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Trump tacle l’Europe au portefeuille en scellant un pacte exclusif avec Londres

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Le 8 mai 2025, les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé un accord commercial « historique » portant principalement sur des réductions de droits de douane ciblées. Ce compromis survient dans un contexte post-Brexit où Londres se retrouve isolée hors de l’Union européenne et en position de faiblesse face à Washington. Privé du levier de négociation du marché unique européen, le Royaume-Uni cherchait activement des accords bilatéraux pour compenser la perte de l’accès privilégié à l’UE. Un pacte avec les États-Unis – première puissance économique mondiale – était perçu comme crucial pour la stratégie de « Global Britain ». Cependant, les rapports de force ne lui étaient pas favorables : les États-Unis représentent désormais le premier partenaire commercial du Royaume-Uni, avec 17,7 % du commerce extérieur britannique, ce qui accentue la dépendance de Londres vis-à-vis de Washington.

Côté américain, ce premier accord commercial depuis le retour de Donald Trump au pouvoir s’inscrit dans la relance de sa stratégie de négociations bilatérales musclées. Depuis son premier mandat, Trump a clairement exprimé son rejet des cadres multilatéraux et sa préférence pour des accords bilatéraux, qu’il juge plus favorables aux intérêts américains. Il a cherché à traiter individuellement avec plusieurs États européens (notamment le Royaume-Uni, la Pologne et la Hongrie) pour contourner la Commission européenne, qu’il accuse régulièrement d’entraver les intérêts économiques des États-Unis.

Trump n’a cessé de qualifier l’UE de « pire que la Chine, mais plus petite », accusant Bruxelles de maintenir un excédent commercial artificiel avec les États-Unis, d’imposer des barrières non tarifaires abusives, et de réglementer de manière hostile les grandes entreprises américaines, en particulier les géants du numérique. Il a également dénoncé la bureaucratie bruxelloise comme un « cauchemar protectionniste », affirmant que « l’Europe adore profiter de l’Amérique sans rien donner en retour ».

Ce positionnement conflictuel s’est traduit dès 2017 par l’échec des négociations sur le TTIP (Transatlantic Trade and Investment Partnership), que Trump a sabordées au profit d’ententes bilatérales ciblées. En s’attaquant directement à la structure institutionnelle de l’UE, Trump poursuit une logique assumée de fragmentation du front européen, considérant que des partenaires isolés sont plus enclins à céder aux demandes américaines.

Termes détaillés de l’accord : réductions tarifaires sectorielles

Annoncé comme un « deal » historique et majeur, l’accord du 8 mai 2025 comporte essentiellement des concessions tarifaires réciproques dans quelques secteurs stratégiques. Sans constituer un traité de libre-échange global, il s’apparente à une trêve douanière ciblée. Ses dispositions principales incluent :

  • Automobiles : Les droits de douane américains sur les voitures fabriquées au Royaume-Uni sont abaissés à 10 % (contre 27,5 % auparavant), pour un volume allant jusqu’à 100 000 véhicules exportés par an. Au-delà de ce quota, le tarif de 25 % restera appliqué. Cette concession profite aux constructeurs haut de gamme britanniques, pour lesquels les États-Unis constituent le principal marché hors UE.
  • Sidérurgie et aluminium : Le secteur sidérurgique britannique obtient la suppression totale des droits de douane américains sur l’acier (de 25 % à 0 %). L’aluminium britannique est également concerné. Cette mesure vise à permettre aux aciéries du Royaume-Uni de continuer à exporter vers le marché américain sans pénalité. En contrepartie, Londres s’engage à collaborer avec Washington pour lutter contre les surcapacités mondiales d’acier.
  • Produits agricoles : Le Royaume-Uni consent à ouvrir davantage son marché aux produits agroalimentaires américains, notamment la viande bovine et l’éthanol. Un quota de 13 000 tonnes de bœuf américain par an a été accepté. Londres affirme maintenir ses standards sanitaires et espère en retour un meilleur accès pour ses propres produits agricoles au marché américain.
  • Aéronautique : Les moteurs d’avion Rolls-Royce et d’autres pièces aéronautiques britanniques pourront entrer aux États-Unis sans droits de douane. En parallèle, une commande britannique d’avions Boeing de 10 milliards de dollars a été annoncée, illustrant une intégration croisée des industries aéronautiques.
  • Autres volets : L’accord esquisse une coopération réglementaire visant à simplifier les procédures douanières, renforcer la propriété intellectuelle, favoriser le commerce numérique, et ouvrir davantage les marchés publics des deux côtés. Ces engagements restent à préciser.

