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Ortagus au Liban: vers une réduction de l’influence militaire des groupes armés non étatiques

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Le Liban se trouve à un tournant décisif. Les tensions régionales s’intensifient, marquées par des frappes israéliennes dans le sud du pays et une pression diplomatique croissante orchestrée par les États-Unis. La visite de la diplomate américaine Morgan Ortagus à Beyrouth, les pourparlers indirects entre Washington et Téhéran, ainsi qu’une réunion d’urgence entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu dominent l’actualité. À cela s’ajoutent les élections municipales libanaises, qui amplifient l’instabilité interne. Cet article explore les dynamiques complexes qui placent le Liban au cœur d’un jeu géopolitique à haut risque.

Une visite américaine sous haute tension

Morgan Ortagus, envoyée spéciale adjointe des États-Unis pour le Moyen-Orient, a foulé le sol beyrouthin ces derniers jours. Sa venue, largement commentée dans la presse locale, intervient dans un climat de crispation régionale. Les discussions avec le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berri ont porté sur des enjeux brûlants : la situation sécuritaire dans le sud, les pressions pour désarmer le Hezbollah et les risques d’une escalade militaire.

La diplomate a adopté une posture mesurée. Elle a évité de formuler des exigences explicites sur le désarmement du Hezbollah, se contentant d’appeler à une action « dans les meilleurs délais ». Cette retenue contraste avec les rumeurs de menaces d’une offensive israélienne, démenties par plusieurs sources. L’objectif semble être de préserver un dialogue avec les autorités libanaises, tout en rappelant les attentes américaines.

Les frappes israéliennes récentes dans le sud du Liban ont toutefois compliqué cette démarche. Ces opérations, visant des cibles présumées du Hezbollah, ravivent les tensions le long de la frontière. Le cessez-le-feu de novembre 2024, fragile, vacille sous ces assauts répétés. Les dirigeants libanais ont exprimé leur inquiétude face à cette montée des hostilités, craignant un conflit plus large.

La fermeté libanaise face aux injonctions

Les autorités libanaises ont affiché une position claire. Joseph Aoun et Nawaf Salam ont réaffirmé que la souveraineté nationale et le monopole de la force armée par l’État ne sauraient être négociés sous pression extérieure. « Le Liban refuse toute tentative d’imposer des conditions sur sa sécurité », a déclaré le président, soulignant une ligne rouge intangible.

Cette fermeté répond à un contexte délicat. Le Hezbollah, soutenu par l’Iran, reste un acteur incontournable au Liban. Sa puissance militaire et son influence politique défient l’autorité de l’État, un défi que les États-Unis cherchent à exploiter. Pourtant, les dirigeants libanais insistent : toute discussion sur le désarmement doit émerger d’un dialogue interne, non d’un diktat étranger.

Nabih Berri, figure clé du paysage politique, a joué un rôle central dans ces échanges. Ses pourparlers avec Ortagus ont mis l’accent sur les risques d’escalade. Les frappes israéliennes, qui violent la trêve, menacent de déstabiliser davantage un pays déjà fragilisé par une crise économique sans précédent. Berri a plaidé pour une désescalade, tout en défendant la souveraineté libanaise.

Un échiquier diplomatique international

Sur la scène mondiale, les États-Unis mènent une danse complexe. La réunion entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu, tenue en urgence à la Maison-Blanche, illustre cette dynamique. Convoqué à la demande de Trump, le Premier ministre israélien a dû clarifier sa stratégie face à une région au bord de l’explosion. Cette rencontre, initialement repoussée par Netanyahu, traduit l’impatience américaine.

Les pourparlers indirects entre Washington et Téhéran ajoutent une couche de complexité. Ces négociations, bien que discrètes, influencent les équilibres au Liban. Le Hezbollah, allié de l’Iran, se trouve au cœur de cette équation. Les États-Unis cherchent à limiter son influence, mais Téhéran reste un acteur incontournable, soutenant militairement et financièrement le groupe libanais.

Israël, de son côté, maintient une posture offensive. Les frappes dans le sud du Liban visent à affaiblir le Hezbollah, perçu comme une menace directe. Cette stratégie s’inscrit dans un contexte plus large de rivalités régionales, où Tel-Aviv cherche à contrer l’axe iranien. La réunion avec Trump a renforcé cette approche, Washington réaffirmant son soutien à la sécurité israélienne.

