L’omission des réalités ethnographiques.

417

Ethnographie (i): Étude descriptive des activités d’un groupe humain déterminé (techniques matérielles, organisation sociale, croyances religieuses, mode de transmission des instruments de travail, d’exploitation du sol, structures de la parenté). (Source : Le Larousse © )

Qu’elle soit volontaire ou ignorée par manque de savoir, la réalité ethnographique d’un peuple est souvent ce point de départ, essentiel à mon humble avis, pour une meilleure compréhension des problématiques de certaines populations et nations dans leur quête d’autodétermination.

Il est fort courant de lire toutes ces analyses de fond soulevant ces réalités telles que l’avenir du peuple palestinien, les kurdes, le sahara, pour ne citer que ceux-ci, la liste étant trop longue. Il est aussi fort étonnant que ces analyses n’intègrent pas les acteurs dans leurs réflexions.

Qui est mieux placé pour parler de la cause Kurde que les intellectuels kurdes, l’exemple me semble clair. Comment peut-on évoquer les principes d’autodétermination du peuple palestinien lorsque qu’aucune figure de proue palestinienne est absente de ces concertations, il en irait de même pour les premières nations autochtones du Canada, ou le devenir de la nation québécoise, etc.

Comment se fait-il que les artisans de ces réflexions jouissent d’un cadre de vie bien loin des réalités de vie des peuples dont ils souhaitent défendre l’avenir en se permettant d’émettre avis et conseils sans avoir vécu les vraies réalités de ces peuples ?

Omettre cet aspect critique serait-il faire preuve d’oubli ou d’ironie ? Il nous faut admettre que ce mode d’oubli intellectuel ethnographique est depuis fort longtemps devenu monnaie courante, presque un standard.

Penser pour eux et à leur place en ce troisième millénaire serait, à mon avis, une double omission; celle de se considérer supérieur, et celle la seconde et non moins la plus grave celle d’être resté ancré dans la culture des accords de Sykes Picot, celle du dépeçage des régions au moyen d’une règle et d’un crayon mine sur une mappemonde à grande échelle sans même demander l’avis des intéressés !

Promouvoir l’autodétermination des peuples c’est en quelques sortes laisser son enfant faire ses choix de carrière et entreprendre la destinée de sa vie librement. Le regarder quitter le cocon protecteur de la maison, tout en sachant qu’il affrontera défis et réalités si importants à sa maturation au même titre que le restant des humains.

Maintenir cette décision de pensée à la place des autres n’est-il pas une manière moderne de continuer une colonisation sous une autre forme ?

Michel ©

_____________________

(i) L’ethnographie est une méthode en sciences sociales dont l’objet est l’étude descriptive et analytique, sur le terrain, des mœurs et des coutumes de populations déterminées. Cette étude était autrefois cantonnée aux populations dites alors « primitives » Le mot, composé du préfixe « ethno » (dérivé du grec έθνος, proprement « toute classe d’êtres d’origine ou de condition commune ») et du suffixe « graphie » (emprunté au grec γράφειν « écrire »), signifie littéralement « description des peuples ». (Source Wikipédia © )

Michel J. Boustani
Michel J Boustani, spécialiste en gestion du savoir et des connaissances. Animateur de communautés et réseaux du savoir, blogueur et promoteur de la culture citoyenne. Michel a travaillé durant 25 ans dans le domaine de l'éducation traditionnelle, la formation professionnelle et le développement de programmes d'éducation virtuelle. Vit depuis 25 ans au Canada (Montréal) - Originaire du Liban (Chouf)

Un commentaire?

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.