Échanges commerciaux États-Unis – Royaume-Uni : état des lieux

Les échanges commerciaux de biens entre les États-Unis et le Royaume-Uni représentaient environ 148 milliards de dollars en 2024. En incluant les services, le chiffre est encore plus élevé. Les États-Unis étaient en 2024 le 4ᵉ marché d’exportation de biens du Royaume-Uni et son 1er partenaire commercial individuel.

Les États-Unis ont exporté pour 79,9 milliards de dollars de biens vers le Royaume-Uni en 2024, contre 68,1 milliards d’importations, soit un excédent américain d’environ 11,9 milliards. Ce solde s’est creusé par rapport aux années précédentes. Le Royaume-Uni a donc un déficit modéré sur les biens, mais un excédent sur les services. Ce profil relativement équilibré a permis d’éviter les sanctions les plus dures de Washington.

Négociations États-Unis – Union européenne : tensions croissantes

Parallèlement, les négociations entre Washington et Bruxelles sont marquées par une intensification des tensions. Depuis le retour de Donald Trump, les frictions commerciales transatlantiques se sont multipliées. L’administration américaine reproche à l’UE des barrières jugées injustes : droits agricoles élevés, normes sanitaires strictes, taxes numériques.

Début 2025, Washington a rétabli des droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium européens. Une menace de 25 % sur les automobiles européennes reste active. Le 2 avril, Trump a imposé une surtaxe générale de 20 % sur presque tous les biens en provenance de pays jugés protectionnistes, dont ceux de l’UE. Cette mesure a provoqué la riposte de Bruxelles : l’UE a préparé une série de contre-mesures sur 21 milliards d’euros de produits américains.

Le 10 avril, Trump a reculé partiellement, annonçant une baisse temporaire de cette surtaxe à 10 % pour 90 jours. Les droits sectoriels sur l’acier, l’aluminium et les automobiles sont, eux, maintenus. L’UE a suspendu provisoirement ses contre-mesures et entamé une consultation sur une liste élargie de produits américains à taxer, représentant 95 milliards d’euros d’échanges potentiels.

Les négociations sont donc en cours, sur fond de trêve précaire jusqu’au 8 juillet. L’UE réclame la levée des surtaxes Trump. Les États-Unis exigent, en retour, des gestes sur l’agriculture, le numérique, les normes et les marchés publics.

Conséquences stratégiques : affaiblissement européen, précédent britannique

L’accord anglo-américain pourrait affaiblir la position de l’UE en montrant que Washington peut obtenir des concessions en traitant avec des partenaires isolés. Londres, hors de l’UE, a accepté une série d’ouvertures douanières sans contreparties structurelles. Ce précédent fragilise le front commun européen et donne à Trump un levier pour accentuer la pression sur Bruxelles.

Sur le marché américain, certains produits britanniques bénéficieront désormais d’un avantage tarifaire par rapport aux biens européens. Cela pourrait entraîner une diversion commerciale, notamment dans l’automobile ou l’aéronautique.

L’accord s’inscrit dans la stratégie bilatérale assumée de l’administration Trump. Il sert de modèle pour encourager d’autres partenaires à signer des accords « réciproques » avec les États-Unis. Ce signal adressé à Bruxelles est explicite : refuser de négocier sur les bases américaines, c’est risquer un traitement moins favorable.

Reste à voir si ce précédent incitera l’UE à se plier aux exigences américaines ou à durcir sa position. La taille de son marché et son excédent vis-à-vis des États-Unis rendent la négociation bien plus complexe qu’avec Londres. Mais le Royaume-Uni, désormais présenté comme un exemple de coopération « pragmatique », pourrait être utilisé par Washington pour isoler davantage Bruxelles.

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Newsdesk Libnanews
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