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Nawaf Salam face au mur des violations israéliennes et de la crise

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Le gouvernement libanais, dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam depuis sa formation le 8 février 2025, se trouve sous le feu des critiques pour sa gestion jugée timorée des violations israéliennes persistantes du territoire national. Alors que le cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 avec Israël reste fragile, les incursions israéliennes dans le Sud-Liban suscitent une indignation croissante parmi plusieurs partis politiques, relayée ce 28 février 2025. Ces derniers exigent une réponse plus ferme, via l’activation des accords de défense régionaux et une saisine plus agressive des instances internationales. Pourtant, l’administration Salam semble paralysée par un délicat équilibre entre impératifs économiques et diplomatiques, sous la pression des bailleurs de fonds occidentaux qui conditionnent leur aide à des réformes politiques et à un apaisement des tensions avec Israël. Dans un pays déjà ravagé par une crise économique sans précédent et les séquelles de la guerre de 2024, cette situation met à l’épreuve la capacité du gouvernement à concilier souveraineté nationale et survie économique.

Un cessez-le-feu fragile sous tension israélienne

Le cessez-le-feu du 27 novembre 2024, négocié sous l’égide des États-Unis et de la France, visait à mettre fin à 14 mois de conflit entre Israël et le Hezbollah, qui ont coûté plus de 4 000 vies et causé des destructions massives dans le Sud-Liban. L’accord stipule un retrait israélien des zones occupées au sud de la Ligne bleue, le déploiement de l’armée libanaise et une supervision par la FINUL, conformément à la résolution 1701 de l’ONU. Cependant, trois mois plus tard, Israël maintient cinq positions dans le Sud-Liban, une violation dénoncée par le président Joseph Aoun le 17 février, qui a averti que ces actes compromettent la stabilité.

Le 28 février 2025, plusieurs partis politiques critiquent le gouvernement pour son « manque de réactivité » face à ces incursions. Le 21 février, une déclaration de Nawaf Salam à une délégation du Congrès américain, appelait à faire pression sur Israël pour un retrait complet, soulignant que cette présence viole les termes du cessez-le-feu. Ces violations, incluant des frappes aériennes sporadiques comme celle du 8 février à Janata avec six morts, alimentent un sentiment d’impuissance parmi les Libanais et une montée des critiques envers Salam.

Critiques internes : une fermeté réclamée

Plusieurs partis politiques libanais, le 28 février 2025, pressent Salam d’adopter une posture plus offensive. Le Hezbollah, bien que fragilisé par la guerre et n’ayant pas soutenu Salam lors de sa nomination le 13 janvier, exige l’activation des accords de défense régionaux, notamment avec la Syrie ou l’Iran, pour contrer Israël. Une saisine plus agressive des instances internationales, comme le Conseil de sécurité de l’ONU ou la Cour pénale internationale, est également réclamée pour faire condamner ces violations. Le député Mohammad Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, accusait le 13 janvier les soutiens de Salam d’avoir « coupé la main tendue » par le groupe après l’élection de Joseph Aoun, reflétant une tension persistante.

D’autres factions, y compris des indépendants issus des manifestations de 2019, reprochent au gouvernement un manque de fermeté face à un Israël perçu comme défiant impunément la souveraineté libanaise. Le 11 décembre 2024, des villages sudistes comme Maroun el-Ras, privés d’eau potable après les destructions, attendaient une réponse plus robuste de l’État. Ces critiques soulignent une frustration croissante envers Salam, accusé de privilégier la diplomatie douce au détriment d’une défense nationale proactive.

Nawaf Salam : entre souveraineté et pragmatisme économique

Nawaf Salam, nommé le 13 janvier 2025 avec 84 voix sur 128 au Parlement, a formé son gouvernement le 8 février, promettant « réforme et salut ». Ancien président de la Cour internationale de justice, il incarne pour beaucoup un espoir de renouveau, mais sa marge de manœuvre est limitée par des impératifs économiques et diplomatiques. Le Liban, avec une dette publique à 280 % du PIB en 2022 et un PIB de 18 milliards en 2023, dépend des bailleurs occidentaux pour éviter l’effondrement total.

Ces bailleurs, notamment les États-Unis et l’Union européenne, conditionnent leur aide à des réformes politiques (restructuration bancaire, transparence) et à un apaisement avec Israël. L’UE a promis 500 millions d’euros d’un prêt de 1 milliard, mais exige des avancées concrètes. Salam, dans son discours du 14 janvier, a tendu la main à tous, y compris au Hezbollah, pour unifier le pays, mais cette approche conciliante est vue comme une faiblesse par ses détracteurs. Le 28 février 2025, cette prudence reflète une peur de froisser les donateurs occidentaux, au détriment d’une réponse ferme face à Israël.

La baisse des flux de la diaspora : un coup supplémentaire

Les transferts de la diaspora, qui atteignaient 6,8 milliards de dollars en 2022 (37,8 % du PIB), déclinent en 2025, aggravant la crise. La perte de confiance post-crise bancaire et les guerres récentes ont réduit cette manne vitale à 6,7 milliards en 2023. Cette baisse limite les capacités du gouvernement à financer une réponse robuste aux violations israéliennes, renforçant sa dépendance envers l’aide extérieure et les pressions qui l’accompagnent.

Yassine Jaber et l’héritage controversé

Yassine Jaber, nommé ministre des Finances dans le cabinet de Salam le 8 février 2025, incarne les tensions internes. Membre du comité parlementaire ayant minimisé les pertes bancaires en 2020, il est critiqué pour son rôle dans la gestion passée de la crise financière. Cette nomination, perçue comme un compromis avec le mouvement Amal, allié du Hezbollah, alimente les doutes sur la volonté de Salam de réformer un secteur bancaire en ruine, avec des pertes de 75 milliards de dollars et 84 milliards de dépôts gelés. Le 28 février 2025, cette faiblesse structurelle freine une posture plus ferme face à Israël.

Un équilibre impossible ?

Salam doit jongler entre une exigence de souveraineté et des contraintes économiques. Les Nations Unies ont salué son gouvernement comme un « nouveau chapitre » le 8 février, mais les bailleurs occidentaux, via des figures comme Morgan Ortagus, ont posé des « lignes rouges » contre une influence du Hezbollah. Pourtant, Salam a obtenu un vote de confiance le 26 février avec 95 voix, incluant le bloc Hezbollah, suggérant une tentative d’inclusion plutôt que de confrontation.

Le 23 février, Salam plaidait pour éviter l’effondrement total, une position fragile. Sans réformes – restructuration bancaire, transparence – et avec une diaspora moins généreuse, le Liban risque de rester otage des pressions extérieures et des violations israéliennes, incapable de répondre aux attentes d’une population épuisée par des décennies de crises.

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Newsdesk Libnanews
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