L’Agence de Notation Fitch Rating a estimé, dans une note, que la situation actuelle au Liban pourrait prochainement amener à une restructuration de la dette publique et du secteur financier afin de préserver les réserves de devises de la Banque du Liban.

Cette information intervient alors que les responsables libanais évoquent l’opportunité de rembourser les obligations libanaises pour un montant de 1.2 milliards de dollars arrivant à échéance le 9 mars prochain et ont fait appel à l’expertise technique du FMI la semaine dernière, chose qu’ils refusaient jusqu’à présent, alors que les experts indépendants estiment nécessaires la sauvegarde des réserves monétaires actuelles pour financer l’achat de produits de premières nécessités et que les banques, confrontées à une augmentation des capitaux, comptent sur ces remboursements afin d’en financer une partie.

Fitch estime que les actifs bruts de la banque centrale libanaise en devises, qui diminuent, restent suffisants en théorie pour que le pays puisse payer son service de la dette extérieure pour un montant de 10 milliards de dollars en 2020 et en 2021, à condition que le contrôle des capitaux de facto, imposé par l’association des banques du Liban (ABL) et non la Banque du Liban ou les autorités gouvernementales libanais soit maintenu. Cependant, cette procédure pourrait accélérer la chute du PIB, estiment les experts indépendants, les entreprises trouvant difficiles l’achat des matériaux ou des marchandises nécessaires à la poursuite de leurs activités ou encore le maintien de la politique de parité entre la Livre Libanaise, une politique jugée couteuse et non réaliste, la parité de la livre étant toujours fixée à 1507.5 LL/USD officiellement alors qu’au marché noir, 2 525 LL/USD sont nécessaires à l’achat d’un dollar.

Cette information intervient alors que les réserves monétaires brutes seraient revues à la baisse. Elles seraient ainsi estimées à environ plus de 29 milliards de dollars, contre 35 milliards de dollars en décembre 2017. La Banque du Liban aurait ainsi déjà financé le remboursement des obligations libanaises arrivées à échéance en mai et novembre 2019. Par ailleurs, la Banque Centrale finance désormais sur ses réserves, une partie des achats des marchandises de première nécessité, blé, essence et médicaments, suite à l’adoption de la circulaire 530.

Pour rappel, l’endettement public du Liban est l’un des plus élevés au Monde, représentant fin 2019, 91.6 milliards de dollars, alors que le PIB recule. Par ailleurs, en cas de défaut, certains investisseurs étrangers détenant une partie de la dette publique pourraient intenter une action en justice.

Ainsi, afin de renforcer leurs positions face aux autorités libanaises, ces créanciers auraient acheté une partie des obligations libanaises détenues par les banques locales. Certains, comme Ashmore Group, un spécialiste des pays émergeants, détiendraient ainsi 60% des obligations arrivant à échéance en mars prochain.

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