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Revue de presse du 7/10/25: négociations autour de Gaza et tensions régionales

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Les journaux du 7 octobre 2025 ont consacré une large part de leur couverture aux efforts diplomatiques en cours pour parvenir à un accord sur Gaza, à l’ombre d’un climat régional tendu et d’une pression politique accrue sur les protagonistes principaux, notamment les États-Unis, Israël et les factions palestiniennes.

Reprise des négociations à Charm el-Cheikh sous tension

Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas ont repris au Caire avec la médiation de l’Égypte et du Qatar, sur fond d’une initiative baptisée « la phase initiale » de la feuille de route américaine visant à établir une trêve durable. Selon Al Sharq Al Awsat (07.10.2025), le président américain Donald Trump souhaite obtenir un accord rapide afin d’annoncer un succès diplomatique majeur avant l’attribution du prix Nobel de la paix attendue en fin de semaine. Cette pression temporelle introduit une dynamique particulière à ces pourparlers, déjà complexes.

Le quotidien souligne que les discussions portent principalement sur les conditions d’un échange de prisonniers, avec des divergences profondes sur les listes de personnes à libérer, les modalités de la trêve, ainsi que sur le rôle de surveillance post-accord. Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025) indique que le Hamas s’est dit prêt à une « trêve longue » sans pour autant accepter un désarmement, ce qui reste un point d’achoppement majeur du côté israélien.

Absence remarquée et hésitations stratégiques

Un élément marquant relevé dans Al Joumhouriyat (07.10.2025) est l’absence du ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, initialement prévu pour diriger la délégation israélienne. Sa non-participation soulève des interrogations sur le niveau réel d’engagement du gouvernement Netanyahu dans ce processus. En revanche, le conseiller à la sécurité nationale Ofer Falk et le coordinateur des affaires des otages Gal Hirsch ont bien été dépêchés sur place.

De son côté, le Hamas a envoyé une délégation conduite par Khalil al-Hayya, déjà présent au Caire depuis la veille. Les premières sessions n’ont pas permis de dégager de consensus, notamment en raison de ce que Al 3arabi Al Jadidqualifie de « nombreuses divergences » et d’un climat de défiance généralisée. Le quotidien révèle également que le Hamas a fait part à l’Égypte de son inquiétude quant au degré d’engagement réel du Premier ministre israélien à appliquer l’accord en cas de signature.

Israël poursuit ses opérations militaires

Pendant que les négociations se tiennent, les frappes israéliennes se poursuivent à Gaza. Ad Diyar (07.10.2025) et Al Binaa (07.10.2025) rapportent que des bombardements intensifs ont eu lieu dans le sud de la bande de Gaza, notamment à Khan Younès, où plusieurs habitations ont été touchées, faisant de nouvelles victimes civiles.

Cette simultanéité entre diplomatie et opérations militaires alimente les accusations de duplicité israélienne. Le Al 3arabi Al Jadid souligne que le Hamas craint un retour immédiat aux hostilités une fois la première phase de l’accord mise en œuvre. La mise en scène d’un processus de paix pourrait ainsi, selon des sources palestiniennes citées dans le journal, masquer une volonté de gagner du temps ou d’obtenir des concessions unilatérales.

Une stratégie de communication présidentielle américaine

Donald Trump apparaît comme un acteur central du moment. Al Sharq Al Awsat précise que le président américain a directement lié le succès de l’accord avec ses chances de remporter le prix Nobel de la paix. Plusieurs médias, dont Al Liwa’ (07.10.2025), rappellent que Trump a multiplié les déclarations publiques soulignant que ce serait une « victoire de la paix sur le chaos », renforçant ainsi le caractère politique de l’entreprise. Le timing est particulièrement serré, avec une échéance imposée de 72 heures pour une avancée significative, selon Al Binaa.

Des enjeux régionaux imbriqués

Au-delà de Gaza, ces négociations s’insèrent dans un contexte régional complexe. Al Binaa et Al Quds (07.10.2025) mettent en avant l’activisme diplomatique iranien qui soutient le processus, dans une tentative apparente de repositionner Téhéran comme acteur stabilisateur. Le soutien explicite de l’Iran au Hamas, sans exiger de conditions nouvelles, marque une rupture avec des positions plus conflictuelles exprimées par le passé.

Par ailleurs, Al Quds note l’absence relative de la Turquie dans ces discussions, un fait jugé significatif au regard de son implication passée. Cette marginalisation serait due, selon les observateurs cités, à un réalignement stratégique entre Washington, Tel-Aviv, le Caire et Doha, reléguant Ankara à un rôle secondaire.

Deux ans après « le 7 octobre » : bilan humain et politique

Les journaux profitent également de cette date anniversaire pour dresser le bilan de deux années de guerre. Al Qudsrapporte que depuis l’opération dite « Déluge d’Al-Aqsa » lancée en 2023, plus de 76 000 Palestiniens ont été tués ou portés disparus selon les autorités locales à Gaza. Ce chiffre, bien que sujet à contestation, est considéré par les analystes comme reflétant une catastrophe humanitaire majeure.

Le Al Sharq Al Awsat consacre une double page à cette « guerre sans fin », soulignant l’effondrement de la quasi-totalité des infrastructures civiles à Gaza, de la santé à l’éducation, et les conséquences psychologiques de longue durée sur la population. Al Binaa évoque également la détention d’activistes pro-palestiniens du « Flottille de la Résistance » par Israël, dont la militante Greta Thunberg, soulignant la militarisation croissante des frontières maritimes.

