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Les exigences des pays donateurs et les freins à la mise en œuvre des réformes au Liban

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Alors que le Liban se tourne vers la communauté internationale pour obtenir une aide essentielle à sa reconstruction à l’issue de cette nouvelle et ème guerre, les pays donateurs imposent des conditions strictes visant à garantir une gestion efficace et transparente des fonds. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes se heurte à des résistances politiques, des défis sociaux, et une méfiance généralisée envers les institutions locales.

Les réformes demandées par les donateurs : une condition sine qua non

Transparence et lutte contre la corruption

Les pays donateurs, notamment l’Union européenne et les États-Unis, insistent sur la transparence comme prérequis pour débloquer les fonds. Des audits indépendants, des plateformes numériques de suivi des dépenses publiques, et des mécanismes de contrôle rigoureux figurent parmi les mesures exigées.

Ces garanties visent à restaurer la confiance dans un système marqué par des décennies de corruption et de mauvaise gestion, où des milliards de dollars d’aides antérieures ont souvent été détournés ou mal utilisés.

Réformes économiques structurelles

La communauté internationale demande des réformes profondes pour rendre l’économie libanaise viable. Parmi ces exigences figurent :

  • La restructuration du secteur énergétique, qui engloutit chaque année des milliards de dollars en subventions inefficaces.
  • La réduction des subventions générales, particulièrement celles sur l’essence et l’électricité, en faveur de mécanismes ciblés pour les populations vulnérables.
  • Une refonte fiscale pour élargir la base d’imposition et accroître les revenus de l’État.

Ces réformes sont perçues comme essentielles pour stabiliser l’économie et attirer des investissements étrangers, mais elles s’accompagnent d’un coût social élevé, notamment pour les ménages les plus précaires.

Réformes institutionnelles et gouvernance

Les donateurs insistent également sur une modernisation des institutions publiques libanaises. Le ministère de l’Énergie, souvent critiqué pour son inefficacité, est en tête des priorités. Une meilleure gouvernance locale, particulièrement dans la gestion des projets de reconstruction, est également jugée cruciale.

Les freins à la mise en œuvre des réformes

La résistance politique interne

L’élite politique libanaise, accusée de protéger ses intérêts et ses réseaux clientélistes, oppose une résistance significative à toute réforme susceptible de menacer ses privilèges. Cette opposition se manifeste par des retards dans l’adoption des lois nécessaires et une mise en œuvre partielle ou inefficace des réformes.

La classe politique semble également réticente à céder le contrôle des projets de reconstruction à des entités indépendantes, ce qui renforce la méfiance des bailleurs de fonds.

Une société déjà éprouvée

La population libanaise, déjà frappée par une inflation galopante et un effondrement économique sans précédent, peine à absorber les conséquences sociales des réformes demandées. La suppression des subventions sur les produits de base a entraîné une augmentation des coûts de la vie, exacerbant la pauvreté et alimentant un mécontentement social croissant.

Cette pression sociale limite la marge de manœuvre des décideurs politiques, qui craignent des mouvements de protestation susceptibles de fragiliser davantage le pays.

Méfiance envers les institutions locales

Les scandales passés liés à la mauvaise gestion des aides internationales, notamment après l’explosion du port de Beyrouth en 2020, ont considérablement érodé la confiance des citoyens envers leurs institutions. Cette défiance complique l’acceptation des réformes et nourrit un scepticisme général envers les conditions imposées par les donateurs.

Une dépendance accrue aux organisations internationales

Le rôle du FMI et de la Banque mondiale

Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale jouent un rôle clé dans la structuration des programmes d’aide au Liban. Le FMI, par exemple, a conditionné son assistance à la mise en place de réformes telles que la restructuration du secteur bancaire et l’adoption d’un budget rigoureux.

Cependant, ces institutions sont souvent perçues comme imposant des politiques d’austérité qui aggravent les inégalités sociales, ce qui renforce la polarisation entre les élites et la population.

Les Nations Unies comme catalyseur

Les agences des Nations Unies, notamment le PNUD et l’UNICEF, collaborent avec les donateurs pour mettre en œuvre des programmes axés sur l’aide humanitaire et le développement durable. Ces initiatives, bien qu’essentielles, ne peuvent à elles seules pallier les lacunes structurelles du système libanais.

Une opportunité pour un nouveau départ ?

L’urgence de surmonter les blocages

Malgré les résistances, les exigences des donateurs offrent une opportunité unique pour le Liban de moderniser ses institutions et de restaurer sa crédibilité internationale. Une adoption rapide des réformes pourrait non seulement débloquer des fonds cruciaux, mais aussi jeter les bases d’une gouvernance plus efficace et transparente.

Les risques d’inaction

L’incapacité à mettre en œuvre ces réformes pourrait priver le Liban d’une aide internationale vitale, aggravant une crise économique et sociale déjà critique. Cette inaction risque également d’accentuer la dépendance du pays envers des acteurs non étatiques, comme le Hezbollah, qui profitent de l’effondrement des institutions pour renforcer leur influence.

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Newsdesk Libnanews
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