La crise entre le gouvernement de Nagib Mikati et les militaires retraités s’est intensifiée aujourd’hui, aboutissant au report du Conseil des ministres, initialement prévu pour discuter du projet de budget 2025. Ce dernier fait l’objet de vives critiques de la part des retraités, qui dénoncent une absence de mesures concrètes pour améliorer leurs conditions de vie. La tension est montée d’un cran lorsque ces derniers ont bloqué plusieurs points d’accès au Grand Sérail, en allumant des feux de pneus et en perturbant la circulation.
Hier déjà, les militaires retraités avaient exprimé leur mécontentement en menaçant de bloquer la séance si leurs revendications n’étaient pas intégrées à l’ordre du jour. Ils protestaient contre une politique qu’ils jugent discriminatoire, en particulier la non-prise en compte de la réforme des salaires et des traitements dans le budget proposé. Nagib Mikati avait alors déclaré être « étonné » par l’escalade des manifestations, soulignant que les discussions sur le budget n’avaient même pas encore commencé.
Aujourd’hui, la situation s’est aggravée avec l’annonce de plusieurs arrestations et une forte présence des forces de l’ordre autour de la Place Riad el Solh. Malgré les tentatives de dialogue du conseiller en communication du Premier ministre, Farès Jemayel, qui a tenté de calmer les esprits en évoquant des aides sociales temporaires, les militaires retraités ont maintenu la pression. Ils exigent désormais une révision complète de l’ordre du jour de la réunion du gouvernement, ainsi que des garanties écrites sur la satisfaction de leurs revendications.
Le général retraité et ancien député, Chamel Roukoz, s’est joint aux manifestants, appelant à la révision du projet de loi de finances, qu’il accuse de taxer les plus pauvres sans résoudre les vrais problèmes du pays. Il a exhorté le gouvernement à utiliser des fonds issus du soutien international, des mécanismes financiers et de la lutte contre la corruption pour financer les besoins des militaires et des autres employés du secteur public.
Cette confrontation met en lumière la profondeur du malaise social au Liban, où les retraités, de plus en plus appauvris par l’hyperinflation, dénoncent l’incapacité de l’État à répondre à leurs besoins. Pour André Abou Machar, un autre leader du mouvement, l’annulation de la séance n’est qu’un premier pas, et les manifestations continueront jusqu’à ce que le gouvernement s’engage clairement et par écrit à revoir le projet de loi de finances.
Ce bras de fer, qui paralyse une partie du centre-ville de Beyrouth, met également en lumière les critiques plus larges à l’encontre du budget 2025. Le projet de loi est accusé de maintenir des solutions temporaires sans toucher aux réformes structurelles nécessaires, comme la lutte contre la corruption et le recouvrement des fonds publics détournés, des exigences désormais au cœur des revendications des manifestants.