mercredi, mai 21, 2025

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Voyage au Liban : l’Arabie saoudite prévoit de lever l’interdiction dès l’Aïd al-Adha

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Une décision stratégique attendue le 6 juin

Selon la chaîne de télévision libanaise Al-Jadeed, l’Arabie saoudite se prépare à lever l’interdiction de voyage imposée à ses ressortissants vers le Liban dès le premier jour de l’Aïd al-Adha, qui devrait être célébré le 6 juin 2025. Cette mesure, si elle est confirmée, constituerait un tournant diplomatique et économique majeur, plus de trois ans après la détérioration des relations entre Beyrouth et Riyad.

Cette annonce intervient alors que plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) révisent leur politique à l’égard du Liban, à la suite de la levée officielle de l’interdiction par les Émirats arabes unis ce 7 mai. Deux vols commerciaux en provenance d’Abu Dhabi ont atterri à l’aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth, marquant le début d’une reconnexion touristique avec les monarchies du Golfe.

Une délégation technique saoudienne attendue à Beyrouth

Pour préparer cette reprise, une commission technique spécialisée saoudienne est attendue au Liban dans les semaines à venir, selon la chaîne LBCI. Sa mission consistera à évaluer les mesures sécuritaires mises en place, identifier les obstacles restants à la venue de touristes saoudiens, et définir un cadre logistique pour la levée officielle de l’interdiction.

La délégation doit rencontrer plusieurs responsables politiques et sécuritaires libanais. Le Premier ministre Nawaf Salam a lui-même multiplié les contacts diplomatiques, organisant une série de réunions avec les ambassadeurs du CCG à Beyrouth pour leur présenter les améliorations récentes en matière de sécurité, notamment :

  • Le renforcement de la surveillance à l’aéroport
  • L’activation de patrouilles mixtes sur les routes touristiques
  • La mise en place d’un centre de coordination sécuritaire intergouvernemental

Un contexte sécuritaire redéfini

Ces évolutions interviennent dans un contexte marqué par le retrait du Hezbollah du Sud-Liban, conformément à l’accord de trêve signé en novembre 2024 avec Israël. Ce recul stratégique du Hezbollah, affaibli par les combats de l’automne 2024, a été perçu dans les capitales du Golfe comme un signal d’apaisement et de rééquilibrage du pouvoir à Beyrouth.

Le Liban tente de séparer les affaires de l’État des actions de groupes armés non étatiques, comme l’a souligné le Conseil supérieur de la défense dans ses communiqués récents. Cette posture a réassuré plusieurs partenaires régionaux, qui étaient jusque-là réticents à rétablir des relations bilatérales normales avec Beyrouth.

2021 : un point de rupture diplomatique

Le 29 octobre 2021, l’Arabie saoudite avait décidé de retirer son ambassadeur de Beyrouth et d’interdire à ses citoyens de se rendre au Liban, en réaction à des propos tenus par un ministre libanais critiquant l’intervention saoudienne au Yémen. En signe de solidarité, les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït avaient pris des mesures similaires.

Cette rupture diplomatique s’ajoutait à une décennie de tensions croissantes sur fond de désaccords concernant l’influence du Hezbollah au sein des institutions libanaises et les choix diplomatiques de Beyrouth sur les scènes régionales.

Joseph Aoun : l’architecte discret du rapprochement

Le président libanais Joseph Aoun a joué un rôle clé dans l’amélioration des relations avec Riyad. En mars 2025, il s’est rendu en visite officielle en Arabie saoudite, une première depuis son élection, où il a été reçu par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

Cette visite a permis de relancer les discussions économiques, notamment sur les importations libanaises et la réactivation de plusieurs accords bilatéraux suspendus depuis 2021. À l’issue de cette rencontre, Riyad avait déclaré être prêt à « examiner les obstacles entravant le retour des citoyens saoudiens au Liban ».

Une reprise touristique aux retombées économiques majeures

La perspective d’un retour des touristes saoudiens est accueillie avec enthousiasme dans le secteur touristique libanais. Avant 2019, l’Arabie saoudite représentait près de 18 % des recettes touristiques annuelles, avec des milliers de visiteurs chaque été. Leurs dépenses, largement supérieures à la moyenne, irriguaient directement les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce de luxe et des services.

AnnéeVisiteurs saoudiensEstimation des dépenses (USD)
2018315 000750 millions
202018 00038 millions
202344 00082 millions
202491 000 (estimés)170 millions

Source : Ministère du Tourisme libanais – Estimations révisées 2025

Le ministère du Tourisme prévoit déjà de relancer ses campagnes promotionnelles dans le Golfe, en partenariat avec des chaînes hôtelières internationales et des agences de voyage émiraties et saoudiennes.

Un effet domino attendu dans le CCG

La levée de l’interdiction saoudienne pourrait créer un effet d’entraînement au sein du CCG. Déjà, des sources diplomatiques du Koweït indiquent qu’une réévaluation de la politique consulaire est en cours. Bahreïn, qui maintient un contact diplomatique discret avec le Liban, aurait également entamé des échanges informels pour envisager une reprise partielle des vols vers Beyrouth.

Cette dynamique régionale fait écho à une volonté commune de réduire les tensions post-conflit, en soutenant la stabilité du Liban et en renouant avec un partenaire historique dans les échanges commerciaux, touristiques et culturels.

Réassurance politique et sécuritaire : l’État en première ligne

La stratégie du Liban repose sur une réassurance directe des partenaires du Golfe, via une série d’engagements concrets :

  • Protéger les ressortissants étrangers sur le territoire
  • Prévenir toute utilisation du Liban comme base de lancement d’opérations hostiles
  • Garantir l’absence d’ingérence de groupes armés dans les lieux touristiques

Le Premier ministre Nawaf Salam pilote un comité interministériel chargé de suivre les demandes spécifiques de chaque ambassade du CCG, avec des réponses ciblées sur :

  • Les procédures de sécurité aux frontières
  • La protection des sites fréquentés par les ressortissants du Golfe
  • Les mécanismes de coordination rapide en cas d’incident

Si la levée de l’interdiction est confirmée le 6 juin, elle pourrait marquer le coup d’envoi d’un été touristique stratégique pour le Liban. Le calendrier coïncide avec la saison des congés religieux et scolaires dans les pays du Golfe, offrant un potentiel de hausse immédiate de la fréquentation hôtelière.

Le gouvernement libanais espère également utiliser cette dynamique pour :

  • Relancer le commerce bilatéral avec Riyad
  • Rouvrir des lignes aériennes suspendues depuis 2021
  • Attirer de nouveaux investissements dans l’hôtellerie, l’immobilier et les services
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Newsdesk Libnanews
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