Liban : la société civile dit oui à la préservation du port phénicien de Minet el-Hosn (vidéos)

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La société civile, représentée par l’Association pour la Protection du Patrimoine Libanais a manifesté vendredi devant l’installation portuaire de Minet el-Hosn pour dire non à la destruction de ce port. Seuls quelques archéologues courageux  ont brisé la loi du silence et étaient présents, alors que les autres ont préféré observer une omerta – imposée ou volontaire, il est difficile de le savoir. Par contre, cette fois-ci, après un mutisme médiatique depuis novembre dernier, la présence des chaînes de télévisions et des représentants des médias s’est fait clairement remarquer, enregistrant de la sorte une nouvelle avancée dans le dossier du port, notamment via un article publié par Sandra Noujaim dans l’Orient-le-Jour. Vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse de l’APPL traduit par notre collaboratrice Marie-Josée Rizkallah, ainsi que deux vidéos, l’une comportant le discours de la présidente de l’APPL Pascale Ingea filmé par François El Bacha, et l’autre présentant un diaporama de l’évènement réalisé par Brahim Najem. Ci-joint également un album photos prises par François El-Bacha.

“Le 22 juin 2012, à 18h, l’Association pour la préservation du patrimoine libanais (APPL), en coordination avec des activistes de la société civile, a organisé un rassemblement populaire et pacifique au centre-ville de Beyrouth, tout le long du rempart ouest de la parcelle 1398 à Minet el-Hosn (projet Venus Towers), qui abrite une installation portuaire désignée par le port phénicien de Minet el-Hosn. Les manifestants ont demandé la préservation de ces cales phéniciennes, refusant leur destruction ou toute tentative de démantèlement.

Vidéo de François el Bacha

La présidente de l’APPL, Pascale Ingea, a prononcé un discours au nom des manifestants, saluant les personnes présentes et absentes, ainsi que tous ceux qui se sont récemment  joints à cette campagne, remerciant les médias, notamment ceux qui étaient présents pour assurer une couverture de l’évènement.

« Nous déclarons que chaque citoyen libanais sensé ne peut qu’approuver notre mouvement dont l’objectif, en premier lieu, se résume à une seule phrase : le massacre des sites archéologiques au Liban doit s’arrêter immédiatement. Grâce à votre détermination et votre soutien, nous atteindrons assurément cet objectif, inchallah, et personne ne pourrait mettre un terme à notre noble parcours au service de l’intérêt du peuple libanais et pour la sauvegarde de ses racines, sa culture et son Histoire ».

Ingea s’est ensuite adressée au président de la République Michel Sleimane : « Nous sommes réunis aujourd’hui pour dire non à la destruction ou au démantèlement du port phénicien de Minet el-Hosn. Monsieur le président de notre chère République libanaise, vous qui êtes le garant de la Constitution, comme vous aviez estimé qu’il n’y a pas de Phéniciens sans le « Tell Phénicien », nous ajoutons qu’il n’y a pas de Phéniciens sans « un port phénicien », et qu’il ne peut y avoir de port sans un bassin et des cales de radoube consacrées aux navires phéniciens ».

Et d’ajouter « Le choix est entre vos mains, pour mettre un terme à cette mascarade, puisque ceux qui sont censés être les garants actuels de notre patrimoine et de notre civilisation sont en train d’agir selon une logique contradictoire et dangereuse ; au lieu d’avoir comme but principal la protection in-situ du plus grand nombre de sites archéologiques, sans aucune altération, afin de les conserver dans leur intégralité, ils optent pour la voie opposée, et leurs priorités deviennent les projets immobiliers avec leurs immeubles, leurs appartements, leurs commerces, et surtout leurs parkings. Et les sites archéologiques découverts ne sont pris en compte que si leurs emplacements correspondent aux plans de ces projets ??? (en réalité, avec une telle catégorie de responsables, dans quelle piètre situation se trouve la Culture au Liban). Notre patrimoine est un trésor inestimable qui fait partie de notre culture, et nous sommes tous sans exception tenus à protéger tout ce qui est en relation avec cette culture ».

La présidente de l’APPL a estimé qu’il s’agit d’une première dans l’Histoire du Liban, qu’un ministre de la Culture tente d’annuler les décisions de trois de ses prédécesseurs via lesquelles des sites ont été classés sur l’Inventaire Général des Monuments Historiques … « Ceci est inacceptable. Il vaut mieux prendre ses gardes lorsque le peuple, source de toutes les Pouvoirs,  s’indigne : parce que le peuple n’oublie pas et n’a pas de pitié ».

Ensuite Ingea a donné d’avantages d’informations concernant ce site phénicien en disant « Tout le monde doit savoir que ce site a été soumis à l’expertise d’un grand nombre d’archéologues spécialisés, et qu’il a été officiellement reconnu en 2011 pour être un site qui doit être sauvegardé en son intégralité in-situ, et que l’ancien ministre Salim Wardy a décidé de le classer sur l’Inventaire Général des Monuments Classés le 4 avril 2011 (décision ministérielle n˚25). Suite à cette décision, un grand nombre d’archéologues et d’experts locaux et internationaux, ont confirmé l’importance et la singularité de ce site, notamment l’archéologue œuvrant de près avec le ministre de la Culture actuel, le premier responsable technique à la DGA.

S’adressant à ceux qui sont chargés de la protection du patrimoine libanais et à leur tête le ministre Gaby Layoun, Ingea a martelé « ôtez vos mains du port de nos ancêtres phéniciens à Mina el-Hosn, c’est un site archéologique unique en son genre, quoique vous dites et quoique vous essayez de faire, il constitue une partie de notre héritage culturel et demeure la propriété du peuple libanais, et vous êtes tenus de le garder intact, tout en sachant que ces cales sont entièrement taillées dans le roc.

La présidente de l’APPL a clôt son discours en répondant aux déclarations du ministre niant l’existence de son association alors qu’il se prononçait sur le recours en justice fait par l’APPL et accepté par le Conseil d’Etat libanais qui a suspendu la décision ministérielle concernant l’hippodrome romain de Wadi Abou Jmil. « Nous ne défendons point des intérêts personnels, mais nous sommes en train de protéger le patrimoine du peuple libanais qui est à la base de notre culture, ce patrimoine qui est la mémoire de nos aïeux et qui sera la mémoire des générations à venir. L’Histoire du Liban est la propriété de son peuple et de toute la nation libanaise ; ceux qui effacent cette mémoire ressemblent à ceux qui déformes les réalités historiques, et de la sorte n’existent plus ».

Les manifestant de leurs côtés ont brandi des slogans où l’on pouvait lire « Le choix est entre vos mains, monsieur le président » ; « c’est un port phénicien, quoique vous fassiez et quoique vous dites » ; « Ce patrimoine est le nôtre, et ces vestiges sont notre propriété … votre devoir est de les préserver » ; « vous êtes les garants de notre patrimoine, sauvez-le ou bien … ».”

A l’issue du discours de la présidente de l’Association, les manifestants ont laissé des messages sur un grand panneau qui sera remis au ministère d la Culture, puis ont lancé plus d’une centaine de bateaux en papier portant le logo de l’association et sur lesquels le message suivant pouvait être lu : « Ne touchez pas à notre port phénicien ». La manifestation s’est achevée vers les 19h.

Vidéo de Brahim Najem – APPL

Libnanews

Pour plus d’infos sur le dossier du port phénicien, voir la liste de liens des articles en cliquant ici

La Redac
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