La directrice du Fonds Monétaire International, Kristalina Georgieva, a détaillé l’aide qui sera offerte par l’institution internationale au Liban, suite à l’explosion du Port de Beyrouth.

Parmi les mesures à instaurer en priorité selon le FMI, restaurer la solvabilité des finances publiques et la solidité du système financier, mettre en place une loi de contrôle des capitaux, réduire les pertes du secteur public, allusion au secteur énergétique et mettre en place un filet de sécurité sociale, confirmant la fermeté de la communauté internationale dans l’aide apportée à moyen et long terme au Liban face à la crise économique et maintenant face à la nécessité de reconstruire le port de Beyrouth, dévasté par une importante explosion, le 4 août 2020 aux environs de 18h06 heure locale.

Pour rappel, le ministère de la santé indique que 158 personnes sont décédées, plus de 60 personnes toujours portées disparues et plus de 6 000 personnes ont été blessées selon un bilan toujours provisoire dans l’explosion qui a ravagé le port de Beyrouth et une grande partie de la capitale libanaise.

La piste d’une explosion accidentelle de 2750 tonnes de nitrates d’ammonium saisis en 2014 à bord d’un navire poubelle, le Rhosus battant pavillon moldave, est pour le moment privilégiée par les autorités libanaises. Cette explosion équivaudrait à celle de 600 tonnes de TNT ou encore à un tremblement de terre de 3.3 sur l’échelle de Richter.
Elle aurait ainsi causé un cratère de 210 mètres de long sur 43 mètres de profondeur, indique le dimanche 9 août une source sécuritaire citant les propos d’experts français présents sur place.

Le communiqué du FMI

Washington, DC: Mme Kristalina Georgieva, Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a fait la déclaration suivante aujourd’hui à l’issue de la « Conférence internationale de haut niveau sur le soutien à Beyrouth et au peuple libanais » après l’explosion du 4 août :

«Je tiens à remercier le président français Emmanuel Macron de nous avoir réunis quelques jours à peine après l’explosion dévastatrice de Beyrouth et d’exprimer une solidarité sincère avec le peuple libanais. C’est une terrible tragédie, qui arrive à un moment terrible. Le Liban est aux prises avec de profonds défis économiques et sociaux, aggravés par une pandémie, mais encore plus par le manque de volonté politique d’adopter et de mettre en œuvre des réformes significatives que le peuple libanais réclame. C’est le moment pour les décideurs libanais de s’unir et de faire face à la grave crise économique et sociale. C’est aussi le moment pour la communauté internationale de se tenir aux côtés du pays et de son peuple – avec une aide humanitaire urgente et un soutien aux réformes visant à sortir le Liban du bord de l’effondrement économique.

«Au cours des derniers mois, nous nous sommes activement engagés avec les autorités libanaises, ainsi qu’avec la société civile et la communauté internationale, sur un train de réformes visant à faire face à l’aggravation de la crise, à renforcer la gouvernance et la responsabilité et à restaurer la confiance dans l’économie. Malheureusement, ces discussions n’ont pas encore abouti.

«Nous sommes prêts à redoubler d’efforts. Mais nous avons besoin d’une unité de vues au Liban – nous avons besoin que toutes les institutions se réunissent déterminées à mener à bien les réformes nécessaires.

«Premièrement , restaurer la solvabilité des finances publiques et la solidité du système financier. Les générations actuelles et futures de Libanais ne doivent pas être aux prises avec plus de dettes qu’elles ne pourront jamais rembourser. C’est pourquoi le FMI exige la soutenabilité de la dette comme condition de prêt. Et le système financier doit être solvable – ceux qui ont bénéficié de rendements excessifs passés doivent partager le fardeau de la recapitalisation des banques, pour protéger l’épargne-vie de la grande majorité des déposants libanais ordinaires.

«Deuxièmement , mettre en place des garde-fous temporaires pour éviter les sorties de capitaux continues qui saperaient davantage le système financier pendant que les réformes se mettent en place . Cela comprend l’adoption d’une législation pour formaliser le contrôle des capitaux dans le système bancaire et éliminer le système actuel de taux de change multiples pour aider à protéger les réserves internationales du Liban tout en réduisant la recherche de rente et la corruption.

«Troisièmement , des mesures initiales pour réduire les pertes prolongées dans de nombreuses entreprises publiques. Il doit y avoir plus de prévisibilité, de transparence et de responsabilité – avec des audits complets des principales institutions, y compris la banque centrale.

«Enfin , un filet de sécurité sociale élargi doit être en place pour protéger les personnes les plus vulnérables. Il ne faut pas leur demander de supporter le poids de cette crise.

“L’engagement envers ces réformes débloquera des milliards de dollars au profit du peuple libanais. C’est le moment pour les décideurs politiques du pays d’agir de manière décisive. Nous sommes prêts à aider.”