Médiatisation et narration concurrente du conflit

La gestion médiatique de la crise est un autre axe développé dans plusieurs titres. Al 3arabi Al Jadid parle d’un « 11 septembre israélien » pour désigner l’impact psychologique durable du 7 octobre 2023 sur la société israélienne. Cette formule, employée aussi par certains responsables israéliens, serait utilisée comme levier pour justifier des actions militaires prolongées sous couvert de légitime défense.

À l’inverse, du côté palestinien, le discours est celui d’un génocide ou d’une tentative d’épuration, selon les termes utilisés par les figures de la résistance. La polarisation du récit empêche, selon Al Quds, toute zone de compromis viable dans les négociations.

Conditions de mise en œuvre d’un accord

Un point crucial évoqué dans Ad Diyar est le manque de clarté sur les mécanismes de vérification et d’implémentation de l’accord. L’expérience des accords précédents, vite avortés, alimente la prudence des négociateurs. Le rôle de l’ONU et d’autres observateurs internationaux reste flou. Aucun déploiement formel n’a été annoncé, et les garanties exigées par le Hamas pour un arrêt durable des bombardements restent sans réponse.

Le document de Al Akhbar (07.10.2025) évoque également les tensions internes à l’État hébreu, notamment les critiques envers le Premier ministre Benjamin Netanyahu, accusé par l’opposition de prolonger la guerre à des fins de survie politique. Cette fragilité interne pourrait affaiblir l’adhésion israélienne aux termes de l’accord même en cas de signature.

Politique locale : gouvernance sous tension et controverses sécuritaires

Les journaux libanais datés du 7 octobre 2025 révèlent une scène politique traversée par des tensions multiples. Entre débats sur le contrôle des armes, controverses autour de la liberté associative, et critiques implicites au sein même de l’exécutif, l’actualité politique libanaise reflète une gouvernance fragmentée et sous pression.

Un Conseil des ministres sous tension autour du dossier « Ressalat »

La question de l’association Ressalat, considérée proche du Hezbollah, a dominé les débats du Conseil des ministres. Selon Al Joumhouriyat (07.10.2025), la séance présidée par le président de la République Joseph Aoun, en présence du Premier ministre Nawaf Salam, a acté la suspension temporaire du « ilm wal khabar » accordé à l’association, en attendant les résultats des enquêtes administratives et judiciaires en cours.

Le quotidien indique que cette décision s’inscrit dans une volonté d’éviter une escalade politique. Al Akhbar (07.10.2025) évoque la recherche d’un compromis entre la nécessité de maintenir l’ordre public et le souci de ne pas heurter directement les équilibres politiques, en particulier avec le Hezbollah. L’article mentionne que la décision permet de « préserver la face du gouvernement » sans pour autant « casser le vase » des relations avec les partis représentés.

Ad Diyar (07.10.2025) précise que ce compromis a été impulsé directement par Joseph Aoun, dans une démarche de désescalade. Selon ce journal, l’exécutif s’efforce de maintenir une cohésion institutionnelle fragile face à des controverses internes persistantes depuis l’affaire dite de « Sakhret el Rouche ».

L’armée au centre de l’équation sécuritaire

La même séance du Conseil des ministres a été marquée par la présentation d’un rapport complet sur le retrait des armes illégales dans le Sud du pays. Al Joumhouriyat rapporte que le commandant en chef de l’armée, le général Rodolphe Heikal, a présenté ce rapport qualifié d’ »excellent » par plusieurs ministres. Le texte détaille les efforts de coopération avec les habitants, les opérations de sécurisation en cours et la coordination étroite avec la FINUL.

Toutefois, le rapport met en lumière des obstacles significatifs, notamment les violations israéliennes récurrentes. Ad Diyar signale que l’armée considère l’occupation de certaines zones et les agressions continues comme le principal frein à l’application totale de la résolution 1701.

La question des armes au nord du Litani, et dans les camps palestiniens, a également été évoquée. Le général Heikal a précisé que certaines factions avaient déjà procédé à des remises d’armes partielles, mais que la situation restait sous surveillance. Il a également insisté sur le rôle de l’armée dans la sécurisation des entrées des camps et la prévention de la circulation d’armes en dehors de ces périmètres.

Ressalat : entre liberté d’association et enjeux politiques

L’affaire Ressalat a cristallisé les tensions entre liberté associative et soupçons d’instrumentalisation politique. Al Joumhouriyat relate les propos de plusieurs ministres insistant sur l’importance de la liberté des associations, mais aussi sur la nécessité d’assurer le respect des lois et de l’ordre public. Le ministère de l’Intérieur a motivé sa demande de suspension par la tenue d’un événement sans autorisation explicite, dans une zone sensible du front maritime à Beyrouth.

Al Akhbar publie également une réponse de l’association concernée, qui affirme ne pas avoir cherché la provocation. Elle précise que ses activités récentes, incluant des courts-métrages liés aux événements de Gaza, s’inscrivent dans une démarche culturelle et mémorielle.

Cette polémique révèle, selon plusieurs analystes cités par Ad Diyar, une lutte souterraine entre l’autorité de l’État et les marges d’autonomie que s’arrogent certains acteurs politiques ou communautaires. La question sous-jacente reste celle de la souveraineté de l’État sur l’ensemble de son territoire.

Discours politiques implicites : silence et calculs

Le silence des grandes figures politiques sur les événements récents est perçu comme un signal fort. Al Binaa (07.10.2025) observe que ni les chefs de parti, ni les principales autorités spirituelles n’ont pris la parole publiquement, laissant au gouvernement la tâche de gérer seul cette crise.

Cette retenue est interprétée comme un choix stratégique. Le climat politique reste fragile, et toute déclaration tranchée risquerait de raviver les tensions communautaires. Dans ce contexte, le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam cherchent à imposer une gestion pragmatique, sans surenchère ni confrontation frontale.

