Au 3ème mois de manifestations – elles avaient débuté dans la nuit du 17 octobre 2019 -, la situation n’est toujours pas revenue à la normale, avec la crise économique qui se poursuit et qui s’est dédoublée par une crise politique avec l’absence de gouvernement fonctionnel au Liban, depuis la démission du Premier Ministre Saad Hariri, le 29 octobre 2019.

Pour rappel, les manifestations au centre-ville de Beyrouth avaient débuté suite au projet du ministre des télécoms d’instaurer une taxe sur les télécommunications VOIP de type WhatsApp. Elles avaient rapidement dégénéré le soir même, suite à une fusillade avec les gardes du corps du convoi du ministre de l’éducation Akhram Chéhayeb pour s’étendre à l’ensemble du Pays.
À la dénonciation d’une taxe, rapidement, le mouvement de protestation a exigé le retrait d’une classe politique dans son ensemble qu’elle accuse d’être corrompue et d’avoir mené le pays des cèdres à la quasi-faillite économique.
Cependant, la situation économique avait commencé à se dégrader bien avant la naissance de ce mouvement. Dès l’été, certains signes apparaissaient déjà au grand jour, alors que les experts économiques mettaient en garde contre une crise d’une ampleur jamais connue au Liban en raison d’un fort endettement public atteignant désormais 154% du PIB et des conséquences socio-économiques majeures, avec 30% à 40% de la population active au chômage.

Les forces politiques libanaises font ainsi le chaud et le froid depuis la désignation, mi-décembre seulement, du Premier Ministre Hassan Diab. Alors qu’hier tous les signaux passaient au vert pour la proclamation d’un nouveau gouvernement suite à une rencontre entre Hassan Diab et le président de la chambre des députés Nabih Berri, de nouveaux écueils sont apparus, en raison, officieusement de problèmes quant à l’attribution du portefeuille ministériel druze revenant normalement à Talal Arslan. Ce dernier souhaiterait ainsi obtenir le portefeuille de l’industrie.

Alors que l’annonce de la formation du prochain gouvernement semblait être imminente, des rumeurs faisant état d’une grève générale ont rapidement circulé hier avec celles de la fermeture de route pour ce vendredi.

Aujourd’hui, ainsi, de nombreuses routes sont tantôt fermées à la circulation tantôt ouvertes comme aujourd’hui.

Dans la capitale, la circulation est toujours interrompue au niveau du Ring Fouad Chéhab depuis cette nuit, tout comme dans le quartier de Hamra, où des incidents moins importants qu’il y a 2 jours ont également eu lieu. Des slogans hostiles au gouverneur de la Banque du Liban (BDL) ont été entendus.

Plusieurs vitrines de banques y ont été à nouveau vandalisées alors que l’essentiel des personnes arrêtées, il y a 2 jours, auraient été libérées. Seuls demeurent des individus de nationalité étrangère, présents sur les lieux des incidents mais non impliqués dans ces derniers, en prison, indiquent des sources judiciaires.

L’accès à la capitale via Dora était obstrué ce matin par un barrage routier tout comme à Nahr el Mott alors qu’une marche étudiante à actuellement lieu à Jal el Dib.

L’autoroute au niveau de Zouk Mosbeh au Nord de la Capitale, ainsi qu’au niveau de Jiyeh au Sud a été momentanément interrompue au trafic routier ce matin. La circulation a pu reprendre normalement ensuite.

Un incident s’est également produit au niveau de la route rapide du Metn avec une altercation entre manifestants et armée libanaise, comme on peut le voir sur une vidéo qui circule actuellement sur les réseaux sociaux.

Ailleurs, à Jounieh, des manifestations ont toujours lieu devant la place principale de la ville. Des étudiants ont fermé les bureaux locaux de la société Alfa et d’Ogero.

À Mazraat Yachou, des pneus ont été mis en feu au niveau du carrefour principal de la localité.

Au niveau de l’autoroute de Jbeil/Byblos, des convois de voitures circulent sur cet axe à faible vitesse, provoquant des embouteillages.

À Batroun, des écoles privées ont choisi de fermer leurs portes, tout comme à Tripoli, plus au Nord.

Toujours à Tripoli, des manifestants ont coupé la route internationale au rond point de Palma dans les deux sens avec des pneus en feu et des cubes de béton dès l’aube. L’autoroute à Wadi Hub qui relie la région d’Abi Samra au district de Koura au sud et au district de Zgharta est interrompue à la circulation.

À Hasbaya, une marche des écoliers a également lieu. Ils dénoncent l’aggravation des conditions sociales et économiques.

Un commentaire?