Les critiques envers Najib Mikati
La désignation de Najib Mikati en tant que Premier ministre continue de susciter de vives critiques, notamment parmi les députés réformateurs et les membres de la société civile. Beaucoup considèrent cette nomination comme le symbole d’un système politique figé, incapable de répondre aux aspirations de changement exprimées par les citoyens depuis les manifestations de 2019. Pour ces détracteurs, Mikati incarne une élite politique et économique accusée d’avoir contribué à l’effondrement du pays.
Selon Ad Diyar (12 janvier 2025), un député réformateur a déclaré que « Mikati représente le statu quo que nous devons dépasser ». Cette affirmation traduit une frustration généralisée face à une classe dirigeante perçue comme réfractaire aux réformes. Les critiques soulignent également l’absence de projets concrets de la part de Mikati pour sortir de la crise, mettant en avant son manque de volonté apparente pour adopter des mesures courageuses et impopulaires.
Le statu quo politique au cœur des blocages
La désignation de Mikati reflète l’incapacité des blocs politiques à s’entendre sur une figure réformatrice capable de mener le pays vers une transition. En dépit des attentes des partenaires internationaux, qui appellent à un gouvernement doté d’une réelle volonté de réforme, le Liban continue de s’enliser dans des logiques partisanes et confessionnelles. Ces blocages, ancrés dans le système politique libanais, empêchent toute avancée significative vers des solutions viables.
Pour Al Quds (12 janvier 2025), la reconduction de Mikati illustre le refus des élites politiques de céder le pouvoir à une nouvelle génération de dirigeants. Cette continuité politique alimente le sentiment de désespoir parmi les citoyens, qui perçoivent les décisions politiques comme un exercice visant avant tout à préserver les privilèges des élites en place.
Un mandat sans rupture
Les critiques à l’égard de Mikati se concentrent également sur son incapacité à initier des réformes structurelles. Son précédent mandat a été marqué par une gestion perçue comme minimaliste, visant principalement à maintenir l’État à flot sans s’attaquer aux problèmes de fond. Al Sharq Al Awsat (12 janvier 2025) souligne l’absence de mesures audacieuses, telles que la mise en œuvre d’un audit bancaire ou la lutte contre la corruption, ce qui a renforcé l’idée qu’il représente une continuité du système qui a mené le Liban à la ruine.
Les réformateurs insistent sur le fait qu’un mandat de Mikati, sans changement de cap clair, risque d’aggraver la crise actuelle. Les institutions publiques restent dysfonctionnelles, tandis que les services de base, comme l’électricité et la santé, continuent de s’effondrer. Les taux de pauvreté et de chômage augmentent, reflétant une économie en déroute qui nécessite des mesures drastiques pour inverser la tendance.
La pression des partenaires internationaux
Les partenaires internationaux ont exprimé à plusieurs reprises leur impatience face à l’absence de réformes au Liban. Al 3arabi Al Jadid (12 janvier 2025) rapporte que le FMI, par exemple, a clairement établi des conditions pour débloquer l’aide financière, incluant un audit bancaire transparent et des mesures anti-corruption. Cependant, la reconduction de Mikati, perçu comme peu engagé dans ces réformes, a suscité des doutes sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes de la communauté internationale.
Les donateurs craignent que ce maintien du statu quo politique n’entraîne une stagnation économique prolongée. Sans un changement de leadership ou une volonté politique affirmée, les financements nécessaires pour relancer l’économie risquent de rester bloqués, aggravant encore davantage la situation sociale et économique.
Les attentes populaires et les défis à venir
Les attentes des citoyens envers un gouvernement réformateur restent fortes, mais elles se heurtent à une réalité politique dominée par des intérêts confessionnels et partisans. Les mouvements de protestation, bien que moins intenses qu’en 2019, continuent de réclamer des réformes profondes, notamment dans la gestion des finances publiques et la lutte contre la corruption.
Cependant, le fossé entre les attentes populaires et les décisions des élites politiques reste immense. La reconduction de Mikati est perçue comme une démonstration de l’incapacité des dirigeants à entendre les revendications de la rue. Ce décalage alimente un sentiment croissant de méfiance envers le système, mettant en péril la stabilité sociale et politique du pays.