dimanche, mars 16, 2025

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FocusLiban: Le marché du travail, hausse du chômage et précarisation

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Un marché du travail en crise : Explosion du chômage et précarisation accélérée

Depuis le début de la crise économique en 2019, le marché du travail libanais est en plein effondrement. La récession, l’effondrement du secteur bancaire et la perte de confiance des investisseurs ont entraîné des vagues massives de licenciements et une précarisation croissante de la main-d’œuvre. Aujourd’hui, le taux de chômage dépasse les 40 %, selon les estimations des organismes économiques indépendants, un chiffre jamais atteint dans l’histoire récente du pays.

Le secteur privé, qui représentait historiquement le moteur de l’emploi au Liban, a été frappé de plein fouet par la crise. La fermeture de milliers d’entreprises, la baisse de la demande intérieure et la fuite des capitaux ont laissé des centaines de milliers de travailleurs sans emploi ni protection sociale. En parallèle, le secteur informel a explosé, poussant une grande partie de la population à accepter des emplois sous-payés, sans contrat ni sécurité.

Face à cette situation, le gouvernement est incapable d’apporter des solutions efficaces, faute de moyens et de stratégie économique claire. Les jeunes diplômés, qui constituaient une main-d’œuvre hautement qualifiée, sont désormais contraints de quitter massivement le pays, aggravant la fuite des cerveaux et laissant le Liban sans perspective de relance à court terme.

Les jeunes diplômés et les travailleurs qualifiés, premières victimes de la crise

Le Liban a longtemps bénéficié d’un système universitaire performant, formant des milliers de jeunes diplômés dans des secteurs clés tels que l’ingénierie, la finance, la médecine et les technologies. Cependant, depuis la crise, ces qualifications sont devenues presque inutiles sur le marché local, où les entreprises n’ont plus les moyens d’embaucher ni d’investir dans des emplois qualifiés.

Aujourd’hui, un grand nombre de jeunes diplômés ne trouvent pas d’opportunités à la hauteur de leurs compétences. Beaucoup d’entre eux acceptent des emplois précaires, souvent en dehors de leur domaine d’expertise, simplement pour survivre. D’autres optent pour l’émigration, principalement vers les pays du Golfe, l’Europe et l’Amérique du Nord, où leur savoir-faire est recherché.

Le problème est que cette fuite des talents prive le Liban de sa principale ressource : son capital humain. Les entreprises qui cherchent à redémarrer après la crise se retrouvent avec une main-d’œuvre réduite et moins qualifiée, ce qui freine encore plus la reprise économique.

Les secteurs les plus touchés et les pertes d’emplois massives

Tous les secteurs de l’économie libanaise ont été durement frappés par la crise, mais certains ont subi des pertes d’emplois particulièrement lourdes. Parmi eux :

  1. Le secteur bancaire : Avant la crise, les banques étaient l’un des principaux employeurs du pays. Avec l’effondrement du système financier, des milliers d’emplois ont été supprimés, et les banques continuent de fermer des agences et de réduire leur personnel.
  2. Le commerce et la distribution : Avec la baisse du pouvoir d’achat et la dévaluation de la livre libanaise, de nombreux commerces ont fermé, ne pouvant plus supporter les coûts d’exploitation.
  3. Le bâtiment et les travaux publics : Le secteur de la construction, autrefois un moteur clé de l’économie, est au point mort. Les chantiers sont abandonnés, et les entreprises de construction licencient en masse.
  4. Le tourisme et l’hôtellerie : Autrefois pilier de l’économie libanaise, le secteur du tourisme est en ruine. De nombreux hôtels et restaurants ont fermé, et ceux qui restent en activité fonctionnent avec un personnel réduit.
  5. L’industrie et la manufacture : Avec la montée des coûts de production et les restrictions bancaires empêchant l’importation de matières premières, l’industrie locale est en forte régression.

Face à ces destructions massives d’emplois, les filets de sécurité sociale sont quasiment inexistants. Les salariés licenciés n’ont droit à aucune indemnité et doivent se débrouiller seuls pour trouver des sources de revenus alternatives.

L’explosion du travail informel : Un retour en arrière dangereux

Avec l’effondrement du marché du travail formel, le secteur informel a explosé, absorbant des milliers de travailleurs précarisés. Aujourd’hui, plus de 60 % de la population active travaille dans l’économie informelle, sans contrat, sans couverture sociale et souvent pour des salaires dérisoires.

  • Les chauffeurs de taxi et livreurs à domicile : De nombreux Libanais, anciens salariés du secteur privé, se reconvertissent en chauffeurs indépendants ou livreurs, travaillant dans des conditions extrêmement précaires.
  • Les petits commerçants ambulants : Face à l’effondrement des grandes enseignes, les marchés informels et le commerce de rue ont explosé, devenant une source de revenus pour les plus démunis.
  • Le travail domestique et les services à la personne : De plus en plus de familles proposent leurs services en tant que femmes de ménage, nounous ou aides à domicile, sans cadre légal.

Ce basculement vers une économie de survie représente un immense danger pour l’avenir du Liban. Non seulement il prive l’État de recettes fiscales essentielles, mais il aggrave la précarité et renforce les inégalités sociales.

Comment relancer l’emploi et attirer les investissements ?

Pour sortir de cette impasse, des réformes majeures sont nécessaires afin de redynamiser le marché du travail et attirer de nouveaux investissements. Parmi les pistes envisagées :

  1. Créer un cadre légal pour sécuriser le travail informel : Il est urgent d’établir des protections minimales pour les travailleurs informels, notamment en facilitant leur enregistrement officiel et en leur garantissant un accès à la couverture sociale.
  2. Relancer les investissements dans les secteurs clés : Une politique active de soutien aux PME, aux start-ups et aux industries locales permettrait de créer de nouveaux emplois et de redynamiser l’économie.
  3. Faciliter l’accès au crédit pour les entreprises : Aujourd’hui, les banques ne prêtent plus, bloquant toute initiative entrepreneuriale. Une réforme du secteur bancaire est indispensable pour relancer l’investissement privé.
  4. Réorienter la formation et l’éducation vers les nouveaux besoins du marché : Les universités doivent adapter leurs programmes aux secteurs porteurs, tels que les énergies renouvelables, les nouvelles technologies et l’exportation de services.
  5. Encourager le retour des talents expatriés : Le Liban doit mettre en place des incitations pour attirer les jeunes diplômés partis à l’étranger, afin qu’ils contribuent à la reconstruction du pays.

Un avenir incertain pour le marché du travail libanais

Le Liban est aujourd’hui au bord d’une crise sociale majeure, alimentée par un chômage massif, une précarisation accélérée et une absence totale de vision politique pour relancer l’emploi. Tant que les réformes nécessaires ne seront pas mises en place, le marché du travail continuera de se détériorer, poussant des milliers de Libanais à quitter le pays chaque année.

Le temps presse. Sans un véritable plan de relance économique, le Liban risque de se vider de sa main-d’œuvre qualifiée, accélérant son effondrement économique.

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