Les derniers articles

Articles liés

Focus: Pourquoi le Liban continue-t-il de reculer dans les classements économiques mondiaux ?

- Advertisement -

Un effondrement économique sans précédent

Le Liban, autrefois considéré comme le centre financier et économique du Moyen-Orient, a vu son classement s’effondrer dans tous les indices économiques mondiaux au cours des dernières années. Le pays figure désormais parmi les économies les moins compétitives du monde, principalement en raison de la crise bancaire, de la corruption, et d’un climat des affaires de plus en plus hostile.

Les institutions financières internationales ont souligné l’ampleur de la crise, affirmant que le Liban traverse l’une des pires récessions de l’histoire moderne. L’indice de compétitivité mondiale place désormais le Liban parmi les pays les plus faibles en termes de transparence économique et d’attractivité pour les investisseurs.

Les causes du déclin économique libanais

Une crise bancaire qui paralyse l’économie

Le secteur bancaire libanais, autrefois le pilier de l’économie nationale, est en pleine débâcle financière. La Banque centrale a été incapable de stabiliser le taux de change, et les restrictions sur les retraits bancaires ont détruit la confiance des investisseurs. Le Liban est aujourd’hui classé parmi les pays ayant le système bancaire le plus instable, ce qui limite sa capacité à attirer des financements étrangers.

Depuis 2016, la Banque du Liban a mis en place une série d’opérations d’ingénierie financière visant à stabiliser le secteur bancaire et à attirer les dépôts en devises étrangères. Ces mécanismes incluaient des taux d’intérêt élevés offerts aux banques commerciales en échange de dépôts en dollars, créant ainsi un effet pyramidal similaire à un schéma de Ponzi financier.

Ce système a perduré jusqu’en 2019, lorsque l’effondrement économique du Liban a exposé les failles de ce modèle. L’État s’est retrouvé incapable de rembourser sa dette en dollars, et les banques ont imposé des restrictions sévères sur les retraits, entraînant une perte massive de confiance dans le système financier​. Aujourd’hui, les déposants restent prisonniers de leurs fonds bloqués, tandis que la Banque centrale peine à rétablir une stabilité monétaire.

Une corruption endémique qui freine les réformes

La corruption est un facteur central du recul économique libanais. L’absence de réformes judiciaires et administratives empêche tout assainissement de l’économieLes fonds publics sont détournés et les investissements étrangers évitent le pays en raison de l’absence de garanties légales et d’un cadre réglementaire fiable.

Le Liban est classé parmi les pays les plus corrompus au monde, et plusieurs affaires emblématiques illustrent cette réalité. Un exemple marquant concerne la gestion des fonds d’aide internationale après l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Des dizaines de millions de dollars envoyés pour la reconstruction ont disparu sans laisser de traces, alors que les habitants peinent encore à reconstruire leurs logements​.

Un autre scandale concerne les marchés publics de l’électricité. Depuis les années 1990, l’État libanais a dépensé plus de 40 milliards de dollars pour un secteur qui ne fournit toujours pas 24 heures d’électricitéDes contrats douteux avec des entreprises privées et l’absence de mise en concurrence ont aggravé le déficit public, tout en enrichissant une élite politique restreinte​.

Un climat des affaires de plus en plus hostile

Le Liban occupe désormais les dernières places du classement sur la facilité de faire des affaires. Les investisseurs étrangers sont découragés par les lourdeurs administratives, la faiblesse du cadre juridique et la forte instabilité politiqueLa bureaucratie excessive et les procédures complexes freinent l’ouverture de nouvelles entreprises.

Les investissements directs étrangers (FDI) au Liban ont chuté drastiquement depuis 2019, notamment après la crise financière et la dévaluation de la livre libanaise. En 2018, les FDI représentaient encore près de 2,6 milliards de dollars, mais ils ont chuté à moins de 500 millions de dollars en 2023.

Les raisons de cette baisse incluent :

  • L’instabilité politique et l’absence de réformes économiques
  • La méfiance des investisseurs face à la crise bancaire
  • Le manque d’infrastructures et d’incitations fiscales attractives

Des entreprises étrangères ont progressivement réduit leurs activités ou quitté le marché libanais, à l’image de plusieurs grandes chaînes de distribution internationales qui ont fermé leurs succursales​.

L’absence de réformes économiques et fiscales

Les institutions internationales ont multiplié les mises en garde contre le manque de réformes structurelles. L’absence de politique fiscale cohérente et le blocage des négociations avec le FMI ont renforcé la méfiance des investisseurs. Le Liban manque de politiques économiques claires pour relancer sa croissance et améliorer ses finances publiques.

Dans un contexte de crise, la fiscalité libanaise est devenue un fardeau supplémentaire pour les citoyens et les entreprises. Face à l’effondrement des revenus publics, l’État a cherché à compenser son déficit par des hausses de taxes et de nouvelles ponctions fiscales.