Al Akhbar souligne toutefois que ce silence ne doit pas être confondu avec de la neutralité. En coulisses, plusieurs forces exercent une pression sur l’exécutif, soit pour durcir le ton vis-à-vis des associations suspectées de liens partisans, soit au contraire pour limiter les marges d’intervention étatiques.

La rue en attente, la société civile silencieuse

Sur le terrain, aucune mobilisation notable n’a été enregistrée en réaction à l’affaire Ressalat ou au débat sur le désarmement. Al Binaa évoque une forme de lassitude généralisée dans la population, qui ne réagit plus qu’aux enjeux immédiats, notamment socio-économiques.

Le même journal rapporte que plusieurs ONG, historiquement actives dans la défense des libertés publiques, ont adopté une posture d’observation prudente. Certaines, sollicitées pour commenter la suspension du ilm wal khabar, ont refusé de s’exprimer publiquement.

Climat institutionnel : fragilité et coordination minimale

L’un des constats transversaux issus des différentes couvertures médiatiques est celui d’un État en mode gestion de crise permanente. Al Joumhouriyat note que la coordination entre les institutions reste fonctionnelle, mais très dépendante des équilibres politiques fluctuants.

L’article mentionne que le Conseil des ministres parvient à prendre des décisions par consensus minimal, souvent dicté par la nécessité d’éviter le blocage complet plutôt que par un véritable alignement stratégique. Cette gouvernance de court terme rend les réformes profondes difficiles, voire impossibles.

Dissensions internes et critiques implicites

En arrière-plan, les divisions politiques restent vives. Ad Diyar souligne que le compromis autour de Ressalat a été obtenu au prix d’une pression bilatérale entre la présidence et le Hezbollah, chacun cherchant à éviter une confrontation directe. Cette dynamique est emblématique du fonctionnement actuel du pouvoir exécutif : chaque décision est le fruit d’un équilibrisme permanent entre les lignes rouges communautaires.

Al Akhbar évoque également une tension croissante entre les ministres techniques et les représentants des blocs politiques, notamment autour des dossiers économiques. Cette situation alimente un climat d’inefficacité chronique, où les choix sont souvent reportés ou dilués.

Citation et discours des personnalités politiques : entre calculs stratégiques et silences éloquents

La couverture médiatique du 7 octobre 2025 illustre une particularité bien ancrée dans la pratique politique libanaise : l’art du discours mesuré, souvent elliptique, parfois volontairement silencieux. Dans un climat institutionnel où chaque mot peut être interprété comme un positionnement communautaire ou partisan, les personnalités politiques choisissent soigneusement leurs interventions. Entre prises de parole étudiées, non-dits calculés, et messages indirects, les acteurs majeurs du champ politique libanais naviguent entre affirmation d’autorité et gestion du risque.

Joseph Aoun et Nawaf Salam : une parole institutionnelle verrouillée

Le président de la République Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam apparaissent comme les deux pôles de référence dans la communication gouvernementale actuelle. Lors du Conseil des ministres évoqué par plusieurs quotidiens, notamment Al Joumhouriyat (07.10.2025) et Ad Diyar (07.10.2025), aucun des deux responsables n’a formulé de déclaration publique immédiate à l’issue de la réunion. Ce silence apparent est analysé comme une stratégie délibérée visant à contenir les tensions, notamment autour du dossier de l’association Ressalat.

Al Akhbar (07.10.2025) signale que le chef du gouvernement aurait proposé en réunion un langage de compromis à propos de la suspension du ilm wal khabar de l’association, insistant sur le respect des formes légales tout en rappelant l’attachement du gouvernement aux libertés garanties par la Constitution. Cette intervention, bien que rapportée indirectement, est la seule trace verbale attribuée à Nawaf Salam dans ce contexte. Elle illustre son positionnement constant : légaliste, modéré, et soucieux de maintenir l’équilibre.

Joseph Aoun, selon Ad Diyar, aurait joué un rôle clé dans l’élaboration d’un compromis entre les ministres, mais n’a pas pris la parole publiquement. Son attitude est interprétée comme une volonté d’apparaître au-dessus de la mêlée partisane, fidèle à son rôle de garant des institutions. Cette réserve présidentielle participe à renforcer son image d’arbitre plutôt que d’intervenant actif sur la scène conflictuelle.

L’armée comme voix technique, non politique

Le général Rodolphe Heikal, commandant en chef de l’armée libanaise, est l’un des rares responsables à s’exprimer de manière substantielle, bien que dans un cadre institutionnel fermé. Son rapport sur le contrôle des armes au Sud, salué comme « excellent » selon Al Joumhouriyat, ne s’accompagne cependant d’aucune déclaration directe dans la presse. Ce choix témoigne d’une tradition bien ancrée : celle de l’institution militaire s’exprimant par les faits et les comptes rendus, et non par des positions orales.

Le rapport de Rodolphe Heikal, tel que décrit dans les sources, inclut des observations précises sur la coordination avec les habitants, les opérations sur le terrain, et les obstacles représentés par les violations israéliennes. Mais aucun verbatim n’est publié. Cette absence de citations directes illustre une stratégie de communication sobre, centrée sur la technicité et la neutralité.

Le ministre de l’Intérieur et l’affaire Ressalat : un équilibre rhétorique

Le ministre de l’Intérieur, à l’origine de la demande de suspension administrative de l’association Ressalat, a vu son action relayée par la presse sans qu’aucune déclaration directe ne soit mentionnée. Al Sharq Al Awsat (07.10.2025) indique que cette initiative aurait été précédée de discussions avec plusieurs acteurs politiques, mais aucun extrait de discours n’est publié.

