Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Alors que son frère fait l’objet désormais d’un mandat d’arrêt, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, également inculpé pour détournement de fonds, a été convoqué par le juge d’instruction Nicolas Mansour en charge du dossier Forry & Associates, jeudi prochain.

Pour l’heure, le gouverneur de la Banque du Liban n’envisagerait pas de se rendre devant le juge alors que des preuves de détournements de fond auraient été fournis par les enquêteurs français, suisse et luxembourgeois.

Pour rappel, le gouverneur de la Banque du Liban avait déjà refusé de se rendre devant la procureur du Mont Liban, la juge Ghada Aoun, amenant à la publication d’un mandat d’amené et au gel de ses biens. Jouissant de la protection des forces de sécurité intérieure du général Imad Othman, un proche comme lui de l’ancien premier ministre Saad Hariri, il se trouverait actuellement dans un appartement privé au dernier étage du siège de la Banque du Liban.

Désormais, Riad Salamé ne jouirait cependant plus de la protection des Etats-Unis ou de la France qui chercheraient aujourd’hui son successeur, alors que les ministres du mouvement Amal l’auraient également fortement critiqués lors du conseil des ministres qui s’est déroulé hier au Grand Sérail.

Riad Salamé est en effet accusé d’avoir l’apport de devises étrangères sur le marché local ces derniers jours en concomitance avec la fermeture des banques libanaises en grève en raison aussi des procédures judiciaires qui les visent, cela afin de provoquer des pénuries de produits essentiels comme les carburants et induire une hausse de la valeur du dollar face à la livre libanaise en vue de faire pression sur le gouvernement appelé à limiter la portée des procédures judiciaires à son encontre.

Riad Salamé et son frère sont tous 2 accusés d’avoir détourné 326 millions de dollars sous couvert de commissions via la vente d’Eurobonds de la Banque du Liban. Cependant, ces montants auraient été transférés à un compte au nom de Raja Salamé en Suisse. Plusieurs dirigeants de banque dont le président de l’Association des Banques du Liban Salim Sfeir ont également vu leurs biens et ceux de leurs établissements gelés sur décision de la procureur du Mont Liban dans le cadre du même dossier.

Parmi les autres dirigeants de banque visés par une nouvelle plainte déposée par le groupe “People want to reform the Regime”, fin du mois de février, ceux de la Banque Audi Samir Hanna, de la SGBL Antoun Sehnaoui propriétaire aussi d’un nouveau site d’information francophone entre autre, de Saad Azhari pour la Blom Bank et de l’ancienne ministre de l’intérieur Raya Hassan, dirigeante de la Bank Med dont la famille de l’ancien premier ministre Rafic Hariri est le principal actionnaire. 

Côté libanais aussi , le procureur de la république, le juge Ghassan Oweidat, un proche comme Riad Salamé de l’ancien premier ministre Saad Hariri, aurait empêché le magistrat Jean Tannous en charge de l’enquête Forry Associates de communiquer avec ses homologues étrangers. Selon les termes du contrat, Forry Estate recevait ainsi une commission des 3/8ème des 1% commissions sur l’achat des certificats de dépôts de l’état via la Banque du Liban par les banques privées entre 2004 et 2014.

Ces montants qui atteignaient ainsi ensuite plusieurs millions de dollars étaient reversés et redistribués, selon les aveux même de Riad Salamé, en connaissance de la commission centrale de la Banque du Liban. Cependant, le contrat signé par la Banque du Liban avec les banques locales ne stipule pas le nom de Forry Associates, ce qui amène les experts judiciaires à s’interroger sur les versements effectués au bénéfice de cette entreprise et transférés en connaissance de cause par 6 banques locales à l’étranger.

Par ailleurs, une autre plainte vise 14 banques libanaises, leurs dirigeants ainsi que le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, accusé de détournement de fonds après avoir permis le transfert de 8 milliards de dollars à l’étranger. Sur ces 14 banques, 7 établissements seraient mis en cause: sur ces 8 milliards de dollars qui appartiendraient en réalité à la banque centrale, 7 milliards de dollars étaient ainsi conservées par les établissements locaux sur des comptes basés à l’étranger, alors que le Liban traverse une grave crise économique caractérisée par – outre une dégradation de la parité de la livre libanaise face au dollar – une interdiction informelle pour les déposants d’accéder à leurs fonds. 

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