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Pourquoi Nawaf Salam refuse-t-il d’accéder aux demandes du Hezbollah et d’Amal ?

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Un bras de fer qui paralyse la formation du gouvernement

Depuis la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre désigné, un bras de fer s’est installé entre lui et le tandem chiite Hezbollah-Amal. Le principal point de blocage reste la nomination du cinquième ministre chiite, une revendication clé du duo, qui insiste pour imposer son propre candidat, une pratique courante dans le partage du pouvoir au Liban.

Pour Nawaf Salam, céder sur ce point reviendrait à valider une logique de quotas confessionnels et d’ingérence partisane dans son gouvernement, alors qu’il défend l’idée d’un cabinet de technocrates compétents. Mais cette position rencontre une résistance ferme, d’autant que Hezbollah et Amal considèrent leur poids politique comme incontournable dans toute composition gouvernementale.

La position du tandem Hezbollah-Amal : un enjeu de pouvoir

Le Hezbollah et le mouvement Amal, dirigé par Nabih Berri, voient dans cette nomination une question de garantie politique. Depuis des années, ils s’assurent d’avoir un contrôle total sur certains ministères stratégiques, comme les Finances ou l’Intérieur. Pour eux, le refus de Salam de valider leur choix menace leur influence et pourrait ouvrir la voie à une remise en question de leur poids au sein de l’exécutif.

D’après Al Joumhouriyat, le Hezbollah a exprimé de vives réserves sur le choix proposé par Nawaf Salam, à savoir Lamia Moubayed, une économiste et technocrate connue pour ses critiques du système clientéliste libanais. Ce choix est perçu par le tandem chiite comme une tentative d’affaiblir leur contrôle sur les institutions financières et de gestion des ressources​.

En refusant de valider un nom plus consensuel, Nawaf Salam risque un blocage prolongé. D’autant que Nabih Berri a clairement signifié hier son mécontentement en boycotant la rencontre prévue à Baabda pour la finalisation du gouvernement​.

Pourquoi Nawaf Salam ne veut pas céder ?

Nawaf Salam a été choisi précisément parce qu’il représente une alternative réformiste face aux pratiques traditionnelles de partage du pouvoir au Liban. Dans plusieurs interventions récentes, il a insisté sur son engagement à former un gouvernement efficace, libre des contraintes partisanes qui ont paralysé les précédents exécutifs.

Hier, après sa réunion avec Joseph Aoun, il a réaffirmé cette position, déclarant : « Je refuse de former un gouvernement où des intérêts politiques priment sur l’intérêt national. Le Liban a besoin de ministres capables, pas de quotas politiques. »​.

Cependant, ce choix de confrontation pourrait s’avérer risqué. Les précédents Premiers ministres désignés, comme Mustapha Adib en 2020, avaient tenté une approche similaire avant de devoir jeter l’éponge face à la pression du Hezbollah et de ses alliés.

Un risque de vacance prolongée du pouvoir

Si aucun compromis n’est trouvé, le Liban pourrait rester sans gouvernement pendant encore plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ce scénario serait catastrophique pour un pays en crise économique et politique, nécessitant urgemment une gouvernance fonctionnelle pour négocier l’aide internationale.

D’après Al Sharq Al Awsat, des pressions internationales, notamment françaises et qataries, s’exercent en coulisses pour que Nawaf Salam et Hezbollah trouvent un terrain d’entente​.

Vers une sortie de crise ?

Trois scénarios semblent envisageables :

  1. Un compromis : Nawaf Salam accepte un candidat chiite validé par le tandem Amal-Hezbollah, ce qui pourrait permettre la formation rapide du gouvernement.
  2. Un blocage prolongé : Le refus de Salam entraîne un enlisement des discussions, mettant son mandat en péril.
  3. Un retrait de Nawaf Salam : Si les tensions s’aggravent, il pourrait démissionner, ouvrant la voie à une nouvelle crise institutionnelle.

L’issue dépendra des prochains jours de négociation, où Nawaf Salam devra décider s’il tient tête au Hezbollah ou s’il accepte des compromis pour sortir de l’impasse.

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Newsdesk Libnanews
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