« Cèdre de France » est une association loi 1901 dont le siège social est en France dans le Languedoc Roussillon.

Suite aux deux explosions à Beyrouth du 4 août dernier, cette association, qui a vu le jour le 12 août 2020, a pour objectif la prise en charge directe des patients blessés libanais qui n’ont plus les moyens, aujourd’hui d’être ou de se faire opérer.

Interviewé par Jinane Milelli, le Président de « Cèdre de France », Docteur Elie Aboud franco-libanais, médecin hospitalier et député de l’Hérault de 2007 – 2017 (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Aboud), répond à ses questions :

JM : Qu’elle a été la genèse de l’association « Cèdre de France » ?

EA : Inqualifiable est ce drame qui a secoué tout le pays le 4 août dernier. Un drame qui ne se résume pas par des mots.
Expliquer l’inexplicable m’est encore impossible l’ayant vécu et constaté de mes propres yeux l’ampleur des dégâts causés. En quelques secondes, les 2750 tonnes de nitrate d’ammonium stockés dans un hangar au Port de Beyrouth, sans aucun entretien, ont ravagé et anéanti la ville engendrant un cratère de 43 mètres de profondeur.

La capitale, Beyrouth, est sinistrée avec plus de 171 morts et plus de 6500 blessés et des quartiers entiers en ruines et plus de 300000 habitants dans la rue.

Le drame qui a frappé le pays du Cèdre aura sans doute des conséquences politiques et géostratégiques mais surtout un bilan effroyable de morts et de blessés avec certainement une sous-estimation du nombre qui a été annoncé.

De retour en France et dans le contexte actuel où la France se porte au chevet du Liban meurtri par ces deux explosions à Beyrouth nous avons créé, avec plusieurs de mes amis, confrères médecins et professeurs en chirurgie, notre association « Cèdre de France » pour subvenir aux besoins des Libanais, notamment en matière médicale et chirurgicale.

Devant cette tragédie, nous ne pouvions pas et nous n’avions pas le droit de rester inactif surtout quand nous avons appris, par la voie du ministère de la santé et du Premier ministre au Liban, Hassan Diab, que l’Etat prenait en charge les blessés. Cela a entraîné, d’une façon mécanique un désengagement du corps assurantiel. A cela s’ajoute, depuis, la démission du gouvernement.

JM : Face l’état de santé au Liban, une médecine à deux vitesses, quel processus pour quelle assistance et prise en charge envisagez-vous ?

EA : Au Liban, la santé relève, en général, du secteur privé. C’est un choix politique clairement assumé par les autorités publiques depuis bien longtemps qui fait consensus au sein de la société.
Rappelons que les effets de la guerre civile durant les 1975-1990 ont été néfastes avec des conséquences lourdes sur le secteur médical au Liban. Cette guerre civile avait anéanti la quasi-totalité des structures hospitalières publiques, favorisant corrélativement une croissance rapide du secteur privé et des ONG.

Malheureusement, il y a aujourd’hui au Liban une crise de confiance terrible et profonde entre l’assistance publique et le monde de l’hospitalisation privée. Ce qui en découle, des blessés ayant reçu des soins urgents mais nécessitant, par la suite, une prise en charge chirurgicale et académique avec des dispositifs médicaux qui coûtent excessivement chers.
Devant l’impossibilité ou l’incapacité de plusieurs blessés à payer les frais chirurgicaux, nous voulons apporter notre pierre à l’édifice pour venir aux besoins de ces blessés.

En coopération avec des hôpitaux libanais, « Cèdre de France » porte assistance aux médecins et aux patients libanais démunis qui n’ont plus accès aux soins et ce grâce à l’aide d’un comité de sélection du corps médical Français.
« Cèdre de France » a pour objectif la prise en charge directe des patients blessés qui n’ont plus les moyens aujourd’hui d’être ou de se faire opérer.

JM : A quel niveau interviendra « Cèdre de France » ? Qui décidera de quoi ?