En 2024, le gouvernement a introduit de nouvelles taxes sur les retraits en dollars, aggravant la situation des déposants. De plus, les taxes sur les biens de consommation et les carburants ont explosé, entraînant une flambée des prix et une inflation record​.

Le paradoxe est que, malgré cette pression fiscale croissante, les services publics continuent de se détériorer, rendant la vie quotidienne des Libanais de plus en plus difficile. L’absence d’un système fiscal progressif équitable renforce les inégalités sociales, laissant les classes moyennes et populaires supporter la plus grande part du fardeau fiscal​.

Comparaison avec d’autres pays en crise

Le Liban n’est pas le premier pays à traverser une crise financière majeure. La Grèce et l’Argentine ont connu des situations similaires, mais ont réussi à amorcer une reprise économique en adoptant des réformes fiscales strictes, en mettant fin aux politiques monétaires erratiques et en sécurisant des aides financières internationales.

Pour analyser les stratégies de sortie de crise adoptées par l’Argentine et la Grèce, et en tirer des enseignements pour le Liban, il est essentiel d’examiner les mesures spécifiques mises en œuvre par ces deux pays.

L’Argentine :

Lors de la crise économique de 2001-2002, l’Argentine a adopté plusieurs mesures pour stabiliser son économie :

  1. Abandon de la parité fixe avec le dollar : En 2002, l’Argentine a mis fin à la politique de convertibilité qui liait le peso au dollar américain à un taux fixe. Cette dévaluation a permis au pays de restaurer sa compétitivité en rendant ses exportations plus attractives sur le marché international.
  2. Restructuration de la dette souveraine : L’Argentine a procédé à une restructuration de sa dette publique, négociant avec ses créanciers pour réduire le montant total dû et étaler les paiements sur une période plus longue. Cette démarche a allégé le fardeau de la dette et permis une meilleure gestion budgétaire.
  3. Réformes structurelles : Le pays a mis en place des réformes visant à renforcer le système financier, notamment en augmentant les exigences de fonds propres pour les banques et en améliorant la réglementation bancaire. Ces mesures ont contribué à stabiliser le secteur financier et à restaurer la confiance des investisseurs.

La Grèce :

Face à la crise de la dette publique qui a débuté en 2008, la Grèce a adopté les mesures suivantes :

  1. Programmes d’austérité : En échange de l’aide financière de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, la Grèce a mis en œuvre des programmes d’austérité stricts, incluant des réductions des dépenses publiques, des augmentations d’impôts et des réformes du marché du travail. Ces mesures visaient à réduire le déficit budgétaire et à restaurer la confiance des marchés financiers.
  2. Privatisations : Le gouvernement grec a procédé à la vente d’actifs publics, tels que des entreprises d’État et des infrastructures, afin de générer des revenus et de réduire la dette publique.
  3. Réformes structurelles : Des réformes ont été entreprises pour améliorer l’efficacité de l’administration publique, lutter contre l’évasion fiscale et renforcer la compétitivité de l’économie grecque.

Cependant, le Liban n’a pas encore amorcé un processus de redressementL’absence de coordination entre les différents acteurs politiques et le manque de consensus sur les mesures économiques à adopter empêchent tout plan de relance efficace.

Quelles solutions pour redresser l’économie libanaise ?

Le Liban, confronté à une crise économique profonde, pourrait tirer les leçons suivantes des expériences argentine et grecque :

  1. Flexibilité monétaire : Comme l’Argentine, le Liban pourrait envisager d’ajuster sa politique de change pour améliorer sa compétitivité. Toutefois, cette démarche doit être soigneusement planifiée pour éviter une inflation excessive.
  2. Restructuration de la dette : Le Liban pourrait négocier avec ses créanciers une restructuration de sa dette publique afin de rendre le service de la dette plus soutenable et de libérer des ressources pour des investissements productifs.
  3. Réformes structurelles et lutte contre la corruption : À l’instar de la Grèce, le Liban devrait mettre en œuvre des réformes pour améliorer l’efficacité de l’administration publique, renforcer le système financier et lutter contre la corruption, afin de restaurer la confiance des investisseurs et de la population.

Stabiliser le système bancaire

  • Rétablir la confiance des déposants en mettant en place un mécanisme de recapitalisation bancaire.
  • Adopter une nouvelle politique monétaire pour limiter la volatilité du taux de change.

Mettre en place des réformes anti-corruption

  • Renforcer le rôle de la justice pour poursuivre les crimes financiers.
  • Créer une autorité de contrôle indépendante pour superviser les dépenses publiques.

Améliorer l’attractivité économique du pays

  • Simplifier les démarches administratives pour encourager l’investissement étranger.
  • Alléger la pression fiscale sur les entreprises pour favoriser la croissance.

Relancer les négociations avec le FMI et les bailleurs internationaux

  • S’assurer d’un soutien financier international pour éviter l’effondrement total de l’économie.
  • Adopter un plan de réforme crédible pour restaurer la confiance des investisseurs.
- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi