Washington et Tel-Aviv : une alliance pro-israélienne tout de même sous tension

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En mars 2025, l’administration Trump, de retour au pouvoir depuis janvier, maintient un soutien ferme à Israël, un allié stratégique de longue date. Avec une aide militaire annuelle de 3,8 milliards de dollars – augmentée par des fonds supplémentaires pour contrer le Hamas – Washington reste un pilier de la défense israélienne. Pourtant, des désaccords émergent entre la Maison Blanche et Tel-Aviv sur la gestion du conflit palestinien. Alors que Trump et son entourage affichent une posture résolument pro-israélienne, illustrée par son controversé « plan Trump pour Gaza » dévoilé en février 2025, certains hauts responsables américains appellent à des concessions pour éviter un embrasement régional. Ce plan, qui propose une prise de contrôle américaine de Gaza et une relocalisation des Palestiniens vers des pays voisins comme l’Égypte et la Jordanie, reflète l’inclinaison pro-israélienne de Trump, mais heurte des impératifs diplomatiques. Les tensions s’intensifient : Washington craint pour ses relations avec les pays arabes, Israël rejette toute négociation avec le Hamas et accélère la colonisation en Cisjordanie, tandis que l’opinion publique américaine se divise sur l’implication des États-Unis. Cette fracture interne et externe teste les limites d’une alliance historiquement inébranlable.

Trump et son entourage : un parti pris pro-israélien assumé

Donald Trump, lors de sa première administration de 2017 à 2021, avait déjà marqué des points auprès d’Israël avec des décisions audacieuses : la reconnaissance de Jérusalem comme capitale en 2017, le déplacement de l’ambassade américaine à Jérusalem en 2018, et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le Golan en 2019. Ces gestes, salués par Benjamin Netanyahou, ont consolidé une relation déjà étroite, renforcée par un entourage pro-israélien notoire. En 2025, cet héritage persiste. Jared Kushner, gendre de Trump et architecte des Accords d’Abraham de 2020, reste influent dans les cercles républicains, tandis que des conseillers comme David Friedman, ex-ambassadeur à Jérusalem, continuent de prôner un soutien sans faille à Israël. Le 4 février 2025, lors d’une conférence de presse conjointe avec Netanyahou à la Maison Blanche, Trump a dévoilé son « plan pour Gaza » : une prise de contrôle américaine du territoire, une relocalisation des 2,1 millions de Palestiniens vers des pays voisins, et une transformation de Gaza en une « Riviera du Moyen-Orient » pour une population internationale. Ce projet, qualifié de « visionnaire » par Netanyahou, illustre l’alignement de Trump sur les intérêts israéliens, notamment l’élimination du Hamas et une redéfinition radicale du statut de Gaza.

Mais cette posture pro-israélienne ne fait pas l’unanimité au sein de l’administration. En février 2025, des réunions internes au Département d’État ont révélé des inquiétudes parmi des diplomates chevronnés : le plan Trump, en soutenant implicitement une expulsion des Palestiniens, risque de compromettre les relations avec les pays arabes et de radicaliser davantage la région. Le Pentagone, chargé de fournir 1 milliard de dollars en munitions supplémentaires en janvier 2025, partage ces réserves, soulignant que 40 000 soldats américains stationnés au Moyen-Orient pourraient être entraînés dans un conflit élargi si les tensions dégénèrent. Trump, fidèle à son style, balaie ces critiques : le 10 février, sur Fox News, il a insisté que les Palestiniens auraient une « vie meilleure ailleurs » et que Gaza, sous contrôle américain, deviendrait un « joyau économique ». Cette vision, bien que soutenue par sa base républicaine – 60 % approuvent l’aide à Israël selon un sondage de février 2025 – contraste avec les appels à la prudence de certains de ses conseillers, révélant une administration divisée entre idéologie et pragmatisme.