Les élections municipales : un facteur d’instabilité

À l’approche des élections municipales, le Liban fait face à une pression interne croissante. Ces scrutins, prévus dans les prochaines semaines, cristallisent les divisions politiques. Dans un pays où la crise économique a laminé le pouvoir d’achat, les citoyens attendent des réponses concrètes. Pourtant, les tensions régionales risquent de détourner l’attention des enjeux locaux.

Les partis politiques se mobilisent dans ce climat tendu. Le Hezbollah, malgré les pressions, conserve une base solide dans ses fiefs. Ses adversaires, notamment les Forces libanaises, cherchent à capitaliser sur l’instabilité pour gagner du terrain. Cette polarisation menace de transformer les municipalités en arènes de confrontation, au détriment des besoins des habitants.

La population, épuisée par des années de crise, exprime son ras-le-bol. Les coupures d’électricité, l’inflation galopante et le chômage record alimentent un sentiment d’abandon. Les élections pourraient devenir un exutoire pour cette frustration, mais aussi un catalyseur de troubles si les résultats sont contestés.

Les frappes israéliennes : une menace persistante

Les opérations militaires israéliennes dans le sud du Liban restent un point de friction majeur. Ces frappes, qui ont repris en mars 2025, ciblent des infrastructures présumées du Hezbollah. Elles violent la trêve de novembre 2024, censée garantir un retrait israélien et un déploiement de l’armée libanaise avec la FINUL.

Un tableau illustre l’ampleur de ces incidents :

DateLieuCiblesVictimes
Mars 2025Région de NabatiyéDépôts d’armes présumés8 morts
Avril 2025Banlieue sud BeyrouthSites stratégiques5 blessés
7 avril 2025Frontière sudPositions du Hezbollah2 morts

Ces chiffres, basés sur des rapports récents, montrent une escalade graduelle. Chaque frappe renforce la méfiance entre Beyrouth et Tel-Aviv, rendant la diplomatie plus ardue.

Le Hezbollah, en réponse, maintient une rhétorique de résistance. Le groupe refuse de céder ses armes, arguant qu’elles protègent le Liban face à Israël. Cette position complique les efforts de l’État pour reprendre le contrôle, un défi que les États-Unis exploitent dans leurs pressions.

Les pressions économiques comme levier

La crise économique libanaise offre un autre angle d’attaque aux puissances étrangères. Avec une livre libanaise dévaluée et une dépendance aux aides internationales, le pays est vulnérable. Les États-Unis conditionnent leur soutien à des réformes, notamment le désarmement du Hezbollah.

En mars 2025, Washington a promis une aide de 150 millions de dollars, mais cette enveloppe reste suspendue à des avancées concrètes. Cette stratégie vise à forcer Beyrouth à plier, mais elle risque d’aggraver la situation humanitaire. Plus de 70 % des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, selon des données récentes de l’ESCWA.

Les municipalités, en première ligne face à ces défis, manquent de ressources. Les élections pourraient accentuer cette crise si les nouveaux élus ne parviennent pas à répondre aux attentes. La pression internationale, loin de stabiliser le pays, pourrait ainsi alimenter un cercle vicieux.

Un équilibre régional en jeu

Le Liban n’est pas isolé dans cette tempête. Les pourparlers entre Washington et Téhéran influencent directement les dynamiques locales. Une percée dans ces négociations pourrait réduire le soutien iranien au Hezbollah, affaiblissant le groupe. À l’inverse, un échec renforcerait l’axe Téhéran-Beyrouth, au grand dam d’Israël et des États-Unis.

La France, partenaire historique du Liban, tente de jouer les médiateurs. En mars 2025, Paris a proposé un plan de désescalade, appelant à un respect mutuel de la trêve. Cette initiative, bien accueillie à Beyrouth, se heurte à la fermeté américaine et israélienne, limitant son impact.

Les Nations unies, via la FINUL, surveillent la frontière sud. Pourtant, les 10 000 Casques bleus peinent à imposer la paix face aux violations répétées. Un renforcement de leur mandat, évoqué en avril 2025, reste en suspens, faute de consensus international.

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