Lors d’une rencontre avec la coordonnatrice spéciale des Nations unies au Liban, Joanna Wronecka, le président de la république, le général Michel Aoun, a estimé que le rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, portant sur la mise en œuvre de la résolution 1701, et qui a fait l’objet d’un débat devant le conseil de sécurité de l’ONU, il y a quelques jours à New York, n’abordait pas suffisamment la mise en oeuvre de la résolution 1701 du conseil de sécurité de l’ONU et le retour des réfugiés syriens.

Aussi, “certains des éléments mentionnés dans le rapport sur la situation des déplacés syriens ne reflétaient pas la réalité de ce que subit le Liban à différents niveaux en raison de la présence d’environ 1,5 million de réfugiés syriens sur son territoire”, note le chef de l’état, une des cause de la crise économique qu’évoquait le rapport. Il estime que celui-ci n’abordait pas les retombées négatives de la présence des réfugiés syriens sur le conditions économiques, sociales et humanitaires, ainsi que sur le niveau élevé de criminalité.

Le général Aoun souhaite ainsi que le prochain rapport “note ces points fondamentaux qui inquiètent les responsables et les citoyens libanais” et appelle la communauté internationale à accorder une aide au retour des réfugiés syriens. “Recevoir de l’aide alors qu’ils sont au Liban les incitera à ne pas rentrer dans leur pays”, déplore le président de la république alors que la majorité des régions syriennes sont désormais pacifiées.

Le chef de l’état a aussi réitéré sa détermination à voir les prochaines élections législatives se tenir à la date prévue du 15 mai.

Focus

Le Liban à la 2ème place des pays qui accueillent le plus de réfugiés syriens proportionnellement à la population locale, (Haut Commissariat en charge des réfugiés intitulé Global Trends: Forced Displacement in 2019). Le pays des cèdres compte en plus une importante communauté de réfugiés palestiniens dont la présence a été à l’origine de la guerre civile de 1975 à 1990.

Selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, le Liban compterait 916 156 réfugiés syriens sur son sol fin 2019, contre 949 666, un an plus tôt. 910 600 réfugiés seraient d’origine syrienne.

Pour rappel, un rapport préparé par le Ministère des finances et le Programme des Nations Unies pour le développement en 2020 sur l’impact de la crise des réfugiés syriens sur l’économie libanaise entre 2011 et 2018 estimait à 46.5 milliards de dollars le coût de la présence des réfugiés syriens au Liban, impactant tous les secteurs, dont celui de l’éducation ou encore de l’électricité mais également provoquant une chute du Produit Intérieur Brut alors que le Liban était impacté par une grave crise économique apparue au grand jour en 2019 et caractérisée par une détérioration rapide de la parité entre livre libanaise et dollar. Ainsi, la monnaie nationale a perdu plus de 90% de sa valeur face au billet vert. 82% de la population libanaise vivrait désormais sous le seuil de pauvreté et 36% dans un état d’extrême pauvreté, amenant à des tensions avec les réfugiés syriens.

Cependant, certains partis politiques refusent jusqu’à aujourd’hui d’évoquer le retour des réfugiés syriens en refusant de discuter des procédures nécessaires avec Damas, même si les autorités libanaises ont entériné un plan visant à favoriser ce retour en 2020.

Face à la détérioration des conditions sociales et économiques, certains réfugiés syriens mais également palestiniens voire même des ressortissants libanais tentent l’exode vers l’Europe, notamment via des boat people à destination de Chypre. Plusieurs embarcations ont été ainsi interceptées ces derniers mois.

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