Le plan Trump pour Gaza : une ambition pro-israélienne controversée

Le « plan Trump pour Gaza », annoncé le 4 février 2025, cristallise son parti pris pro-israélien tout en alimentant les tensions avec Washington. Lors de la conférence de presse avec Netanyahou, Trump a proposé que les États-Unis « prennent possession » de Gaza après la fin des combats, relocalisant les Palestiniens vers l’Égypte, la Jordanie et potentiellement d’autres pays arabes. Il a décrit Gaza comme un « site de démolition » nécessitant une reconstruction totale, estimant que les Palestiniens ne devraient pas y retourner mais être installés dans des « communautés sûres et modernes » ailleurs. En échange, Gaza deviendrait une zone sous contrôle américain, transformée en une destination touristique et économique pour « les gens du monde entier ». Ce projet, appuyé par Netanyahou qui y voit une « opportunité de changer l’histoire », s’aligne sur les objectifs israéliens de neutraliser le Hamas et de redéfinir le territoire palestinien, mais il soulève des objections majeures.

En 2025, le plan fait suite à un cessez-le-feu fragile conclu le 19 janvier, négocié par le Qatar, l’Égypte et les États-Unis sous Biden, et repris par Trump. Ce cessez-le-feu, dans sa première phase de 42 jours, a permis la libération de 18 otages israéliens et de 580 prisonniers palestiniens en février, mais la deuxième phase – visant une paix durable et le sort des otages restants – reste en suspens. Trump, le 5 février, a revendiqué ce succès comme une preuve de son influence, mais son plan pour Gaza va plus loin : il envisage une évacuation permanente des 1,5 million de déplacés internes, selon les chiffres de l’ONU en janvier 2025, et une reconstruction sans présence palestinienne. Le 26 février, un clip généré par IA, publié sur Truth Social, a amplifié cette vision : des statues dorées de Trump, des plages luxueuses et Netanyahou dansant, une mise en scène qui a suscité l’indignation des Palestiniens et des critiques internationales pour son apparente légèreté face à une crise humanitaire.

Washington, bien que soutenant militairement Israël – avec 50 chasseurs F-15 promis en mars 2025 pour 18 milliards de dollars – s’inquiète des retombées. Le 5 février, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a nuancé les propos de Trump, précisant que la relocalisation serait « temporaire » et sans déploiement de troupes américaines. Mais Trump, le 10 février, a contredit cette ligne, affirmant que les Palestiniens « n’auraient pas le droit de revenir » car ils auraient « un meilleur logement ailleurs ». Cette contradiction expose une fracture : le plan, perçu comme pro-israélien par son soutien à l’expansion territoriale et à l’élimination du Hamas, heurte les diplomates qui redoutent une rupture avec les pays arabes et un vide sécuritaire à Gaza.

Les pays arabes : une diplomatie américaine en danger

Les relations des États-Unis avec les pays arabes, un pilier stratégique face à l’Iran, sont mises à l’épreuve par la politique israélienne et le plan Trump. En 2025, la Jordanie, qui héberge 2,7 millions de réfugiés palestiniens sur 11 millions d’habitants, a rejeté catégoriquement toute relocalisation supplémentaire. Le roi Abdallah II, lors d’une rencontre avec Trump le 11 février à la Maison Blanche, a accepté d’accueillir 2 000 enfants malades de Gaza pour des soins, une décision humanitaire saluée par Trump comme « magnifique ». Mais Abdallah a réaffirmé la position arabe unifiée contre tout déplacement forcé, une ligne réitérée dans un post sur les réseaux sociaux le même jour. La Jordanie, qui reçoit 2 milliards de dollars d’aide américaine annuelle, craint que le plan Trump n’exacerbe les tensions internes : en 2024, 100 000 personnes ont manifesté à Amman contre l’offensive israélienne à Gaza.

L’Égypte, avec 1,3 milliard d’aide annuelle, partage cette opposition. En février 2025, Le Caire a rouvert le passage de Rafah pour évacuer 34 enfants et 3 adultes blessés de Gaza, mais a fermement rejeté l’idée de Trump d’installer les Palestiniens dans le Sinaï. Le 3 mars, des leaders arabes réunis au Caire ont approuvé un plan alternatif de 53 milliards de dollars pour reconstruire Gaza sans déplacer ses habitants, une réponse directe au projet américain. L’Arabie saoudite, en négociations avec Washington pour normaliser ses relations avec Israël, a conditionné tout accord à un État palestinien viable, une exigence réaffirmée le 5 février 2025 par son ministère des Affaires étrangères. En 2024, Riyad a suspendu ces pourparlers après l’offensive israélienne à Rafah, qui a tué 5 000 personnes en février, signalant son mécontentement face à l’inaction américaine.

