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Les Forces Libanaises et le Hezbollah : un affrontement politique qui s’intensifie

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Une opposition frontale à la participation du Hezbollah

Depuis plusieurs années, Samir Geagea, chef des Forces Libanaises (FL), s’impose comme l’un des plus farouches opposants à l’influence du Hezbollah au Liban. Dans le contexte actuel de crise politique, il a réaffirmé son rejet catégorique de toute participation du parti chiite au gouvernement dirigé par Nawaf Salam, considérant que « la présence du Hezbollah empêche toute relance économique et bloque les réformes nécessaires à la sortie de crise »​.

Dans une déclaration récente, Geagea a insisté sur l’idée que tout cabinet ministériel incluant le Hezbollah serait condamné à l’échec, estimant que « tant que ce groupe armé dictera la politique de l’État, le Liban restera isolé sur la scène internationale ». Il pointe du doigt la mainmise du Hezbollah sur plusieurs institutions stratégiques, notamment le ministère des Finances et celui de l’Énergie, qui ont selon lui permis au parti chiite de contrôler les flux économiques du pays​.

L’opposition de Geagea au Hezbollah ne date pas d’hier. Depuis le retrait des forces syriennes du Liban en 2005, il a progressivement structuré son discours autour de la lutte contre l’influence iranienne dans le pays, faisant des Forces Libanaises le principal parti chrétien en confrontation directe avec le Hezbollah. Son argument principal repose sur le fait que la présence d’un « État dans l’État », avec un groupe armé imposant ses conditions, empêche toute normalisation des relations du Liban avec la communauté internationale. Cette vision est particulièrement soutenue par les alliés occidentaux et les pays du Golfe, qui voient en Geagea un acteur clé du bloc anti-Hezbollah​.

Malgré son positionnement frontal, Geagea sait que l’exclusion totale du Hezbollah du jeu politique reste difficile à obtenir, tant l’influence du parti chiite est enracinée dans les institutions et la société libanaise. Toutefois, en adoptant un discours intransigeant, il cherche à se positionner comme l’homme fort de l’opposition, attirant ainsi les factions libanaises qui refusent toute cohabitation avec le Hezbollah et espérant renforcer son rôle politique dans les prochaines échéances électorales​.

Une position alignée sur les pressions internationales

La position de Samir Geagea contre la participation du Hezbollah au gouvernement libanais ne se limite pas à une simple posture interne. Elle s’inscrit également dans un alignement stratégique avec les États-Unis, l’Arabie saoudite et plusieurs pays européens, qui considèrent le Hezbollah comme un facteur de déstabilisation pour le Liban et un obstacle aux réformes économiques. Selon Al Akhbar (08/02/2025)Geagea a profité de l’intensification des pressions internationales contre le Hezbollah pour se positionner comme l’interlocuteur privilégié des puissances occidentales et du Golfe​.

Lors d’une réunion avec des diplomates européens à Beyrouth, Geagea a mis en garde contre les conséquences de l’inaction face à la présence du Hezbollah au sein du gouvernement, affirmant que « le Liban ne pourra pas sortir de la crise tant qu’un groupe armé dicte sa politique à l’État ». Cette déclaration intervient alors que Washington et Riyad renforcent leurs efforts diplomatiques et économiques pour marginaliser le Hezbollah, conditionnant notamment leur aide financière au Liban à l’exclusion du parti chiite des instances gouvernementales​.

La proximité de Geagea avec les puissances occidentales et du Golfe s’explique par sa volonté de redéfinir les alliances internes du Liban. Il cherche à positionner les Forces Libanaises comme le principal rempart contre l’influence iranienne, espérant ainsi consolider un axe chrétien-sunnite face au Hezbollah et à ses alliésCette stratégie vise à attirer le soutien des chancelleries occidentales et à renforcer son image de leader incontournable de l’opposition​.

Toutefois, cet alignement suscite des critiques. Certains analystes estiment que Geagea ne fait qu’exécuter un agenda dicté par des puissances étrangères, sans proposer de solution viable pour stabiliser le Liban. D’autres lui reprochent de rendre la scène politique encore plus polarisée, ce qui pourrait compliquer davantage la formation d’un gouvernement et aggraver la crise institutionnelle actuelle​.

Une confrontation politique qui s’intensifie

Les déclarations de Samir Geagea contre la participation du Hezbollah au gouvernement ont immédiatement provoqué une réaction virulente de la part du parti chiite et de ses alliés. Selon Al Joumhouriyat (08/02/2025)des responsables du Hezbollah ont accusé Geagea de vouloir semer la division et d’exacerber les tensions confessionnelles. Un cadre influent du mouvement a déclaré que « les Forces Libanaises suivent un agenda dicté par l’étranger, cherchant à affaiblir la résistance au profit des intérêts américains et saoudiens »​.

Cette escalade verbale s’est également traduite par des tensions accrues sur le terrain. Des sources sécuritaires ont signalé des incidents entre partisans des Forces Libanaises et du Hezbollah, notamment dans certaines localités où les deux camps ont une forte présence, comme le nord du Liban et certaines zones de la Békaa. Selon Al Liwa’ (08/02/2025)des accrochages ont eu lieu entre militants des deux formations, illustrant l’impact direct de cette montée des tensions politiques sur la situation sécuritaire​.

Les Forces Libanaises, de leur côté, continuent de renforcer leur réseau local, cherchant à mobiliser leur électorat autour d’un discours axé sur la souveraineté et la nécessité de « désarmer les milices ». Geagea affirme que « le Liban ne pourra jamais se relever tant que des armes illégales restent aux mains d’un parti qui dicte ses conditions à l’État », une déclaration qui s’inscrit dans la ligne des revendications portées par les opposants au Hezbollah​.

Cependant, certains analystes mettent en garde contre les risques d’une polarisation accrue, qui pourrait compromettre davantage les efforts de formation d’un gouvernement et alimenter un climat d’instabilité. Selon des observateurs cités par Al Joumhouriyat (08/02/2025), la position radicale de Geagea le place en chef de file d’un bloc anti-Hezbollah, mais elle réduit aussi ses chances de faire partie d’un éventuel gouvernement d’union nationale, qui reste une option envisagée par certains acteurs internationaux​.

Loin d’être une simple divergence politique, le face-à-face entre Geagea et le Hezbollah s’inscrit dans une dynamique plus large de réorganisation du paysage politique libanais, sous l’influence de facteurs régionaux et internationaux qui cherchent à remodeler les équilibres du pouvoir​.

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Newsdesk Libnanews
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