Les États-Unis d’Orient représentent une vision audacieuse d’un Proche-Orient réconcilié, où Israël et les États arabes formeraient une entité fédérale. Cette idée repose sur la fin des conflits religieux entre islam sunnite, islam chiite et judaïsme, à l’image du traité de Westphalie en 1648 qui mit fin aux guerres entre catholiques et protestants en Europe.
L’histoire démontre que la coexistence pacifique devient possible lorsque les antagonismes religieux cèdent la place à un consensus politique. Le concile Vatican II a marqué une rupture en condamnant l’antisémitisme et en apaisant les tensions entre christianisme et judaïsme. Aujourd’hui, le principal obstacle à une telle réconciliation réside dans la relation entre l’islam et le judaïsme. La signature d’un accord similaire à Westphalie garantirait une reconnaissance mutuelle des croyances et poserait les bases d’une nouvelle structure politique pour la région.
Une fédération regroupant Israël, le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Irak et potentiellement l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe offrirait un cadre de stabilité. Chaque entité conserverait son autonomie tout en participant à une gouvernance régionale commune. Israël cesserait d’être un État exclusivement juif, la Palestine trouverait une place viable dans cette union, tandis que la Syrie et l’Irak verraient leurs divisions internes atténuées par un système fédéral. L’Arabie Saoudite et les monarchies du Golfe, en intégrant cette structure, renforceraient leur influence dans une dynamique de coopération plutôt que de rivalité.
Plusieurs défis majeurs se posent. Les identités nationales et religieuses restent profondément ancrées, ce qui rend difficile toute idée d’intégration supranationale. La question palestinienne demeure une pierre d’achoppement incontournable. La rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran complique également la perspective d’un projet fédéral. Enfin, les grandes puissances, dont les intérêts stratégiques divergent, pourraient voir cette initiative comme une menace à leur influence dans la région.
Si ce projet peut sembler utopique, l’histoire prouve que des unions autrefois impensables ont vu le jour lorsque l’intérêt commun primait sur les divisions. L’Europe, après des siècles de conflits, a su bâtir une union politique et économique. Il n’est pas exclu qu’un jour, le Proche-Orient, lassé des guerres et des rivalités, trouve dans l’unité la clé de son avenir.
Bernard Raymond Jabre