Cette prudence oratoire renforce l’impression d’un traitement administratif du dossier, évitant tout glissement vers une dimension politique ou confessionnelle. Dans un contexte où toute prise de position trop explicite sur une association perçue comme liée à un acteur majeur de la scène libanaise pourrait provoquer une crise gouvernementale, le silence est devenu un outil de gouvernance.

Les partis traditionnels dans l’ombre médiatique

Aucune des figures de proue des principaux partis politiques ne s’est exprimée publiquement le 7 octobre 2025, selon la revue de presse analysée. Ni les chefs des Forces libanaises, du Courant patriotique libre, du Hezbollah, ni ceux du Parti socialiste progressiste ou du Mouvement Amal n’ont publié de déclarations ni été cités par les médias du jour.

Ce retrait collectif est notable. Il intervient à un moment où plusieurs controverses alimentent les tensions internes : désarmement partiel au Sud, suspension administrative d’une association, pressions économiques croissantes. Le silence partagé semble répondre à une logique de précaution : éviter l’emballement médiatique, préserver les équilibres communautaires, et ne pas exposer les dirigeants à des critiques ou à des surinterprétations.

L’opposition parlementaire : critiques voilées

Quelques rares expressions indirectes émanent toutefois de figures issues de l’opposition parlementaire. Al Binaa (07.10.2025) rapporte que des députés auraient exprimé en privé leur inquiétude face à « la dilution des responsabilités gouvernementales » dans la gestion de dossiers sensibles. Ces propos, rapportés sans attribution nominative, visent notamment le flou autour du traitement de l’affaire Ressalat, perçue comme un indicateur de la difficulté du gouvernement à exercer pleinement son autorité.

L’usage d’anonymat ou de citations non identifiées témoigne d’un climat politique où la prudence est de mise. Ces critiques voilées s’inscrivent dans une tradition rhétorique libanaise : formuler les attaques sans les assumer directement, pour préserver les alliances potentielles ou éviter l’escalade.

La voix des associations : le cas de Ressalat

Face à l’inaction verbale des responsables politiques, c’est l’association elle-même qui prend la parole. Al Joumhouriyat cite un communiqué publié avant la réunion du Conseil des ministres, dans lequel Ressalat affirme que « son activité est culturelle et artistique », ajoutant qu’elle n’a « pas l’intention de provoquer qui que ce soit ». Elle précise également qu’elle prévoit d’annoncer prochainement plusieurs courts-métrages sur les événements récents à Gaza.

Cette déclaration publique contraste fortement avec le mutisme gouvernemental. Elle cherche à repositionner l’association comme acteur culturel, non politique, et insiste sur sa légitimité juridique. Ce positionnement s’accompagne d’un appel à la « protection de la liberté d’expression garantie par la Constitution », mentionné aussi dans Al Akhbar. En filigrane, la prise de parole de l’association cherche à inverser la dynamique de la controverse, en plaçant le débat sur le terrain des libertés publiques.

La communication politique par l’inaction verbale

Plusieurs titres, dont Ad Diyar, soulignent que le silence de certains ministres a été perçu comme un message en soi. Dans un système politique où l’absence de déclaration vaut parfois plus qu’une prise de position frontale, cette stratégie permet aux responsables de rester dans l’ambiguïté, de ne pas s’aliéner des partenaires, et de maintenir une flexibilité stratégique.

Al Akhbar analyse ce phénomène comme une « communication politique négative », où la gestion du langage passe par le contrôle du silence, l’évitement des interviews, et la limitation des communiqués. Dans ce contexte, les rares paroles publiées prennent une valeur accrue, devenant les vecteurs principaux d’une narration officielle extrêmement calibrée.

Effets politiques d’un silence généralisé

Ce refus collectif de s’exprimer publiquement sur des dossiers aussi sensibles que le désarmement ou la liberté associative a des effets politiques tangibles. Al Joumhouriyat met en avant le risque de « désengagement de l’opinion publique », renforcé par l’impression que les grandes décisions se prennent en dehors du débat démocratique. Ce constat est partagé par plusieurs analystes, qui pointent un déficit de transparence et une déconnexion croissante entre gouvernants et gouvernés.

Par ailleurs, cette dynamique affaiblit les mécanismes classiques de reddition des comptes. Sans déclaration officielle, il n’y a ni promesse à vérifier, ni position à confronter. Ce vide favorise les interprétations multiples, les rumeurs, et l’alimentation de discours parallèles souvent diffusés sur les réseaux sociaux.

Diplomatie : pressions internationales et repositionnements régionaux

La presse libanaise du 7 octobre 2025 met en lumière une activité diplomatique régionale et internationale dense, dominée par les efforts de médiation liés au conflit à Gaza, mais aussi par une recomposition plus large des équilibres diplomatiques au Moyen-Orient. Le Liban, bien que non impliqué directement dans les négociations de cessez-le-feu en cours, reste au centre des attentions par sa position stratégique et la porosité de ses frontières sud.

L’Égypte et le Qatar en courtiers diplomatiques

Les négociations entre Israël et le Hamas ont été relancées au Caire, avec une médiation conjointe de l’Égypte et du Qatar, deux États dont le rôle de facilitateur est salué dans la majorité des titres. Al Sharq Al Awsat (07.10.2025) insiste sur le caractère structurant de l’initiative conjointe, qui repose sur une feuille de route définie par les États-Unis mais dont l’exécution dépend entièrement de la capacité des médiateurs régionaux à maintenir le dialogue entre les deux camps.

