C’est sur Twitter qu’un animateur de télévision, Nadim Koteich, s’est attaqué à la présence de la Vierge de Fatima à Beyrouth, notamment au sein du Parlement libanais, interrogeant directement la communauté chrétienne, comme on peut le voir sur cette copie d’écran.

Il convient de séparer sa réaction en deux parties :

Il dénonce la présence de la Statue de la Vierge de Fatima à Beyrouth. Elle a le droit d’être où bon lui semble. Que serait alors la prochaine étape de Nadim Koteich? Dénoncer la présence d’églises à Beyrouth? Cela n’est pas sans rappeler les paroles d’un parlementaire libanais, Khaled Daher qui demandait, quand on a enlevé les drapeaux noirs de Daech d’une des places principales à Tripoli – donc d’un espace public – le démontage de la Statue de la Vierge de Harissa ou du Christ Roi de Nahr el-Kaleb, espaces privés où l’État n’a aucun droit.

 Il a poursuivi en s’attaquant à sa présence au Parlement, peut-être ayant réalisé l’erreur commise concernant l’espace public, accessible à toutes et à tous. Oublie-t-il que c’est à la demande même du Président de la Chambre Nabih Berry que la Vierge y a fait son apparition. Certes, peut-être là effectivement la ferveur populaire a eu une part d’exagération via la présence de la Statue dans un lieu où l’autorité de l’État est normalement souveraine. Mais, il convient également d’analyser les choses autrement. L’État libanais n’est pas laïc, il est religieux, par sa Constitution et par les fameux accords de Taëf ayant consacré la religiosité des institutions publiques. Dans un tel cas, la présence de la Vierge ne devrait pas choquer sauf si certains individus y trouvent quelque chose à redire officiellement au nom d’une laïcité mais avec un agenda religieux sous-jacent. Il s’agit là d’une manière hypocrite d’agir alors que les minorités libanaises et notamment chrétiennes, vont prochainement faire face au danger qui s’annonce à nos frontières.

Non pas personnellement que je sois opposé à la laïcisation des institutions politiques libanaises, mais même au contraire favorable à une “déconfessionalisation” de l’État, il y va là de la survie même des minorités religieuses d’Orient. Nul aujourd’hui ne peut assumer seul le pouvoir à moins de dénier les concepts démocratiques de bases, c’est-à-dire l’acceptation des pensées différentes majoritaires ou minoritaires et du débat au lieu du pugilat.
Hors ici, Nadim Koteich a une nouvelle fois démontré le peu de cas qu’il fait de la démocratie à la libanaise et du déni de l’autre. Il aurait convenu de lui rappeler que la communauté chrétienne est une des pierres essentielles aujourd’hui à l’identité libanaise. Dénier cette part, revient à assassiner le Liban et revient simplement à transformer le pays des cèdres à l’image des autres pays arabes sans aucune caractéristique spéciale. 

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