Le rôle central du Hezbollah dans la politique libanaise
Le Hezbollah, acteur clé de la scène politique libanaise, reste au centre des débats concernant l’avenir du pays. Naim Kassem, secrétaire général du Hezbollah, a récemment réaffirmé que la souveraineté nationale et la stabilité étaient des priorités essentielles pour le mouvement. Dans une allocution télévisée rapportée par Al Sharq Al Awsat (12 janvier 2025), Kassem a déclaré : « Nous défendons la souveraineté nationale contre toute tentative d’ingérence étrangère, et nous continuerons à protéger la stabilité du Liban face aux pressions extérieures. »
Cette déclaration reflète une volonté de maintenir une posture de résistance face aux pressions internationales, tout en se présentant comme un garant de l’ordre interne. Cependant, les détracteurs du Hezbollah l’accusent de contribuer à l’impasse politique et économique actuelle, en bloquant certaines réformes clés exigées par la communauté internationale.
L’influence régionale du Hezbollah et ses implications
Le Hezbollah joue un rôle central dans l’équilibre des pouvoirs au Liban, mais son influence dépasse largement les frontières nationales. En tant qu’allié stratégique de l’Iran, il agit également comme un acteur régional clé dans des zones de conflit telles que la Syrie et le Yémen. Selon Al Quds (12 janvier 2025), les engagements militaires du Hezbollah, bien que justifiés par la défense de la « résistance », ont contribué à isoler le Liban sur le plan régional.
Les alliances du Hezbollah avec l’Iran exacerbent les tensions avec les pays du Golfe, notamment l’Arabie saoudite, qui perçoit ses activités comme une menace pour sa propre sécurité. Les sanctions imposées par les États-Unis et d’autres nations ont également eu des répercussions économiques directes, limitant l’accès aux investissements étrangers et réduisant les opportunités de coopération régionale. Cette situation, combinée à l’instabilité politique interne, aggrave la crise sociale et économique du Liban.
Une position ambiguë sur les réformes
Le Hezbollah adopte une posture ambivalente concernant les réformes exigées par le FMI. Bien qu’il soutienne officiellement certaines initiatives visant à améliorer la transparence et à renforcer les finances publiques, il s’oppose fermement à des mesures perçues comme une soumission aux diktats étrangers. Naim Kassem a souligné, dans un discours récent rapporté par Ad Diyar (12 janvier 2025), que « les réformes doivent respecter la souveraineté du Liban et ne pas être imposées par des puissances étrangères ».
Cependant, les détracteurs du Hezbollah, notamment parmi les députés réformateurs, l’accusent de protéger un système économique et financier corrompu qui bénéficie à ses alliés politiques. Ils soulignent également que l’influence du Hezbollah sur les institutions clés de l’État entrave la mise en œuvre des réformes structurelles nécessaires pour débloquer l’aide internationale. Al 3arabi Al Jadid (12 janvier 2025) note que cette stratégie de blocage contribue à maintenir un statu quo favorable au Hezbollah, mais désastreux pour la population.
Le discours sur la souveraineté nationale
Le discours du Hezbollah sur la souveraineté nationale reste l’un de ses principaux arguments pour justifier son rôle dominant au Liban. En insistant sur le rejet des « diktats étrangers », le mouvement cherche à consolider sa base électorale, particulièrement parmi les communautés chiites, qui le perçoivent comme un défenseur des intérêts nationaux face aux interventions internationales.
Cependant, cette rhétorique suscite des critiques. Selon des analystes cités par Al Quds (12 janvier 2025), le Hezbollah pratique un double discours : d’un côté, il revendique son indépendance face aux puissances occidentales, mais de l’autre, ses liens étroits avec l’Iran posent des questions sur sa véritable autonomie politique. Cette ambiguïté affaiblit la position du Liban dans ses négociations avec les donateurs internationaux, qui exigent des garanties sur la neutralité des institutions.
Les impacts économiques et sociaux de son influence
L’influence du Hezbollah sur les décisions politiques et économiques du Liban a des répercussions directes sur la vie quotidienne des citoyens. Les sanctions imposées par les États-Unis et d’autres puissances occidentales ciblent non seulement le Hezbollah, mais aussi des secteurs stratégiques de l’économie libanaise, comme les banques et le commerce extérieur.
Selon Ad Diyar (12 janvier 2025), ces restrictions ont accentué les inégalités sociales et contribué à l’effondrement des services publics. L’accès à des infrastructures de base, telles que l’électricité et l’eau, reste gravement limité, tandis que les taux de pauvreté et de chômage augmentent. De plus, la dépendance croissante de certaines communautés aux réseaux d’aide contrôlés par le Hezbollah est perçue comme un obstacle à une réforme globale et équitable du système libanais.
Une opportunité de réformes inclusives
Malgré ces défis, certains analystes estiment que le Hezbollah pourrait jouer un rôle constructif dans la relance économique et politique du Liban. Pour cela, le mouvement devra adopter une approche plus inclusive, impliquant une collaboration avec les autres partis politiques pour établir un consensus national. Cela nécessitera également un compromis sur certaines de ses positions, notamment en matière de réformes économiques et de coopération avec les partenaires internationaux.
Cependant, la capacité du Hezbollah à s’engager dans un tel processus dépendra de son aptitude à équilibrer ses priorités régionales et ses responsabilités internes. Pour beaucoup, cela représente le principal défi du mouvement dans un contexte où le Liban lutte pour sa survie.