Selon Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025), l’Égypte aurait proposé un cadre en trois phases incluant la libération progressive d’otages, un cessez-le-feu partiel, et l’engagement d’une reconstruction humanitaire supervisée par des organismes internationaux. Le Qatar, quant à lui, assure la liaison directe avec les représentants politiques du Hamas, en contact permanent avec la délégation installée au Caire depuis plusieurs jours.

Al Joumhouriyat (07.10.2025) mentionne que ces deux pays coordonnent leurs efforts au plus haut niveau, notamment avec Washington. L’Égypte aurait reçu des garanties de la part de l’administration américaine sur le soutien logistique à la mise en œuvre de l’accord. Cette promesse conditionne l’engagement égyptien à poursuivre ses efforts, malgré l’instabilité persistante à Rafah et dans le Sinaï.

Les États-Unis entre diplomatie d’urgence et stratégie de prestige

Le rôle de Washington dans les négociations est largement souligné par Al Sharq Al Awsat et Al Akhbar (07.10.2025). Le président Donald Trump cherche à obtenir un résultat concret à très court terme, avec un objectif de communication symbolique autour de l’attribution du prix Nobel de la paix. Ce calendrier impose une forte pression sur les diplomates américains, qui intensifient leurs contacts avec Tel Aviv, Doha et Le Caire.

Selon Al Akhbar, le secrétaire d’État américain aurait envoyé un message écrit à la délégation israélienne, insistant sur la responsabilité historique d’Israël dans l’aboutissement du processus. Le même journal rapporte que Washington envisage, en cas de succès, une annonce publique conjointe avec les parties arabes modérées, dans une mise en scène diplomatique orchestrée depuis le département d’État.

Al Binaa (07.10.2025) souligne cependant les limites de l’influence américaine. Malgré son poids logistique et diplomatique, Washington reste dépendant de la bonne volonté des parties régionales. Les négociations ont été ralenties par des désaccords sur les modalités d’application des premières étapes, en particulier sur le rôle de supervision internationale.

L’Iran renforce son image de médiateur indirect

L’implication iranienne dans le processus diplomatique se fait de manière indirecte mais constante. Al Quds (07.10.2025) évoque une série de contacts entre des représentants iraniens et les responsables du Hamas, ainsi qu’avec le gouvernement égyptien. L’objectif affiché est de soutenir une solution politique sans affaiblir les capacités de résistance de la branche armée du mouvement palestinien.

Al Binaa mentionne également un appel du ministre iranien des Affaires étrangères à une désescalade régionale, tout en accusant Israël de bloquer les initiatives pacifiques. L’Iran cherche ainsi à apparaître comme un acteur responsable, favorable à une stabilité régionale encadrée, tout en conservant sa position idéologique de soutien à la cause palestinienne.

Cette posture permet à Téhéran de s’inscrire dans une diplomatie parallèle, complémentaire à celle des puissances arabes modérées. Elle vise aussi à répondre aux accusations occidentales selon lesquelles l’Iran alimenterait les tensions régionales.

Un rôle marginal pour la Turquie

La Turquie, longtemps active sur la scène diplomatique moyen-orientale, est quasi absente de la phase actuelle des négociations. Al Quds observe que le président turc n’a pas été sollicité comme médiateur principal, contrairement aux précédents cycles de pourparlers. Ce recul s’expliquerait par le refroidissement des relations avec le Hamas d’une part, et par une méfiance croissante de l’administration américaine vis-à-vis d’Ankara d’autre part.

Al Sharq Al Awsat ajoute que la Turquie concentre désormais ses efforts sur le dossier syrien et sur ses relations tendues avec la Grèce, réduisant sa marge de manœuvre dans le conflit israélo-palestinien. En diplomatie régionale, cette redistribution des rôles pourrait marquer un tournant durable dans l’influence d’Ankara.

La Russie discrète, mais présente

Le rôle de la Russie est évoqué par Al Binaa, qui indique que des émissaires russes ont rencontré récemment des représentants du Hamas à Beyrouth. Ces contacts, tenus secrets jusqu’à récemment, visent à évaluer la marge de négociation réelle de la branche politique du mouvement, sans pour autant s’impliquer dans la médiation active. Moscou maintient ainsi un pied dans le dossier, tout en évitant de s’exposer frontalement.

La Russie cherche avant tout à conserver ses canaux de communication ouverts avec tous les acteurs de la région, dans une logique de positionnement géopolitique à long terme. Cette stratégie passe par une diplomatie d’écoute plus que d’intervention, dans un contexte où la guerre en Ukraine reste sa priorité principale.

Le Liban, observateur sous contrainte

Le Liban n’est pas acteur des négociations de Gaza, mais reste concerné par leurs effets potentiels. Plusieurs journaux, dont Al Joumhouriyat et Al Akhbar, soulignent la vigilance de l’armée libanaise face au risque de débordements dans le Sud. La stabilisation du front sud dépendra en grande partie de l’issue des discussions actuelles et de la perception qu’en auront les mouvements armés actifs au Liban.

Ad Diyar indique que les autorités libanaises ont été tenues informées par l’intermédiaire de contacts indirects avec les parties arabes impliquées, notamment l’Égypte. Aucun canal diplomatique officiel ne semble activé, preuve d’une posture d’attente prudente.

La FINUL en alerte diplomatique

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) se tient en alerte, selon les informations rapportées par Al Joumhouriyat. Des réunions de coordination ont été organisées entre les officiers de liaison de la mission onusienne et les représentants de l’armée libanaise pour anticiper tout mouvement de troupes ou escalade imprévue.

Le rôle de la FINUL pourrait être renforcé si un accord est signé à Gaza, notamment en cas de nécessité de supervision élargie dans les zones frontalières. Cependant, pour l’instant, aucun mandat n’a été modifié ou élargi. La FINUL demeure donc une présence d’observation et de dissuasion, dans un climat régional tendu.