EA : Il s’agit avant tout d’avoir ici chez nous en France, un comité de sélection pour des cas nécessitant une prise en charge chirurgicale. Un comité qui aura comme rôle principal le pouvoir d’évaluer un diagnostic et de quantifier le coût des soins, et par la suite venir aider directement le patient en payant la prise en charge chirurgicale sans détournement et sans frais. Notre association cible directement le niveau de l’aide médicale.

JM : Comment se déroulera l’identification et la sélection des patients nécessiteux ?

EA : Une fois que le comité de sélection aura établi la liste des cas et des dossiers, nous évaluerons en fonction des urgences et des priorités le nombre de patients à prendre en charge et pourquoi pas prolonger par la suite et dans la durée, sur le plan médical en fonction de sa réussite et de nos moyens financiers.

Il est aussi dit, et c’est le CHU de Montpellier qui s’en est engagé, que s’il y a des cas difficiles qui nécessitent une prise en charge en France, nous l’organiserons avec mes confrères médecins et professeurs afin que ces patients puissent venir se faire soigner en France et subir leurs interventions chirurgicales.

JM : En dernier, qu’elle est la valeur ajoutée de « Cèdre de France » par rapport à d’autres associations ?

EA : Permettez-moi de rappeler que le Peuple Libanais est un peuple de tolérance qui subit aujourd’hui, malheureusement, une géostratégie complexe qui le dépasse complètement. Il ne demande que vivre dans la paix. Avec cette apocalypse, les regards des Libanais se tournent vers la France. Au Liban, quand on parle de la France, on parle de mère Patrie ; et en France, quand on parle du Liban, on parle d’un Etat frère.

La relation entre la France et le Liban n’est pas une relation banale, celle d’une diplomatie quelconque ou de simple respect mutuel entre les deux pays. C’est une relation de passion profonde, qui ne date pas d’hier, elle est marquée d’une histoire commune.

La mission principale et spécifique de nos actions se limite au plan médical et en coopération avec des hôpitaux libanais. Il y a beaucoup d’ONG, beaucoup d’associations humanitaires qui œuvrent dans le social et sur le terrain au Liban. Mais l’action première et prioritaire de notre association est bien définie : elle est pour les patients et pour les soins chirurgicaux. Cette action sera immédiate grâce aux dons, que nous espérons rapides et qui la rendront possible et faisable : des dons de particuliers, des collectivités territoriales, des dons du tissu associatif, des dons d’entreprises. La porte reste ouverte à tous les autres donateurs.

Dr. Elie Aboud, Président de l’association Cèdre de France

J’appelle à la générosité et la solidarité de chacun afin de nous permettre de réussir notre mission médicale et chirurgicale.
Vous savez, la relations entre la France et le Liban est une relation de passion. … et la générosité française n’est pas à mettre en doute. Elle a montré son vrai visage partout où il y a des crises dans le monde et aujourd’hui la crise touche le pays du Cèdre.
La France lui répond, présente !

D’ailleurs, à ce sujet, outre nos adresses de comptes pour les dons, nous avons aussi lancé une cagnotte en ligne sur leetchi pour une meilleure visibilité https://www.leetchi.com/fr/c/w2QemJgl

Propos recueillis par Jinane Chaker-Sultani Milelli

Appel aux dons :
Pour ceux qui le souhaitent, vous pouvez adresser vos dons :
Par chèque au siège social :
1, impasse du Vieux Cèdre – 34170 Castelnau-le-Lez
Par virement bancaire avec le RIB suivant :
FR76 1348 5008 0008 0090 6214 938
Caisse d’Epargne Languedoc Roussillon, agence Castelneau le Lez
ou en cliquant sur ce lien : https://www.leetchi.com/fr/c/w2QemJgl

Sont membres actifs de l’association ceux qui ont pris l’engagement de verser annuellement la somme de 50 euros à titre de cotisations (les cotisations sont ouvertes à tous.

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].