Aujourd’hui, on a assisté à 2 nouvelles sur le plan économique, l’une étant un malheureux record concernant la parité entre livre libanaise et dollar, livre qui continue à s’effondrer face au billet vert, avec une parité de plus de 2 700 LL/USD sur les marchés parallèle et l’autre à la publication d’une nouvelle circulaire par la Banque du Liban, fixant arbitrairement au maximum à 30%, la différence de prix concernant la livre libanaise face au dollar par rapport au taux de change officiel de 1507 LL /USD , soit 1800 LL à 1900 LL – pour les bureaux de changes.

On a l’impression d’être dans un pays communiste avec un contrôle des changes impossible à tenir et l’instauration d’un marché parallèle en est justement la conséquence, comme tous les pays qui sont passés par de telles phases, comme Cuba, les cigares et les mojitos également dans la bouche de nos responsables politiques et économiques. Le Liban n’est donc plus une économie libérale où s’exercent les lois du marché mais une économie régie à coup de décrets arbitraires avec lesquels certains pensent maintenir des illusions jusqu’à la chute dont ils sont, au final, responsables.

Au final, on a plutôt l’impression qu’il ne contrôle plus rien.

Il y a donc une volonté de la part de la Banque du Liban d’imposer un contrôle des changes qui s’avère impossible en réalité à tenir en raison des forces exercées sur les marchés, la simple offre, réduite par les banques et la demande toujours importante des entreprises qui souhaitent continuer à travailler et des gens, qui souhaitent pérenniser leurs capitaux en dépit de la crise et d’une probable dévaluation de la monnaie locale.

S’il s’agissait réellement d’être efficace pour diminuer cette pression sur la livre libanaise, il faudrait plutôt envisager de libérer des sommes conséquentes des réserves monétaires, ce qui évidemment, vu les circonstances est impossible à envisager. Ils ont préféré payer les obligations libanaises sur ces mêmes réserves monétaires en mai et novembre 2019, ils ont préféré l’ingénierie financière qui a couté 24 milliards de dollars à la BDL pour accorder 16 milliards de profits aux banques entre 2016 et 2018, ils ont préféré subventionner les promoteurs immobiliers au lieu de stimuler la demande entre 2013 et 2015 quitte à aggraver la bulle de l’immobilier. On pourrait continuer ainsi la liste des paris ratés des autorités monétaires au cours de la dernière décennie et dont on paye une grande partie le prix aujourd’hui. Cela n’est guère encourageant au niveau résultat.

Evidemment, cela n’est plus possible aujourd’hui au regard des réserves monétaires nettes qui seront épuisées dans le courant de cette année, et qui servent désormais à assurer l’achat des marchandises essentiels à la population libanaise. Il faut bien nourrir et soigner les gens avant de lutter contre l’inéluctable.

Mais le principal facteur a été la fameuse politique du Peg ou encore du maintien d’une parité entre livre libanaise et dollar basé sur de la psychologie et non sur des faits. La crise est venu parce que la livre libanaise a été surévaluée durant des années à des niveaux invraisemblables alors que les taux d’intérêts des bons du trésor ou des obligations internationales étaient élevés. Cette volonté de fixer, garder une parité entre une monnaie afin de financer les déficits publics qui nous coutent en retour de plus en plus chers est un cycle infernal. Il convient plutôt d’y mettre fin définitivement et laisser la livre libanaise s’adapter à son nouvel environnement, jusqu’à ce que les déficits publics aussi puissent être absorbés. Cette circulaire donc, ne va pas dans le bon sens, elle ne sert tout simplement à rien, si ce n’est que de lutter contre les lois de l’économie qui finissent tôt ou tard, après 25 ans même parfois, à s’imposer

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