Parallèlement au mandat d’arrêt publié par le juge d’instruction Nicolas Mansour visant le frère du gouverneur de la Banque du Liban, la procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun a décidé du gel des biens de 6 banques libanaises.
Parmi elles, la Creditbank, la Bank of Beirut, la Banque Audi, la société Générale de Banque du Liban (SGBL), la BLOM Bank et la BankMed dont les dirigeants font déjà l’objet d’une interdiction de sortie du territoire.
Il leur serait également interdit tout transfert à l’étranger de fonds.
Pour rappel, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, fait également l’objet d’un mandat d’arrêt cependant non exécuté par les Forces de Sécurité Intérieure du général Imad Othman, proche comme lui de l’ancien premier ministre Saad Hariri. Côté libanais aussi , le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, un proche comme Riad Salamé de l’ancien premier ministre Saad Hariri, aurait empêché le magistrat Jean Tannous en charge de l’enquête Forry Associates de communiquer avec ses homologues étrangers. Selon les termes du contrat, Forry Estate recevait ainsi une commission des 3/8ème des 1% commissions sur l’achat des certificats de dépôts de l’état via la Banque du Liban par les banques privées entre 2004 et 2014.
Ces montants qui atteignaient ainsi ensuite plusieurs millions de dollars étaient reversés et redistribués, selon les aveux même de Riad Salamé, en connaissance de la commission centrale de la Banque du Liban. Cependant, le contrat signé par la Banque du Liban avec les banques locales ne stipule pas le nom de Forry Associates, ce qui amène les experts judiciaires à s’interroger sur les versements effectués au bénéfice de cette entreprise et transférés en connaissance de cause par 6 banques locales à l’étranger.
Par ailleurs, une autre plainte vise 14 banques libanaises, leurs dirigeants ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, accusé de détournement de fonds après avoir permis le transfert de 8 milliards de dollars à l’étranger. Sur ces 14 banques, 7 établissements seraient mis en cause: sur ces 8 milliards de dollars qui appartiendraient en réalité à la banque centrale, 7 milliards de dollars étaient ainsi conservées par les établissements locaux sur des comptes basés à l’étranger, alors que le Liban traverse une grave crise économique caractérisée par – outre une dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar – une interdiction informelle pour les déposants d’accéder à leurs fonds.
Face à l’escalade judiciaire, les banques tentent de minimiser les procédures les visant, accusant l’appareil judiciaire de politisation. Ils pourraient également décider de fermer les établissements financiers alors que parallèlement, la Banque du Liban dont le gouverneur est aussi impliqué, a limité les sommes injectées sur le marché via la plateforme Sayrafa provoquant une flambée du dollar face à la livre libanaise.
Par ailleurs, le premier ministre également actionnaire de banque tente d’écarter les principaux responsables de l’appareil judiciaire au risque de se voir accusé d’entrave à la justice. Le gouvernement tente ainsi d’immuniser les banques par rapport aussi aux conséquences juridiques locales des procédures lancées à l’étranger par les déposants dans le cadre d’un contrôle informel des capitaux – plusieurs banques ayant été condamnées en France ou en Grande Bretagne à libérer les sommes – ou encore dans le cadre de l’affaire Riad Salamé.