Un refus catégorique face aux pressions politiques
La formation du gouvernement dirigé par Nawaf Salam est au point mort en raison du refus catégorique de Nabih Berri d’accepter un ministre chiite qui ne serait pas issu du tandem Amal-Hezbollah. Cette position a été clairement exprimée lors d’une rencontre avec des diplomates et des responsables politiques libanais, où Berri a insisté sur le respect des équilibres confessionnels du pays et sur le droit des partis chiites à désigner leurs propres représentants. Selon Al Sharq (08/02/2025), le président du Parlement a déclaré que la nomination des ministres chiites ne pouvait pas être décidée en dehors des forces politiques qui les représentent, rejetant ainsi l’idée d’un ministre « neutre » imposé sous pression occidentale.
Berri a dénoncé une tentative de marginalisation de son camp politique, affirmant que « toute tentative d’exclusion d’une force représentative du pays constitue une atteinte à l’équilibre institutionnel du Liban ». Cette déclaration fait écho aux inquiétudes exprimées par d’autres figures politiques proches du Hezbollah, qui craignent une reconfiguration du pouvoir en faveur de blocs plus alignés avec les intérêts occidentaux.
Dans un contexte où Washington et Riyad conditionnent leur soutien économique à un gouvernement sans le Hezbollah, Berri considère cette pression comme une « ingérence inacceptable » qui menace l’indépendance politique du pays. Il a ajouté que le Liban « ne peut pas être un terrain de jeux pour des interventions étrangères », mettant en garde contre une détérioration des relations entre les différents blocs politiques si cette ligne rouge venait à être franchie.
L’affrontement entre Nawaf Salam et Nabih Berri
Nawaf Salam, qui tente de composer son gouvernement depuis plusieurs semaines, espérait trouver un compromis en proposant un ministre chiite indépendant. Toutefois, cette initiative a été immédiatement rejetée par le tandem Amal-Hezbollah, qui refuse de céder du terrain sur cette question. Le Premier ministre désigné considère que la nomination de ce ministre hors du cercle du Hezbollah et d’Amal permettrait d’assurer une ouverture et d’apaiser les tensions avec la communauté internationale, mais cette approche est perçue comme une tentative d’imposer une nouvelle dynamique politique non représentative des rapports de force internes.
Des sources gouvernementales citées par Al Liwa’ (08/02/2025) rapportent que « le refus de Berri est absolu et il ne permettra pas que l’équilibre confessionnel du gouvernement soit modifié sous pression étrangère ». Cette position a été soutenue par des membres influents du Hezbollah, qui estiment que la proposition de Salam vise à réduire leur influence et à affaiblir leur rôle au sein du cabinet. Le Hezbollah considère que toute tentative de les écarter du gouvernement pourrait mener à un blocage institutionnel durable et à une crise plus profonde.
Un blocage politique qui paralyse les institutions
Le bras de fer entre Nawaf Salam et Nabih Berri a totalement gelé les négociations, les autres partis politiques observant la situation avec prudence. Selon Al Joumhouriyat (08/02/2025), aucun compromis ne semble possible à ce stade, car le tandem Amal-Hezbollah considère l’exclusion d’un de ses membres comme un précédent dangereux qui pourrait remettre en question les principes de gouvernance du pays.
Les pressions internationales continuent de peser sur le dossier. Washington et Riyad insistent sur l’exclusion du Hezbollah du gouvernement, une condition que Berri et ses alliés refusent catégoriquement. Les États-Unis considèrent que la formation d’un gouvernement débarrassé de l’influence du Hezbollah est une étape nécessaire pour débloquer l’aide économique et stabiliser le Liban, tandis que les alliés du Hezbollah dénoncent une tentative d’imposer un gouvernement inféodé aux intérêts occidentaux.
Dans la rue, les tensions montent. Des manifestations ont eu lieu à Beyrouth et dans le sud du Liban, où des partisans d’Amal et du Hezbollah dénoncent une tentative étrangère de remodeler la scène politique libanaise. Ces protestations s’inscrivent dans un contexte où la population souffre de l’absence de réformes et de la stagnation économique.