mardi, mai 20, 2025

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Beyrouth face à une nouvelle tempête : les sanctions de Trump et l’avenir incertain du Liban

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Le gouvernement libanais, dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam depuis sa formation le 8 février 2025, doit désormais composer avec une nouvelle épreuve : l’annonce par Donald Trump, président américain récemment réélu, d’un durcissement des sanctions contre les responsables libanais liés au Hezbollah. Cette décision, proclamée ce 28 février 2025, alimente les craintes d’une détérioration supplémentaire des relations entre Beyrouth et Washington, déjà fragilisées par des années de tensions autour de l’influence du groupe chiite. Dans le même temps, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, traditionnellement des soutiens financiers du Liban, conditionnent toute aide économique à un désengagement progressif du Hezbollah des institutions étatiques, une exigence formulée ce même jour. Alors que le pays lutte pour se relever d’une crise économique sans précédent et des séquelles de la guerre de 2024 contre Israël, ces pressions externes placent le Liban dans une position intenable, entre impératifs de souveraineté, besoins financiers urgents et dynamiques régionales explosives.

Un durcissement des sanctions américaines : Trump cible le Hezbollah

Donald Trump, revenu à la Maison Blanche le 20 janvier 2025, n’a pas tardé à réaffirmer sa ligne dure envers le Hezbollah, qu’il considère comme une menace centrale à la stabilité régionale et un proxy de l’Iran, son adversaire géopolitique prioritaire. Le 28 février 2025, il a annoncé une nouvelle vague de sanctions visant des responsables libanais soupçonnés de liens avec le groupe, incluant des figures politiques, économiques et militaires. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie de longue date : dès son premier mandat, Trump avait imposé des sanctions contre des membres du Hezbollah au Parlement libanais en 2019, gelant leurs actifs aux États-Unis et limitant leur accès au système financier international. Cette fois, l’objectif semble élargi, visant à isoler davantage le groupe et ses alliés dans un contexte où le cessez-le-feu signé le 27 novembre 2024 avec Israël reste précaire.

Ces sanctions visent à asphyxier financièrement le Hezbollah, déjà affaibli par 14 mois de guerre ayant décimé ses cadres et détruit une partie de son arsenal estimé à plus de 100 000 roquettes avant le conflit. Cependant, elles touchent aussi un Liban en pleine crise, où le PIB a chuté de 55 milliards de dollars en 2019 à 18 milliards en 2023, et où la livre a perdu plus de 98 % de sa valeur, s’échangeant à plus de 100 000 contre un dollar sur le marché noir en 2024. Les craintes d’une détérioration des relations avec Washington, exprimées ce 28 février 2025, reposent sur le risque d’une extension de ces sanctions à des institutions étatiques ou des alliés politiques du Hezbollah, compliquant davantage la fragile unité gouvernementale sous Salam.

Les relations Beyrouth-Washington sous tension

Les relations entre Beyrouth et Washington, déjà marquées par des divergences sur le rôle du Hezbollah, se tendent encore avec cette annonce. Le cessez-le-feu de novembre 2024, négocié sous l’égide des États-Unis et de la France, exigeait un retrait israélien du Sud-Liban et un redéploiement de l’armée libanaise, mais Israël maintient cinq positions trois mois plus tard, alimentant les critiques envers Salam pour son manque de fermeté. Trump, lors de sa campagne, avait promis une politique de « tolérance zéro » envers le Hezbollah, et son administration semble prête à utiliser les sanctions comme levier pour forcer le Liban à désarmer le groupe, une exigence déjà formulée en 2019 par son envoyé Mike Pompeo.

Par une déclaration, Nawaf Salam à une délégation du Congrès américain, appelait à faire pression sur Israël pour un retrait complet, soulignant que ces violations fragilisent le cessez-le-feu. Cependant, la réponse de Washington, via les sanctions du 28 février, indique une priorité différente : isoler le Hezbollah, même au prix d’une déstabilisation accrue du Liban. Cette approche risque d’aggraver une économie déjà à genoux, où les pertes de la guerre de 2024 sont estimées entre 15 et 20 milliards de dollars, selon Amin Salam, ministre de l’Économie jusqu’en février 2025, et où les flux de la diaspora, qui atteignaient 6,7 milliards en 2023 (33 % du PIB), continuent de baisser face à l’instabilité persistante.