Ces réactions arabes embarrassent Washington. En 2025, les États-Unis maintiennent 20 bases dans le Golfe avec 25 000 soldats pour contrer l’Iran, mais cette présence dépend de la coopération arabe. En février, des responsables du Département d’État ont averti que le plan Trump pourrait pousser l’Arabie saoudite à se tourner vers la Chine, qui a doublé ses importations pétrolières de Riyad à 2 millions de barils par jour depuis 2023. Cette crainte diplomatique alimente le désaccord avec Tel-Aviv : là où Trump voit une opportunité pro-israélienne, ses diplomates redoutent une perte d’influence régionale, amplifiant les tensions au sein de l’administration.

Israël : une posture inflexible qui défie Washington

Israël, sous la direction de Netanyahou, adop председ

te une ligne dure qui accentue les frictions avec Washington. En 2025, le refus de négocier avec le Hamas reste absolu. Après l’attaque du 7 octobre 2023, qui a coûté la vie à 1 200 Israéliens et conduit à l’enlèvement de 250 otages, Tel-Aviv a lancé une offensive massive à Gaza, tuant 43 000 Palestiniens entre 2023 et 2024, selon les chiffres palestiniens. Le cessez-le-feu de janvier 2025, prolongé en février, a permis des échanges d’otages et de prisonniers, mais Netanyahou insiste pour maintenir une présence militaire israélienne à Gaza – notamment dans le corridor de Philadelphie – et exclut tout rôle futur pour le Hamas. En mars 2025, des négociations indirectes à Doha, prévues pour la deuxième phase du cessez-le-feu, buttent sur cette intransigeance : Israël exige la destruction totale du Hamas, qui conserve encore 10 000 combattants selon les estimations militaires.

La colonisation en Cisjordanie aggrave cette posture. En 2024, 12 000 nouvelles unités de logement ont été approuvées, portant le nombre de colons à 510 000 en 2025, un record depuis les accords d’Oslo de 1993. En février, une opération à Jénine a tué cinq Palestiniens après l’explosion de trois bus vides, une attaque attribuée à des militants locaux. Ces actions, souvent accompagnées de violences de colons – 1 200 incidents en 2024 contre 400 en 2022 – renforcent le contrôle israélien mais radicalisent les Palestiniens : l’Autorité palestinienne, qui gouverne des enclaves en Cisjordanie, ne recueille que 15 % d’approbation en 2025, contre 30 % en 2020. Netanyahou, soutenu par des ultranationalistes comme Itamar Ben-Gvir, envisage même une annexion partielle, une idée évoquée en janvier 2025, défiant les appels américains à la retenue.

Washington, bien que pro-israélien sous Trump, s’inquiète de ces choix. En février 2025, Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, a averti lors d’une visite à Tel-Aviv que l’expansion des colonies compromettait toute chance de paix. Mais Netanyahou, lors de sa rencontre avec Trump le 2 février, a salué le plan pour Gaza comme une « solution créative » alignée sur les objectifs israéliens de sécurité et d’expansion, ignorant les réserves américaines. Cette inflexibilité, enracinée dans une coalition pro-colonisation, met en lumière le désaccord : là où Washington cherche à éviter un conflit régional, Israël voit dans le soutien de Trump une opportunité d’imposer sa vision sans compromis.

L’opinion publique américaine : une division qui complique Trump

Aux États-Unis, le soutien traditionnel à Israël se fissure en 2025, influençant les tensions avec Tel-Aviv. Un sondage de février montre que 36 % des Américains soutiennent l’aide militaire à Israël, contre 34 % qui s’y opposent, une chute par rapport à 50 % en 2020. Chez les démocrates, le soutien tombe à 25 %, avec 43 % contre, tandis que 60 % des républicains restent favorables, reflétant l’alignement pro-israélien de Trump et de sa base. Cette fracture s’explique par la couverture médiatique de Gaza – 43 000 morts, 1,9 million de déplacés sur 2,1 millions d’habitants entre 2023 et 2024 – et par les images de colonies en Cisjordanie, qui ont suscité des manifestations massives : 50 000 personnes à New York en janvier 2025, contre 5 000 pro-israéliennes.