Politique internationale : répercussions globales et redéfinition des alliances

La presse libanaise du 7 octobre 2025 analyse les principales dynamiques géopolitiques mondiales à travers le prisme du conflit en cours à Gaza, mais également au regard de tensions persistantes en Ukraine, en Asie, et dans le Golfe. Les journaux abordent ces thématiques sous l’angle des équilibres de puissance, des recompositions diplomatiques et des nouvelles stratégies de confrontation indirecte.

La position de l’Union européenne entre solidarité et prudence

Plusieurs journaux libanais, dont Al Quds (07.10.2025) et Al Sharq Al Awsat (07.10.2025), soulignent l’ambiguïté de la posture européenne face à la situation à Gaza. Si l’Union européenne continue officiellement de soutenir le droit d’Israël à se défendre, les critiques internes sur la disproportion de la riposte militaire israélienne se multiplient. La Commission européenne appelle à un cessez-le-feu immédiat, tandis que certains États membres, comme l’Espagne ou l’Irlande, demandent des enquêtes sur les violations du droit humanitaire.

Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025) mentionne une réunion urgente du Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne, au cours de laquelle plusieurs ministres auraient demandé la suspension de certains accords de coopération militaire avec Tel Aviv. Cette proposition, encore minoritaire, révèle cependant un clivage croissant entre les États membres les plus alignés sur les positions américaines et ceux qui plaident pour une ligne plus indépendante et critique.

Les Nations unies confrontées à une impasse diplomatique

Al Joumhouriyat (07.10.2025) indique que le Conseil de sécurité des Nations unies n’a pas réussi à adopter une résolution commune sur Gaza, en raison du veto américain. La Chine et la Russie auraient soutenu une proposition de cessez-le-feu immédiat assorti d’un déploiement d’observateurs internationaux, mais cette initiative a été bloquée par les États-Unis. Ce blocage accentue le sentiment d’impuissance de l’institution face aux conflits contemporains.

Selon Al Akhbar (07.10.2025), le secrétaire général de l’ONU aurait tenté une médiation parallèle, en envoyant un envoyé spécial au Caire pour rencontrer les parties concernées. Toutefois, cette initiative reste marginalisée par les mécanismes diplomatiques bilatéraux plus puissants. Le manque d’unité au sein du Conseil de sécurité réduit considérablement la portée des mécanismes multilatéraux traditionnels.

L’évolution de la position chinoise : entre initiative diplomatique et critique stratégique

La presse libanaise met en évidence une montée en puissance diplomatique de Pékin. Al Quds (07.10.2025) analyse la proposition chinoise de convoquer une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient comme une tentative d’installer la Chine comme acteur incontournable dans la région. Cette initiative, bien qu’accueillie froidement par les chancelleries occidentales, est saluée par plusieurs pays arabes et africains.

Al Binaa (07.10.2025) indique que la Chine utilise son rôle économique croissant au Moyen-Orient, notamment à travers les routes de la soie, pour peser diplomatiquement. En parallèle, Pékin critique ouvertement le double standard occidental dans la gestion des conflits, comparant le soutien apporté à Israël avec les appels à la retenue dans d’autres théâtres.

Cette rhétorique trouve un écho auprès de plusieurs États du Sud global, qui y voient une alternative au monopole normatif exercé par les puissances occidentales. La Chine capitalise également sur son image d’acteur non colonial et non interventionniste pour gagner en légitimité diplomatique.

Le redéploiement russe face à la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine continue de structurer une partie des relations internationales. Al Sharq Al Awsat (07.10.2025) signale que la Russie maintient une pression militaire sur le front Est, tout en renforçant ses alliances avec des pays critiques de l’OTAN. Dans ce contexte, Moscou intensifie ses relations avec Téhéran, Damas et Pékin, mais aussi avec certains pays d’Amérique latine.

Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025) rapporte que le Kremlin a récemment ouvert un nouveau dialogue stratégique avec l’Algérie et le Venezuela, dans le but affiché de construire un front de contestation de l’ordre international mené par l’Occident. Cette stratégie se traduit également par une offensive informationnelle plus marquée sur les plateformes médiatiques internationales.

En parallèle, la Russie reste discrètement active au Proche-Orient. Al Binaa (07.10.2025) évoque des rencontres non officielles entre des diplomates russes et des représentants de mouvements politiques palestiniens, avec pour objectif de peser indirectement sur les négociations en cours au Caire. Moscou se positionne comme un contrepoids à l’influence américaine, sans s’engager frontalement.

Les États-Unis et leur repositionnement stratégique global

Al Joumhouriyat (07.10.2025) décrit un redéploiement diplomatique des États-Unis, qui cherchent à rationaliser leur engagement dans plusieurs régions à la fois. Le président Donald Trump, tout en mettant l’accent sur une résolution rapide du conflit israélo-palestinien, maintient une pression sur l’Iran via des sanctions économiques renforcées et un renforcement naval dans le Golfe.

Al Akhbar (07.10.2025) souligne également la montée des tensions entre Washington et Pékin autour de Taïwan, avec l’envoi de navires américains dans le détroit de Taïwan quelques jours avant. Cette politique de fermeté tous azimuts s’inscrit dans une volonté de démonstration de puissance à l’approche des échéances électorales de mi-mandat.

Toutefois, plusieurs journaux, notamment Al Sharq Al Awsat, relèvent une fatigue croissante des appareils diplomatiques américains, contraints de gérer plusieurs fronts simultanés. Cette dispersion stratégique pourrait ouvrir des brèches diplomatiques exploitées par des puissances régionales.

