Le coup d’État militaire en Algérie, suite à la victoire du FIS en 1991, a généré une guerre civile particulièrement meurtrière et destructrice, et dont elle n’a pas fini de se relever aujourd’hui encore.

Pire, ce véritable crime contre l’Algérie qu’a représenté ce coup d’État, n’en déplaise à ceux qui l’ont encouragé ou salué, a eu pour conséquence une victoire de l’aspect bigot de l’islamisme et du maillage social majeur de la société algérienne par ce dernier. Vaincu sur le plan militaire et politique, le FIS a en réalité largement remporté la victoire idéologique et sociale. Cela a été la condition de la paix imposée par l’armée et le pouvoir d’État.

De plus, la corruption, cet autre vainqueur posthume de la guerre civile, gangrène aujourd’hui toutes les sphères du pouvoir.

C’est dire que, lorsque l’on s’engage dans un processus qui se proclame représentatif, on le respecte jusqu’au bout, quitte à marquer son opposition par un combat idéologique et politique, par des manifestations, pétitions, débats, débats, grèves…, mais aussi des compromis. On ne peut pas prétendre organiser des élections, pour refuser ensuite d’en respecter le choix des électeurs en organisant un coup d’État ou un sabotage systématique de la stabilité du pays par l’intervention occulte ou déclaré de puissances étrangères.

Cette même faute criminelle a été commise à Gaza, où les pays occidentaux et l’État d’Israël ont poussé à de nouvelles élections élections. Leurs résultats ne les ont pas été favorables, ce qui y a provoqué non un coup d’État mis en échec, mais un sabotage systématique qui a abouti à une radicalisation du Hamas et la transformation de cette enclave en véritable camp de concentration.

Ces deux situations historiques sont à rapprocher si le peuple algérien, mobilisé aujourd’hui pour retrouver sa dignité et l’exercice d’un État au service de ses citoyens, et non d’une oligarchie politico-financière corrompue, en complicité ou non avec des puissances étrangères qui œuvrent d’abord pour leurs intérêts propres.

L’intervention du sinistre et malfaisant  BHL qui vient de s’inviter à ce qu’il espère devenir un futur festin de crocodiles à l’affût dans leur marigot, dès qu’il y a un pays musulman à broyer et détruire, dit tout le danger qui pointe à l’horizon.

Conjurer le chant des sirènes

Ce petit rappel à l’histoire, pas si ancienne et aux conséquences encore vives, est nécessaire pour comprendre les enjeux du renouveau des mobilisations actuelles en cohérence avec les printemps arabes et leurs dramatiques évolutions, à l’exception (provisoire ?) de la Tunisie qui a su oeuvrer dans un esprit de mobilisations, de veille active, de compromis et d’unité au service de l’essentiel. Coup d’État militaire en Égypte, guerre civile en Syrie, occupation militaire de Bahreïn pour écraser le mouvement, destruction profonde de la Libye avec guerre civile à l’appui, pavant la route à la déstabilisation de nombreux pays du Sahel et ouvrant une voie royale aux intégristes djihadistes, occupation du Yémen et guerre civile entraînant la pire catastrophe humanitaire du monde contemporain ont été le lot du printemps arabe avec le coup de boutoir des monarchies du Golfe. Tout cela, avec la complicité actives de pays bien connus pour jouer les donneurs de leçons démocratiques.

C’est en tenant compte de tous ces dangers et de tous ces rapaces à l’affût, que le peuple algérien, de nouveau en éveil et mobilisé, doit se donner les moyens de naviguer pour trouver si possible son chemin, sans se laisser hypnotiser par le chant des sirènes.

Scandre Hachem

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