Le 27 mars 2025, le sud du Liban a été secoué par une nouvelle série d’attaques israéliennes visant des membres présumés du Hezbollah, en violation flagrante du cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024. L’armée israélienne a revendiqué des frappes à Yohmor et l’élimination d’un commandant de la force Radwan à Derdghaya, exacerbant les tensions dans une région déjà fragilisée par la guerre de 2024. Ces opérations, contraires à l’accord de trêve, s’ajoutent à une liste croissante de violations israéliennes ayant causé au moins 135 morts depuis novembre, menaçant une paix précaire.
Une frappe à Yohmor contre l’accord de trêve
L’armée israélienne a annoncé avoir attaqué, le jeudi 27 mars, un groupe de combattants du Hezbollah dans la région de Yohmor, district de Nabatiyé, au sud du Liban. Ces individus, identifiés comme transportant des armes, ont été visés par une frappe aérienne, tuant trois personnes selon le ministère de la Santé libanais. Cette opération, qui a ciblé une voiture à Yohmor El-Chakif, est une violation directe du cessez-le-feu, qui interdit toute action militaire offensive dans la zone tampon au sud du fleuve Litani. Des images de véhicules blindés israéliens, datées du 23 mars, montrent une présence militaire persistante près de la frontière, en contradiction avec l’engagement de retrait progressif prévu par l’accord.
Élimination d’un commandant Radwan : une nouvelle entorse
Dans la nuit du mercredi 26 au jeudi 27 mars, une seconde frappe israélienne a éliminé Ahmad Adnan Bajjiga, présenté comme un commandant de bataillon de la force Radwan, unité d’élite du Hezbollah. Cette attaque, menée à Derdghaya près de Sour, est également contraire au cessez-le-feu, qui proscrit les assassinats ciblés et les opérations au-delà de la ligne de démarcation. L’armée israélienne a justifié cette frappe en affirmant que Bajjiga avait dirigé des attaques contre des civils et soldats israéliens pendant et après la guerre de 2024, constituant une menace persistante. Une vidéo de l’opération montre une frappe précise, soulignant l’intention délibérée d’Israël de poursuivre ses objectifs militaires malgré la trêve.
Un cessez-le-feu bafoué par des violations répétées
L’accord du 27 novembre 2024, négocié par les États-Unis et la France, avait mis fin à deux mois de guerre intense entre Israël et le Hezbollah. Il stipulait un retrait israélien du sud du Liban d’ici fin janvier 2025, un redéploiement du Hezbollah au nord du Litani, et une zone tampon sous contrôle de l’armée libanaise et de la FINUL. Cependant, Israël a multiplié les violations depuis l’entrée en vigueur de la trêve, causant au moins 135 morts selon les bilans disponibles. Voici les principales infractions recensées :
- 2 décembre 2024 – Frappe à Haris et Tallousa : Des bombardements dans le sud tuent 11 personnes, visant des cibles présumées du Hezbollah.
- 15 décembre 2024 – Survols de drones à Baalbek : Des drones israéliens violent l’espace aérien libanais dans la Békaa, sans pertes humaines signalées.
- 25 janvier 2025 – Attaque sur des civils à la frontière sud : L’armée israélienne ouvre le feu sur des déplacés tentant de rentrer, faisant 24 morts et 134 blessés.
- 28 janvier 2025 – Bombardement à Nabatiyé : Une frappe cause 24 blessés, sans décès confirmés dans les rapports initiaux.
- 10 février 2025 – Incursion à Maroun el-Ras : Une unité israélienne pénètre de 2 km en territoire libanais, sans pertes signalées.
- 27 février 2025 – Attaque de drones à Hermel : Deux personnes sont tuées dans une frappe ciblée.
- 27 mars 2025 – Frappes à Yohmor et Derdghaya : Trois morts, dont Bajjiga, dans des attaques visant des combattants.
Ces violations, justifiées par Israël comme des mesures défensives, contreviennent aux termes du cessez-le-feu, qui limite les actions militaires à des cas de légitime défense immédiate et concertée avec la FINUL. Depuis novembre, ces incidents ont porté le bilan à au moins 135 morts, selon une compilation des données officielles libanaises.
Contexte d’une guerre aux séquelles profondes
La guerre de 2024 a laissé le Liban exsangue, avec plus de 4 000 morts avant le cessez-le-feu, des villages rasés et un million de déplacés. Le Hezbollah, malgré la perte de Hassan Nasrallah en septembre 2024, conserve une capacité de riposte, tandis qu’Israël cherche à empêcher toute reconstitution de ses forces près de la frontière. Ces frappes, bien que présentées comme préventives, sapent les efforts de stabilisation et prolongent l’insécurité dans le sud, où les 135 morts post-trêve témoignent de l’échec partiel de l’accord.
Impact sur la population et la région
Les habitants du sud, encore traumatisés par les combats de 2024, vivent dans la peur d’une nouvelle guerre. Les frappes récentes ont poussé des familles à fuir Yohmor et Derdghaya, tandis que les agriculteurs abandonnent leurs terres, aggravant la crise alimentaire. L’armée libanaise et la FINUL, chargées de maintenir la paix, se retrouvent dépassées, incapables d’empêcher ces violations face à des moyens limités.
Sur le plan régional, ces attaques risquent de provoquer une réponse du Hezbollah, soutenu par l’Iran, qui a promis des représailles. Une escalade pourrait impliquer d’autres acteurs, comme la Syrie, et déstabiliser davantage le Proche-Orient.
Réactions internationales et diplomatie en échec
Les États-Unis et la France, médiateurs de la trêve, ont appelé à la retenue, mais leurs efforts peinent à contenir la spirale de violence. La visite de Jean-Yves Le Drian à Beyrouth le 27 mars, visant à renforcer la souveraineté libanaise, semble éclipsée par ces événements. L’Iran, de son côté, condamne Israël et réaffirme son soutien au Hezbollah, alimentant les craintes d’un conflit élargi.