Les dynamiques régionales dans le Golfe et au Maghreb

Les pays du Golfe réagissent de manière différenciée au conflit en cours. Al Akhbar (07.10.2025) indique que l’Arabie saoudite adopte une posture attentiste, soucieuse de préserver ses avancées diplomatiques avec Israël sans apparaître indifférente à la cause palestinienne. Le royaume aurait suspendu temporairement certaines réunions bilatérales, sans remettre en cause les accords existants.

Le Qatar, en revanche, s’affiche comme médiateur actif, mobilisant ses relais diplomatiques et médiatiques pour peser dans les négociations. Les Émirats arabes unis restent silencieux sur le plan officiel, tout en poursuivant leur coopération sécuritaire avec Israël.

Dans le Maghreb, Al Quds (07.10.2025) mentionne la tenue de plusieurs manifestations de soutien à Gaza en Algérie, au Maroc et en Tunisie. Ces mobilisations, bien que marginales, sont récupérées par les gouvernements pour réaffirmer leur position diplomatique sur le dossier palestinien, sans rompre pour autant avec leurs partenaires occidentaux.

Les pays d’Amérique latine en quête d’affirmation diplomatique

Al Binaa (07.10.2025) consacre un article à l’émergence de nouveaux axes diplomatiques en Amérique latine. Le Brésil, dirigé par un gouvernement de gauche modérée, critique l’immobilisme du Conseil de sécurité et appelle à la reconnaissance immédiate de l’État palestinien. L’Argentine et la Colombie appuient cette position, tandis que le Mexique reste plus prudent.

Ces prises de position renforcent la volonté des pays latino-américains de jouer un rôle plus actif sur la scène internationale, notamment dans les enceintes multilatérales. Ils cherchent à incarner une troisième voie entre les blocs dominants, en s’appuyant sur des principes de non-ingérence et de justice internationale.

L’Afrique entre alignement et fragmentation diplomatique

L’Afrique apparaît comme un terrain d’expression d’une diversité de positions. Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025) rapporte que l’Union africaine a appelé à une désescalade immédiate à Gaza, tout en évitant de nommer les parties responsables. Certains États, comme l’Afrique du Sud, vont plus loin en condamnant explicitement les opérations militaires israéliennes. D’autres, notamment en Afrique de l’Est, préfèrent conserver une neutralité stricte.

Cette hétérogénéité reflète à la fois des différences historiques dans les relations avec Israël et la Palestine, mais aussi des intérêts économiques divergents, notamment en lien avec les partenariats de développement. La scène africaine reste donc marquée par une absence de ligne commune, au profit d’initiatives diplomatiques bilatérales.

Justice : affaires sensibles, corruption et pressions institutionnelles

La presse libanaise du 7 octobre 2025 consacre une attention soutenue à plusieurs dossiers judiciaires sensibles, mêlant enquêtes de corruption, affaires politiques, et enjeux sécuritaires. Dans un contexte de défiance croissante envers les institutions, les investigations en cours révèlent les tensions entre le pouvoir exécutif, le judiciaire, et les forces politico-militaires. Plusieurs titres mettent en évidence les blocages récurrents dans les procédures, les pressions multiples exercées sur les magistrats, ainsi que la centralité de certaines affaires emblématiques dans le débat public.

Rebondissements dans l’enquête sur les violences du Sud

L’une des principales affaires judiciaires du moment concerne les violences survenues dans le Sud du Liban lors d’opérations de contrôle d’armement menées par l’armée libanaise en coopération avec la FINUL. Selon Al Joumhouriyat (07.10.2025), le parquet militaire a été saisi de plusieurs incidents survenus dans la zone de Kfar Kila, où des affrontements ont opposé des habitants à des patrouilles mixtes. Le journal indique que des plaintes ont été déposées pour usage excessif de la force, tandis que des soldats ont signalé des tentatives d’entrave à l’action de l’armée.

Al Akhbar (07.10.2025) précise que le juge militaire chargé du dossier aurait été convoqué par le ministère de la Défense afin de discuter du périmètre de son instruction. Cette démarche, inhabituelle, suscite des interrogations sur l’indépendance de la justice militaire. Des ONG locales, citées par Al Binaa (07.10.2025), appellent à garantir la transparence des enquêtes et à permettre aux magistrats de travailler sans interférence politique ou hiérarchique.

Le dossier est d’autant plus sensible qu’il s’inscrit dans un contexte régional tendu, où chaque action sur le terrain est scrutée par les acteurs locaux et internationaux. La justice militaire se retrouve ainsi au centre d’un champ de tensions où les équilibres communautaires et sécuritaires jouent un rôle déterminant.

Affaire Ressalat : procédure administrative et contentieux en gestation

La décision du ministère de l’Intérieur de suspendre le ilm wal khabar de l’association Ressalat suscite une vive controverse juridique et politique. Selon Al Sharq Al Awsat (07.10.2025), plusieurs avocats proches de l’organisation ont déposé un recours auprès du Conseil d’État, contestant la légalité de la mesure. Le recours se fonde sur la violation alléguée des droits fondamentaux garantis par la Constitution, notamment la liberté d’association et d’expression.

Al Joumhouriyat (07.10.2025) rapporte que le Conseil d’État n’a pas encore statué sur la recevabilité du dossier, mais aurait demandé des clarifications au ministère de l’Intérieur sur les motivations précises de la suspension. Cette phase préliminaire laisse entrevoir une bataille juridique de longue haleine, dans laquelle l’interprétation du droit administratif pourrait jouer un rôle central.

