mardi, avril 29, 2025

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Liban : une explosion des maladies infectieuses menace une population déjà fragilisée

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Le Liban, englué dans une crise multidimensionnelle, fait face à une nouvelle menace : une hausse alarmante des maladies infectieuses liée à la dégradation accélérée de ses infrastructures sanitaires. « Le nombre de cas de maladies liées à l’eau contaminée, comme la typhoïde et l’hépatite A, a doublé en un an. Les réseaux d’assainissement sont défectueux dans plusieurs régions, et l’eau potable n’est plus garantie par l’État », rapporte un quotidien local. Ce constat, fruit d’un manque criant d’investissements et d’une pollution généralisée, expose des millions de Libanais à des risques sanitaires croissants, mettant sous pression un système hospitalier déjà au bord de l’effondrement. Sans mesures urgentes, cette situation pourrait dégénérer en une crise sanitaire majeure.

Une flambée de maladies évitables

Les chiffres sont éloquents : en l’espace d’un an, les cas de typhoïde et d’hépatite A, deux infections directement liées à la consommation d’eau contaminée, ont doublé. La typhoïde, causée par la bactérie Salmonella typhi, se transmet par l’ingestion d’eau ou d’aliments souillés, tandis que l’hépatite A, un virus affectant le foie, prospère dans des conditions d’hygiène dégradées. Ces maladies, autrefois sous contrôle dans un Liban connu pour ses standards sanitaires élevés, refont surface à un rythme inquiétant. Dans des régions comme la Bekaa, Tripoli et le sud du pays, les hôpitaux signalent une recrudescence de patients présentant des fièvres persistantes, des jaunisses et des symptômes gastro-intestinaux graves, signes distinctifs de ces pathologies.

Cette explosion est attribuée à la déliquescence des réseaux d’assainissement. « Les réseaux sont défectueux dans plusieurs régions », souligne le rapport, pointant des infrastructures vétustes ou endommagées, incapables de traiter les eaux usées. À Beyrouth, par exemple, les égouts débordent régulièrement dans les rues lors des pluies, contaminant les nappes phréatiques. Dans la Bekaa, des décennies de négligence ont laissé des stations d’épuration à l’abandon, tandis que les bombardements de la guerre récente avec le Hezbollah ont détruit des conduites essentielles dans le sud. Résultat : l’eau dite « potable », distribuée par l’État via des réseaux publics, est souvent mélangée à des eaux usées ou polluée par des bactéries, rendant sa consommation dangereuse.

Un système sanitaire en ruine

Le manque d’investissements dans les infrastructures sanitaires est au cœur de cette crise. Avant l’effondrement économique de 2019, le Liban consacrait déjà une part insuffisante de son budget à l’entretien des réseaux d’eau et d’assainissement, estimée à moins de 2 % du PIB selon des rapports internationaux de 2018. Depuis, la situation s’est aggravée : la crise financière, marquée par un défaut de paiement sur la dette publique en 2020 et une dévaluation de la livre de plus de 98 %, a vidé les caisses de l’État. Les quatre établissements publics responsables de l’approvisionnement en eau – Beyrouth-Mont-Liban, Bekaa, Nord et Sud – fonctionnent avec des budgets squelettiques, incapables de financer les réparations ou l’achat de pièces de rechange pour des pompes et des filtres hors d’usage.

À cela s’ajoute une pollution généralisée. Les rivières, comme le Litani dans la Bekaa, sont devenues des dépotoirs à ciel ouvert, charriant des déchets industriels, agricoles et domestiques. Une étude de l’Université américaine de Beyrouth en 2023 révélait que 80 % des sources d’eau douce du pays contiennent des niveaux élevés de coliformes fécaux, rendant l’eau impropre à la consommation sans traitement poussé. Mais les pannes électriques chroniques – jusqu’à 22 heures par jour dans certaines zones – empêchent les stations de traitement de fonctionner correctement, tandis que le manque de carburant paralyse les générateurs de secours. « L’eau potable n’est plus garantie par l’État », confirme le constat, une réalité que les Libanais compensent en achetant de l’eau en bouteille ou via des citernes privées, un luxe inaccessible pour les 80 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU.

Une population vulnérable

Cette dégradation touche une population déjà fragilisée par six ans de crise économique et politique. Avec un pouvoir d’achat en chute libre, les familles modestes n’ont ni les moyens d’acheter de l’eau purifiée ni d’accéder à des soins médicaux adéquats en cas de maladie. Les enfants, plus susceptibles de contracter des infections hydriques en raison de leur système immunitaire immature, sont particulièrement à risque. Dans les camps de réfugiés syriens, qui abritent encore environ 1,5 million de personnes selon les chiffres officiels de 2023, les conditions d’hygiène déplorables amplifient le problème, transformant ces zones en foyers épidémiques potentiels.

Les hôpitaux, eux-mêmes en difficulté, peinent à absorber cette vague de patients. Depuis 2019, le secteur de la santé publique a vu ses subventions s’effondrer, obligeant les établissements à réduire leurs capacités. Les pénuries de médicaments, de carburant pour les générateurs et d’équipements de base – aggravées par la crise du Covid-19 et l’explosion du port de Beyrouth en 2020 – laissent les médecins démunis face à des maladies comme la typhoïde, qui nécessite des antibiotiques souvent introuvables ou hors de prix sur le marché noir. « Sans action immédiate, ces maladies pourraient devenir une véritable crise sanitaire », prévient l’analyse, une perspective d’autant plus inquiétante que les infrastructures médicales sont déjà saturées par les blessés des récents conflits et les cas de malnutrition.

Un défi pour l’avenir

L’élection de Joseph Aoun à la présidence le 9 janvier 2025, après plus de deux ans de vacance institutionnelle, a ravivé l’espoir d’une stabilisation. Soutenu par les États-Unis et l’Arabie saoudite, il bénéficie d’un déblocage de 95 millions de dollars pour l’armée libanaise, mais aucun plan spécifique n’a encore été annoncé pour les infrastructures sanitaires. Les fonds internationaux, comme les 11 milliards de dollars promis lors de la conférence CEDRE en 2018, restent largement inutilisés, bloqués par des querelles politiques et une corruption endémique. Pendant ce temps, le gouvernement intérimaire de Najib Mikati, en place depuis 2021, n’a ni les ressources ni l’autorité pour lancer des réformes d’urgence.

Les ONG et les initiatives locales tentent de pallier ces carences – distribution de filtres à eau, campagnes de sensibilisation – mais leur portée reste limitée face à l’ampleur du problème. Sans investissements massifs dans les réseaux d’assainissement et un accès garanti à l’eau potable, le Liban risque de voir ces maladies infectieuses s’installer durablement, alourdissant un fardeau humain et économique déjà insupportable pour sa population.

Les ONG et les initiatives locales tentent de pallier ces carences – distribution de filtres à eau, campagnes de sensibilisation – mais leur portée reste limitée face à l’ampleur du problème. Sans investissements massifs dans les réseaux d’assainissement et un accès garanti à l’eau potable, le Liban risque de voir ces maladies infectieuses s’installer durablement, alourdissant un fardeau humain et économique déjà insupportable pour sa population.

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Newsdesk Libnanews
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