Le Ministre des Finances, Ghazi Wazni, tout juste nommé hier au sein du gouvernement Hassan Diab, a estimé impossible de voir la livre libanaise retrouver sa parité antérieure à la crise économique, soit 1 507.5 LL pour un dollar, un taux toujours en vigueur officiellement selon la Banque du Liban (BDL).

Ces propos prennent à contrepied ceux de son prédécesseur Ali Hassan Khalil ou encore ceux du gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, qui tous 2 réfutaient même l’idée d’une dévaluation de la livre libanaise, une mesure, selon eux, nocive au pouvoir d’achat de la population.

Cependant, en raison de la pénurie actuelle de liquidité sur les marchés et notamment le refus des banques à fournir les fameux billets verts depuis le début de l’été, crise qui s’est encore affermie suite à la décision de l’Association des Banques du Liban (ABL) d’imposer un contrôle des capitaux avec une limitation des sommes pouvant être retirées de ses comptes, un taux de change parallèle s’est mis en place. La parité de la livre face au dollar s’était dégradée au point d’atteindre, il y a une semaine à peine, le taux de record de 2 600 LL par dollar. Le syndicat des agents de changes a imposé depuis hier, un taux unique de 2 000 LL par dollar.

Par ailleurs, les modèles d’économétrie indique que la livre libanaise reste surévaluée, sa valeur réelle étant de 3 000 LL pour un dollar.

Le Liban en crise économique atteint une possible dévaluation officielle de la Livre Libanaise

Pour rappel, le Liban traverse actuellement une grave crise économique, avec un endettement public record, atteignant 154% du PIB et un déficit budgétaire qui a encore dérapé l’année dernière, atteignant 11.9%. Le taux de chômage atteint entre 30% et 40% de la population active avec qu’un rapport de la Banque Mondiale estime à 50% de la population, le nombre de personnes qui vivront sous le seuil de pauvreté en 2019 contre 30% actuellement. Enfin, l’ancien ministre de l’économie Mansour Bteish avait estimé à 7% la chute du PIB en 2019, PIB qui était ainsi passé de 55 milliards de dollars à 51 milliards de dollars selon les premières estimations de son ministère, ce qui équivaut à un effondrement économique.
Face à cette crise, nombreux sont ceux qui craignent une dévaluation de la livre libanaise quand d’autres notent qu’une mise en défaut du Liban pourrait être possible en raison de l’arrivée à maturité d’obligations libanaises pour des sommes importantes au mois de mars et d’avril.

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