément de trouver un moyen de mettre fin aux combats.
Sources :
- MTV Liban, « David Hale : Les négociations israélo-palestiniennes dans l’impasse », août 2024.
- Agence France-Presse (AFP), « Les pourparlers de paix entre Israël et le Hamas », août 2024.
- Reuters, « Blinken tente de relancer les négociations entre Israël et le Hamas », août 2024.
- Associated Press, « Gaza : frappes aériennes israéliennes et crise humanitaire », août 2024.