Les jeunes amplifient cette division. En 2025, 46 % des 18-29 ans rejettent toute aide à Israël ou à Gaza, contre 35 % chez les plus de 65 ans, qui soutiennent une approche équilibrée. Cette tendance, visible lors des primaires démocrates de 2024 où Biden a perdu 15 % de participation dans les zones arabes du Michigan, complique la stratégie de Trump. En février 2025, le maire de Dearborn, Abdullah Hammoud, a refusé de rencontrer des émissaires républicains, dénonçant une politique pro-israélienne financée par les contribuables. Les démocrates progressistes, comme Alexandria Ocasio-Cortez, ont appelé à suspendre l’aide en mars 2025, une position partagée par 76 % de leur base selon un sondage de décembre 2024.

Trump, conscient de cette fracture, maintient son cap pro-israélien pour sa base conservatrice. En janvier 2025, il a gelé une aide humanitaire de 500 millions de dollars à Gaza pour 90 jours, privilégiant les livraisons militaires – 2 000 missiles Patriot en février. Mais cette polarisation interne limite sa marge de manœuvre : 57 % des Américains désapprouvent sa gestion du conflit en mars 2025, un défi pour les midterm elections de 2026 où les républicains détiennent 220 sièges à la Chambre contre 215 en 2024. Ce clivage public accentue le désaccord avec Tel-Aviv, où les ambitions pro-israéliennes de Trump se heurtent à une opinion publique américaine de plus en plus sceptique.

Les risques d’un embrasement régional : un dilemme pour Washington

Le désaccord entre Washington et Tel-Aviv alimente les craintes d’un conflit élargi. En 2025, le Hezbollah, malgré la perte de son chef Hassan Nasrallah en 2024 dans une frappe israélienne, conserve 50 000 roquettes et menace le nord d’Israël : 20 roquettes ont frappé Haïfa en février, tuant 5 civils. L’Iran, qui a lancé 180 missiles sur Israël en octobre 2024, reste une menace, bien qu’affaibli par des frappes sur ses proxies – Hamas à Gaza, Hezbollah au Liban. En janvier 2025, des drones Houthis au Yémen, soutenus par Téhéran, ont ciblé une base américaine en Irak, tuant deux soldats, une attaque coûtant 50 millions de dollars en dommages. Ces incidents poussent Washington à maintenir deux porte-avions en Méditerranée, un effort annuel de 2 milliards de dollars.

La politique israélienne, soutenue par le plan pro-israélien de Trump, risque d’enflammer la région. En 2025, les bombardements à Gaza – 100 000 tonnes d’explosifs depuis 2023 – et la colonisation en Cisjordanie radicalisent les populations arabes : 200 000 Jordaniens ont manifesté en mars, et 50 000 Égyptiens ont tenté de forcer Rafah en février. Un conflit élargi engagerait les 40 000 soldats américains au Moyen-Orient, un scénario coûteux : les opérations anti-Houthis ont coûté 2 milliards de dollars en 2024, contre 500 millions en 2022. Trump, en février 2025, a signé un décret pour une « pression maximale » sur l’Iran, mais ses conseillers craignent que l’intransigeance israélienne ne sabote cette stratégie, exposant les États-Unis à un chaos régional qu’ils veulent éviter.

Une alliance pro-israélienne à l’épreuve

En mars 2025, Washington et Tel-Aviv naviguent dans un désaccord stratégique malgré une alliance pro-israélienne affirmée. Trump, avec son plan pour Gaza et son entourage aligné sur Netanyahou, soutient une vision radicale : éliminer le Hamas, relocaliser les Palestiniens, et transformer le territoire. Mais cette approche heurte des impératifs américains : préserver les relations arabes, éviter un conflit régional, et répondre à une opinion publique divisée. Israël, inflexible sur le Hamas et la colonisation, défie ces appels à la retenue, creusant un fossé avec une administration Trump tiraillée entre son idéologie et la realpolitik. Alors que des négociations à Doha se profilent pour mars 2025, cette tension pourrait redéfinir une alliance historique, entre soutien indéfectible et risques d’isolement.

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