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Les Forces libanaises et la bataille pour l’Énergie : pourquoi ce ministère est-il stratégique ?

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Un ministère au cœur des tensions politiques

Hier, alors que les négociations pour la formation du gouvernement libanais touchaient à leur phase finale, un nouveau point de blocage est apparu : la revendication des Forces libanaises (FL) pour l’obtention du ministère de l’Énergie. Ce portefeuille est traditionnellement contrôlé par le Courant patriotique libre (CPL), formation dirigée par Gebran Bassil, et sa gestion a fait l’objet de nombreuses controverses ces dernières années.

Selon Al Akhbar, les Forces libanaises ont insisté sur la nécessité d’un changement de gestion radical du secteur énergétique, dénonçant les échecs successifs du CPL à garantir un approvisionnement stable en électricité et à moderniser l’infrastructure énergétique du pays​.

Pourquoi ce ministère est-il si convoité ?

Le ministère de l’Énergie est stratégique pour plusieurs raisons :

  1. Une emprise sur le réseau électrique national : Depuis des années, le CPL détient ce ministère, et malgré plusieurs plans de réforme annoncés, le Liban continue de subir des coupures d’électricité massives. La gestion de l’Électricité du Liban (EDL) reste un dossier brûlant.
  2. Un enjeu financier majeur : Le secteur de l’énergie représente une part importante du budget public. La mauvaise gestion des subventions et le financement des importations de carburant pour les générateurs privés pèsent lourdement sur l’économie nationale.
  3. Des projets d’investissement en attente : Plusieurs projets internationaux, notamment des accords avec l’Égypte et la Jordanie pour des livraisons de gaz et d’électricité, restent bloqués. Les Forces libanaises affirment qu’un ministère dirigé par leurs experts pourrait accélérer ces réformes.

D’après Al Joumhouriyat, cette bataille pour le contrôle du ministère dépasse largement la question de la gestion technique. Il s’agit d’un enjeu de pouvoir entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, deux adversaires politiques directs, qui cherchent chacun à renforcer leur influence en vue des prochaines échéances électorales​.

Le refus catégorique du Courant patriotique libre

Face aux revendications des Forces libanaises, le CPL de Gebran Bassil a immédiatement rejeté l’idée de céder le ministère. Hier, des sources proches du parti ont affirmé à Al Liwa’ que ce ministère ne pouvait pas être confié à un parti qui prône une rupture avec le système en place​.

Bassil considère l’attribution de ce portefeuille aux Forces libanaises comme une tentative de l’écarter progressivement des cercles du pouvoir. Son entourage craint également que, si les FL prennent le contrôle du ministère, ils révèlent des dossiers compromettants sur la gestion passée, ce qui pourrait affaiblir encore davantage le CPL.

La position de Nawaf Salam

Pris entre ces deux formations rivales, Nawaf Salam tente de jouer les équilibristes. Selon Al Sharq Al Awsat, il n’a pas encore tranché sur cette question, mais il considère la réforme du secteur de l’énergie comme une priorité absolue​. Salam pourrait opter pour une solution intermédiaire, en attribuant le ministère à une personnalité indépendante, évitant ainsi une confrontation directe entre les Forces libanaises et le Courant patriotique libre.

Cependant, cette solution ne satisferait ni les FL, ni le CPL, ce qui risque de ralentir davantage la formation du gouvernement.

Une impasse qui menace le processus gouvernemental

Alors que les tensions autour du ministère de l’Énergie s’ajoutent aux autres blocages (notamment la question du cinquième ministre chiite), l’absence de consensus complique l’annonce imminente du gouvernement.

Si aucun accord n’est trouvé, plusieurs scénarios sont envisageables :

  1. Les Forces libanaises obtiennent le ministère, ce qui marquerait une défaite politique majeure pour le CPL.
  2. Le CPL conserve l’Énergie, renforçant son ancrage dans le gouvernement, mais au prix d’une confrontation durable avec les Forces libanaises.
  3. Un candidat indépendant prend la tête du ministère, mais avec le risque qu’aucune réforme significative ne puisse être mise en œuvre en raison du manque de soutien politique.

En attendant, le Liban continue de subir une crise énergétique sans précédent, avec des coupures d’électricité de plus de 20 heures par jour dans certaines régions, et aucune solution immédiate en vue.

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Newsdesk Libnanews
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