Lettre ouverte à Mr Nicolas Tueni, nouveau ministre d’Etat pour la lutte contre la corruption

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Mr Tueni,

Vous êtes, vous aussi, le bien (nouveau) venu dans ce nouveau gouvernement, et la seule information qui nous est parvenue à travers les medias est votre appartenance à une famille orthodoxe de Beyrouth, activiste et industriel –

Mr le Ministre,

Que venez-vous faire parmi ces loups ? Savez-vous que le mot « corruption » est la bête noire de tout le monde (députés, ministres, chefs de parti, responsables, présidents et membres de municipalités, etc…) depuis la nuit des temps et qu’aucun de nos dirigeants libanais n’a pris la peine de trouver une solution ou du moins présenter un plan d’action ? Vous avez une lourde responsabilité, un lourd fardeau et plein d’embuches –

Mais une question que je me pose en bon citoyen naïf : Que veut dire corruption et comment envisagez-vous de lutter contre ce fléau? Avez-vous un plan, une vision ou des bases de travail?  Vous avez bien déclaré il y a quelques jours : “L’archevêque Matar m’a donné ses directives nationales liées à la lutte contre la corruption et la pauvreté”, promettant, d’œuvrer dans le cadre du gouvernement libanais pour lutter contre ces phénomènes. Avec tout le respect que je vous dois, pourquoi faut-il qu’un homme de clergé vous donne ses directives ? La corruption a-t-elle aussi plongé dans le giron du confessionnalisme politique ?

Comment créer un nouveau ministère si les bases ne sont pas mises, ou méconnues du public ? Quel est votre rôle ? Allez-vous vous mettre tout le monde sur le dos ? Un ministère d’Etat ? Qu’es ce que cela veut dire ? Si la corruption est un sujet important, pourquoi ne pas créer un ministère normal, avec budget, directeur général, employés, statuts, procédures, plans d’action etc… ?

Mr le Ministre,

Il ne suffit pas d’être ministre – même sans portefeuille -, il faut agir et laisser des traces derrière vous et marquer votre passage dans ce gouvernement, vous qui êtes un activiste et industriel aussi – Votre ministère est super important, votre tâche est très longue, très politisée et même presque impossible – Savez-vous qu’il y a des moyens instaurés internationalement par les Nations Unis afin de lutter contre la corruption ? Savez-vous par exemple que le 9 décembre, c’est la journée internationale de lutte contre ce fléau ? Que fait, ou plutôt que va faire le Liban? Le citoyen a besoin de savoir. Pour votre information et celle des lecteurs, je vous relate ci-après quelques-uns (Source : Office des Nations Unies contre la drogue et le crime) :

  • Informer le citoyen de l’obligation qui incombe à l’État d’être exempt de corruption. Une justice égale et équitable pour tous est cruciale pour la stabilité et la croissance d’un pays. Elle contribue également à lutter efficacement contre la criminalité.
  • Apprendre aux jeunes  – hommes et femmes de demain – ce qu’est un comportement éthique, ce qu’est la corruption et comment la combattre, et les encourager à revendiquer le droit à l’éducation. Élever les futures générations de citoyens dans l’idée que les pays exempts de corruption est un des moyens les plus efficaces de leur garantir un avenir meilleur.
  • Signaler les cas de corruption. Il faut créer un environnement dans lequel prévaut l’État de droit et réinstaurer les institutions étatiques
  • Refuser de participer à toute activité qui ne soit ni légale ni transparente. Accroître les investissements. Tout le monde préfère investir dans un pays dont on voit que les fonds ne disparaissent pas dans les poches de fonctionnaires corrompus.
  • Favoriser la stabilité économique en pratiquant la tolérance zéro vis-à-vis de la corruption. Un milieu d’affaires transparent et ouvert est la pierre angulaire d’une démocratie solide.

Comme tous vos collègues ministres, nouveaux ou anciens venus, votre séjour à la tête de ce ministère est censé durer quelques mois – Durant cette période, nous, citoyens libanais (et fiers de l’être), nous ne vous demandons qu’une seule chose : œuvrer et préoccuper-vous de votre ministère –

Essayer d’œuvrer afin de créer pour les générations futures et gouvernements qui vous succèderont, un ministère de lutte contre la corruption –

Activiste, vous êtes bien places pour connaitre les rouages de cette corruption et vous pouvez trouver des solutions rapides et œuvrer a les instaurer – Tendez la main aux différentes ONG qui peuvent vous aider dans votre tâche –

Si votre gouvernement est vraiment celui de la dernière chance, allez ……au travail au service du citoyen et bonne chance.

Dans six mois, le citoyen (vous) jugera…

Fouad Salha
Economiste de formation, Fouad A Salha est l’auteur de plusieurs articles et opinions allant de la politique aux problèmes sociaux. Citoyen libanais et fier de l’être, il est actuellement membre du mouvement de la citoyenneté œuvrant pour la promotion des droits et respects du citoyen, de la démocratie et de la réforme

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