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La BDL augmente ses réserves de change à 10,53 milliards de dollars malgré des failles persistantes dans sa gestion financière

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Une croissance apparente des actifs totaux masquant des réalités préoccupantes

Selon le dernier bilan publié par la Banque du Liban (BDL), les actifs totaux de la banque centrale ont augmenté de 0,55 % en glissement annuel pour atteindre 93,53 milliards de dollars à la mi-février 2025. Bien que cette hausse puisse sembler positive, elle cache une réalité plus complexe, marquée par des ajustements comptables discutables et une stratégie de communication opaque.

La BDL a adopté un taux de change officiel de 89 500 LBP/USD depuis le 1er février 2024. Cependant, cette décision semble davantage motivée par la volonté de stabiliser artificiellement ses comptes plutôt que de répondre aux dynamiques économiques réelles. En effet, l’écart persistant avec le taux de change sur le marché parallèle souligne un décalage entre la politique monétaire officielle et la réalité économique.

Révision comptable ou manipulation des actifs étrangers ?

La récente modification de la BDL concernant ses « actifs étrangers » en « actifs de réserve étrangers » a soulevé des questions sur la transparence de sa gestion financière. En ne comptabilisant désormais que les actifs liquides et non résidents, la BDL a transféré 4,85 milliards de dollars d’Euro-obligations libanaises à son portefeuille de titres, et 298,8 millions de dollars en prêts au secteur financier local.

Cette manœuvre, présentée comme une simplification comptable, pourrait en réalité masquer la détérioration des réserves réelles de la banque centrale. En excluant les actifs illiquides, la BDL améliore artificiellement le ratio de liquidité de ses réserves. Toutefois, cela ne change en rien la réalité économique du pays : le gouvernement libanais reste en défaut de paiement sur sa dette souveraine depuis 2020, et les Euro-obligations transférées au portefeuille de titres ne représentent que des créances à haut risque, difficilement mobilisables sur les marchés internationaux.

Une augmentation des réserves qui interroge

La BDL annonce une augmentation de ses réserves de change de 10,75 % en glissement annuel pour atteindre 10,53 milliards de dollars à la mi-février 2025, dont 138,63 millions de dollars gagnés en seulement deux semaines. Cependant, cette performance soulève des interrogations. La hausse concomitante de la monnaie en circulation de 52,85 % pourrait indiquer que cette croissance des réserves est davantage due à des opérations de change internes ou à des ajustements comptables qu’à une réelle amélioration des flux de devises étrangères vers le pays.

Il est également crucial de noter que plus de 90 % des dépôts du secteur financier (qui représentent 91,09 % des passifs de la BDL) sont libellés en dollars américains. Cette forte dollarisation, bien qu’elle permette à la BDL de présenter un bilan en apparence solide, reflète une dépendance dangereuse vis-à-vis de la devise étrangère. En cas de crise de liquidité ou de perte de confiance dans le secteur bancaire, cette structure des passifs pourrait précipiter une crise financière majeure.

La baisse des dépôts du secteur financier : un signe de défiance ?

La diminution de 1,93 % des dépôts du secteur financier pour atteindre 85,19 milliards de dollars pourrait être interprétée comme un signe de méfiance croissante des banques commerciales envers la BDL. Depuis plusieurs années, la banque centrale utilise des « ingénieries financières » pour attirer les dépôts en dollars des banques locales, offrant des taux d’intérêt élevés en échange de liquidités en devises étrangères. Si cette stratégie a permis de stabiliser temporairement le marché, elle a aussi contribué à l’assèchement des liquidités disponibles pour le secteur privé, paralysant ainsi l’économie réelle.

En revanche, l’augmentation de 48,18 % des dépôts du secteur public (à 6,4 milliards de dollars) pourrait traduire une pression accrue du gouvernement pour mobiliser ses ressources auprès de la BDL. Cependant, cette évolution n’est pas nécessairement positive : elle pourrait refléter un besoin urgent de liquidités de la part de l’État libanais, déjà lourdement endetté et en difficulté pour accéder aux marchés internationaux.

IndicateurMi-février 2024Mi-février 2025Variation annuelle (%)
Actifs totaux93,02 milliards $93,53 milliards $+0,55 %
Actifs de réserve étrangers9,51 milliards $10,53 milliards $+10,75 %
Dépôts du secteur financier86,87 milliards $85,19 milliards $-1,93 %
Dépôts du secteur public4,32 milliards $6,4 milliards $+48,18 %
Monnaie en circulation622 millions $951 millions $+52,85 %

Une stratégie de court terme qui ignore les réformes nécessaires

Au lieu d’engager de véritables réformes structurelles, la BDL semble continuer à recourir à des stratégies de court terme pour gonfler artificiellement ses réserves. La hausse apparente des actifs ne masque pas les fragilités sous-jacentes de l’économie libanaise : une dette souveraine insoutenable, une confiance en berne du secteur bancaire et une économie réelle en souffrance.

Dans un contexte où le Liban peine à conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour un plan de sauvetage économique, la politique actuelle de la BDL pourrait s’avérer contre-productive. En privilégiant les ajustements comptables à une réelle stabilisation macroéconomique, la banque centrale risque de creuser encore davantage la méfiance des marchés et de la population.

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Newsdesk Libnanews
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