Le caractère politique de l’affaire est souligné par plusieurs observateurs. Al Akhbar (07.10.2025) indique que des pressions auraient été exercées sur certains membres du Conseil d’État pour éviter une décision trop rapide. Cette ingérence, si elle est avérée, poserait un problème majeur d’indépendance judiciaire dans un dossier emblématique des tensions entre pouvoir exécutif et libertés civiles.

Lenteur persistante dans le dossier de l’explosion du port de Beyrouth

L’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth en août 2020 continue de piétiner. Al Binaa (07.10.2025) rappelle que le juge d’instruction Tarek Bitar n’a toujours pas pu reprendre ses travaux, en raison de recours multiples déposés par les anciens ministres mis en cause. Le journal précise que la Cour de cassation administrative n’a pas encore tranché sur la légitimité de la désignation du magistrat, prolongeant ainsi le blocage judiciaire.

Al 3arabi Al Jadid (07.10.2025) met en cause les manœuvres dilatoires des avocats des anciens ministres, accusés de chercher à enterrer le dossier. Plusieurs familles de victimes ont organisé un sit-in devant le palais de justice, dénonçant une justice à deux vitesses. Selon Al Quds (07.10.2025), des manifestations similaires sont prévues dans d’autres villes du pays.

Le blocage du dossier du port illustre les difficultés structurelles du système judiciaire libanais, incapable de traiter de manière indépendante des affaires impliquant des personnalités politiques de premier plan. Il souligne également l’absence de volonté politique de faire aboutir l’enquête, malgré les promesses répétées de transparence.

Enquêtes financières et évocations du rôle de la Banque du Liban

Al Joumhouriyat (07.10.2025) publie une note d’analyse sur l’état des enquêtes concernant les transferts financiers suspects effectués depuis 2019, dans le contexte de la crise économique. Le nom de l’ancien gouverneur de la Banque du Liban est de nouveau cité dans des rapports d’experts transmis au parquet financier. Selon ces documents, plusieurs dizaines de millions de dollars auraient été transférés vers des comptes offshore sans justification économique apparente.

Ad Diyar (07.10.2025) indique que le procureur près la cour de cassation aurait demandé une nouvelle expertise sur les mouvements de capitaux opérés via des banques libanaises durant la période 2019-2021. Le rôle de certains responsables de la commission de contrôle des banques est également examiné.

Ces investigations sont toutefois freinées par le manque de coopération de plusieurs institutions bancaires, qui invoquent le secret professionnel. Al Binaa mentionne également les pressions politiques exercées pour limiter l’ampleur des enquêtes. Aucun acte d’accusation formel n’a été émis à ce stade, malgré l’ampleur des sommes en jeu.

Justice ordinaire et infractions économiques : vers un embouteillage judiciaire

Les tribunaux de première instance sont également confrontés à une accumulation croissante de dossiers liés à des infractions économiques. Al Akhbar (07.10.2025) fait état d’un rapport confidentiel du ministère de la Justice sur la saturation des chambres économiques, incapables de traiter dans les délais des affaires de faillites frauduleuses, de chèques impayés, ou de litiges commerciaux.

Le journal souligne que la réforme judiciaire promise dans le cadre du plan de relance économique n’a toujours pas été mise en œuvre. Le manque de personnel, l’absence de digitalisation des procédures, et la rotation rapide des magistrats contribuent à ralentir considérablement le traitement des affaires.

Al 3arabi Al Jadid indique que plusieurs magistrats ont alerté le Conseil supérieur de la magistrature sur les risques de paralysie du système judiciaire. Des propositions de réforme sont en discussion, mais elles se heurtent à l’inertie administrative et aux résistances de certains syndicats professionnels.

Violences domestiques : un contentieux en croissance et peu encadré

Al Quds (07.10.2025) consacre un article aux affaires de violences conjugales, en nette augmentation selon les données du ministère de la Justice. Les tribunaux civils reçoivent chaque semaine plusieurs dizaines de plaintes, mais le suivi judiciaire reste lacunaire. Le manque de formation des magistrats, l’absence de mesures de protection immédiates, et la faiblesse des moyens des unités de police judiciaire spécialisées ralentissent considérablement le traitement de ces dossiers.

Al Sharq Al Awsat (07.10.2025) indique que plusieurs ONG ont saisi le Conseil supérieur de la magistrature pour exiger une meilleure prise en charge des victimes. Certaines juridictions expérimentent des dispositifs d’accueil spécifique, mais leur portée reste limitée à quelques zones urbaines.

Le cadre législatif, bien qu’existant, souffre d’un manque d’application. Les peines prononcées restent faibles, et de nombreuses plaintes sont classées sans suite, faute de preuves ou de suivi psychologique des victimes. Ce contentieux, en forte croissance, demeure l’un des angles morts de la justice libanaise contemporaine.

Magistrature et menaces : un climat de tension persistante

Plusieurs journaux rapportent un climat de défiance entre les juges et le pouvoir exécutif. Al Akhbar (07.10.2025) évoque des menaces à peine voilées adressées à certains magistrats dans des affaires sensibles. Ces pressions, qu’elles soient hiérarchiques ou politiques, visent à influencer l’orientation de certaines instructions, voire à ralentir leur traitement.

Al Binaa (07.10.2025) révèle que deux juges auraient demandé leur mutation pour échapper à des pressions locales. Le Conseil supérieur de la magistrature, saisi de ces plaintes, aurait ouvert une enquête interne, mais n’a pas communiqué officiellement.

La tension entre indépendance judiciaire et pressions politiques reste un thème récurrent dans les médias libanais. Le manque de garanties statutaires pour les magistrats, l’opacité des nominations, et l’absence de protection efficace contre les ingérences fragilisent l’ensemble de l’appareil judiciaire.

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