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Electricité du Liban affiche 55,2 millions USD de pertes opérationnelles en février 2025, avec un taux de recouvrement limité à 17 %

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En février 2025, l’entreprise publique Electricité du Liban (EDL) a enregistré un déficit opérationnel mensuel de 55,2 millions de dollars américains, selon les données publiées par le ministère de l’Énergie. Ce déséquilibre s’explique par un coût total de production de 66,6 millions USD pour des recettes effectivement encaissées de seulement 11,4 millions USD. La production brute d’électricité s’est établie à 219,7 GWh sur le mois, soit une baisse significative de 17,3 % par rapport à février 2024. Cette contraction de l’offre est principalement attribuée à la réduction des approvisionnements en carburant, à des interruptions techniques dans les centrales de Deir Ammar et Zahrani, et à l’application renforcée des rationnements électriques dans plusieurs régions du pays.
Le taux de recouvrement des créances facturées atteint un seuil historiquement bas de 17,1 %, bien en deçà du minimum requis pour assurer un autofinancement partiel du service. Cela signifie que plus de quatre cinquièmes des montants dus ne sont pas payés, soit à cause de pertes techniques et commerciales, soit par refus de paiement, soit parce que certains consommateurs ne sont même pas enregistrés sur le réseau. Les pertes financières enregistrées sur le mois viennent s’ajouter à un cumul budgétaire chronique.
Depuis 2022, les tarifs de l’électricité sont fixés sur une base partiellement indexée au taux de change officiel (89 500 LBP/USD). Toutefois, ces prix restent largement inférieurs aux coûts de revient : en février, le coût moyen de production est estimé à 0,30 USD par kilowattheure, contre un tarif de vente moyen inférieur à 0,07 USD/kWh pour les abonnés résidentiels. Ce différentiel implique une perte nette de 23 centimes par unité d’énergie distribuée.
Cette sous-tarification, combinée à une inefficacité administrative structurelle, a conduit à une dépendance quasi totale d’EDL au financement public. En 2024, l’entreprise avait déjà mobilisé plus de 1,2 milliard USD de transferts du Trésor public. Ce soutien financier représente à lui seul près de 15 % des dépenses primaires du budget de l’État.

IndicateurValeur – février 2025
Production nette (GWh)219,7
Coût total de production (M USD)66,6
Recettes collectées (M USD)11,4
Déficit mensuel (M USD)–55,2
Taux de recouvrement (%)17,1 %

À cette situation s’ajoute une distorsion entre EDL et le secteur des générateurs privés. Ces derniers, bien que plus coûteux, sont devenus la principale source de courant pour des millions de Libanais. Le coût moyen d’un kilowattheure fourni par un générateur se situe entre 0,40 et 0,45 USD. En comparaison, l’électricité d’EDL, bien que subventionnée, ne couvre en moyenne que 2 à 6 heures de la demande quotidienne, selon les régions. Ce schéma génère une double facturation énergétique pour les ménages : l’une publique, à bas tarif mais très limitée, et l’autre privée, non réglementée mais indispensable.

La combinaison de ces facteurs a des conséquences directes sur la compétitivité économique. De nombreuses PME et commerces doivent faire face à des charges énergétiques multipliées, réduisant leurs marges et limitant leur productivité. Par ailleurs, le rationnement constant contraint les entreprises industrielles à fonctionner en sous-capacité, tandis que les institutions publiques, y compris les hôpitaux, sont parfois privées de courant pendant plusieurs heures.

Du point de vue macroéconomique, ce déficit structurel contribue à aggraver le déséquilibre des finances publiques et à alourdir la charge sur la Banque du Liban. En effet, les transferts effectués par le Trésor à EDL ne sont pas financés par des excédents budgétaires, mais par création monétaire ou ponction sur les réserves en devises. Cela compromet les efforts de stabilisation monétaire et alimente indirectement les tensions inflationnistes.

Sur le plan institutionnel, aucune avancée notable n’a été enregistrée en matière de réforme. Le projet de loi sur la réorganisation d’EDL, soumis au Parlement en 2021, demeure bloqué. L’absence d’autorité de régulation indépendante empêche l’introduction de mécanismes de transparence et de performance dans la gestion du réseau. Les nominations aux postes de direction sont encore soumises à des logiques de répartition confessionnelle, ce qui freine toute approche managériale fondée sur les compétences et les résultats.

En février 2025, le ministère de l’Énergie a annoncé un plan d’action visant à améliorer la performance de l’opérateur public : installation de 200 000 compteurs intelligents, externalisation de la facturation à des sociétés privées, et hausse progressive des tarifs à partir de juillet 2025. Toutefois, à la fin du mois, aucune des mesures promises n’avait été mise en œuvre, et aucun appel d’offre n’avait été lancé.

Les partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale, l’Union européenne et le FMI, ont régulièrement conditionné toute assistance budgétaire à une réforme profonde du secteur de l’électricité. Ces institutions demandent la mise en place d’une gouvernance autonome, la réduction des pertes techniques (estimées à plus de 40 %), l’ajustement des tarifs sur la base des coûts réels, et l’ouverture du marché à des producteurs indépendants.

En l’absence de réforme, EDL reste un gouffre financier pour l’État libanais, sans contrepartie en termes de service public. Les ménages continuent de subir de longues coupures, les entreprises perdent en compétitivité, et le Trésor se voit contraint de financer chaque mois un déficit non soutenable.

Electricité du Liban est une entreprise publique placée sous la tutelle du ministère de l’Énergie et de l’Eau. Elle a le monopole de la production, du transport et de la distribution d’électricité sur l’ensemble du territoire libanais. En 2024, elle comptait plus de 1,2 million d’abonnés enregistrés, mais ne produisait que 15 % environ des besoins énergétiques du pays. Son financement repose quasi exclusivement sur des subventions publiques.

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Newsdesk Libnanews
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