Riyad et Abou Dhabi : une aide conditionnée

L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont historiquement injecté des milliards dans l’économie libanaise, adoptent une position tout aussi intransigeante. Ce 28 février 2025, ils conditionnent toute aide économique à un désengagement progressif du Hezbollah des institutions étatiques, une exigence visant à réduire l’influence iranienne au Liban. Avant 2019, Riyad contribuait à hauteur de 645 millions de dollars pour la reconstruction post-guerre de 2006, mais cette manne s’est tarie avec la montée en puissance du Hezbollah dans la politique libanaise, notamment après les élections de 2018 où ses alliés ont consolidé leur emprise.

Cette position reflète une stratégie régionale plus large : affaiblir l’axe chiite Iran-Hezbollah face à une alliance sunnite dirigée par Riyad et Abou Dhabi. Le gouvernement Salam, formé le 8 février avec 95 voix, dont celles du bloc Hezbollah, peine à répondre à ces attentes sans fracturer sa coalition fragile. Le 17 octobre 2024, un plan d’urgence conjoint avec les Nations Unies prévoyait 426 millions de dollars pour 1 million de déplacés, mais les fonds promis par les pays du Golfe restent suspendus, accentuant la dépendance envers les bailleurs occidentaux.

Nawaf Salam : un gouvernement sous le feu des critiques

Salam, élu le 13 janvier 2025 avec 84 voix sur 128, promettait « réforme et salut » lors de sa prise de fonction. Cependant, trois mois plus tard, son gouvernement fait face à une vague croissante de critiques pour son apparente inaction face aux violations israéliennes. Le 28 février 2025, des partis politiques, notamment le Hezbollah et ses alliés chiites, ainsi que des factions nationalistes, appellent à une activation des accords de défense régionaux avec des pays comme la Syrie ou l’Iran, et à une saisine plus musclée des instances internationales pour condamner Israël. Ces demandes contrastent avec la prudence de Salam, qui, dans une déclaration le 21 février à une délégation américaine, a privilégié une approche diplomatique, appelant à un retrait israélien sans escalade militaire.

Cette retenue est largement perçue comme une concession aux pressions économiques et diplomatiques des bailleurs occidentaux, qui lient leur aide – estimée à 15-20 milliards de dollars pour la reconstruction – à des réformes structurelles et à un apaisement avec Israël. Le 17 février 2025, une reconstruction transparente et conditionnée à des mesures anti-corruption était réclamée, un défi que Salam tente de relever tout en ménageant une coalition incluant le Hezbollah, dont le soutien a été crucial pour son vote de confiance le 26 février avec 95 voix.

Un Liban pris en étau

Le durcissement des sanctions par Trump, combiné aux conditions saoudiennes et émiraties, place le Liban dans une position intenable. Les pertes de la guerre de 2024, estimées entre 15 et 20 milliards de dollars, s’ajoutent à une crise économique où l’inflation a atteint 200 % en 2022 et où les flux de la diaspora continuent de décliner. Les bailleurs occidentaux, via des figures comme Morgan Ortagus, ont posé des « lignes rouges » contre une influence accrue du Hezbollah, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats exigent son retrait des institutions étatiques.

Salam, dans une déclaration le 23 février, plaidait pour éviter l’effondrement total, mais cette position fragile reflète un équilibre impossible. Sans réformes – restructuration bancaire, transparence – et avec une coalition divisée, le gouvernement risque de céder aux pressions externes, au détriment de la souveraineté demandée par ses critiques internes. Alors qu’Israël maintient ses positions au Sud-Liban, défiant le cessez-le-feu, le Liban se trouve à un carrefour critique, où chaque décision pourrait précipiter une nouvelle crise ou offrir une chance ténue de survie.

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Newsdesk Libnanews
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