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Perspective: Excédent de la balance des paiements, un reflet d’une économie sous contrainte en 2024

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En 2024, le Liban a enregistré un excédent de 1,6 milliard USD sur la balance des paiements au cours des dix premiers mois de l’année, une évolution notable après plus d’une décennie de déficits chroniques. Toutefois, cet excédent ne traduit pas une reprise économique, mais plutôt une adaptation contrainte à une crise systémique qui continue de paralyser l’économie libanaise.

un contexte de crise prolongée

Depuis 2019, le Liban traverse une crise économique sans précédent, marquée par un effondrement financier, une hyperinflation galopante et une dépréciation de la livre libanaise de plus de 90 %. En 2024, le pays reste plongé dans une contraction économique, avec un PIB en recul de 6 %. La pauvreté touche plus de 80 % de la population, et les infrastructures sont dans un état critique.

L’excédent enregistré en 2024 doit donc être replacé dans ce contexte de crise, où les mécanismes traditionnels de l’économie, comme la production et l’investissement, ont été remplacés par des ajustements forcés. Ce résultat reflète davantage une réduction des importations, liée à l’appauvrissement généralisé de la population, qu’un véritable redressement.

Tableau 1 : Balance des paiements libanaise (2020-2024, en milliards USD)

Année20202021202220232024 (10 mois)
Balance totale-10,5-6,4-3,0+0,2+1,6

moteurs de l’excédent : réduction des importations et transferts de la diaspora

Deux facteurs principaux expliquent cet excédent :

  1. Réduction drastique des importations : L’effondrement du pouvoir d’achat des ménages a conduit à une contraction continue des importations, passant de 20 milliards USD en 2018 à environ 13 milliards USD en 2024. Ce repli, bien qu’il améliore mécaniquement la balance des paiements, reflète une perte de capacité économique pour répondre aux besoins de consommation et de production.
  2. Augmentation des transferts de la diaspora : Les transferts de fonds des Libanais à l’étranger, estimés à 7,2 milliards USD en 2024, représentent plus de 25 % du PIB. Ces envois, bien qu’essentiels pour maintenir un semblant de stabilité sociale, soulignent une économie de plus en plus dépendante de la diaspora.

Tableau 2 : Principaux indicateurs économiques liés à la balance des paiements (2024)

IndicateurValeur
Réserves officielles (milliards USD)10,135
Dépréciation de la livre (%)+2,1
Transferts de la diaspora (milliards USD)7,2
Importations totales (milliards USD)13,0

des flux financiers non productifs

Une partie importante des entrées de devises provient de flux financiers non productifs, tels que :

  • Liquidations d’actifs bancaires : Les banques libanaises, en quête de liquidité, ont rapatrié près de 1 milliard USD d’actifs détenus à l’étranger.
  • Investissements spéculatifs : Certains capitaux étrangers, attirés par des opportunités de court terme dans les secteurs financier et immobilier, ont contribué à renforcer temporairement la balance des paiements.

Cependant, ces flux ne financent ni la production ni des investissements structurants. Ils accentuent la déconnexion entre l’apparente amélioration des indicateurs financiers et la réalité économique.

limites et critiques

Cet excédent masque des faiblesses structurelles profondes. La dépendance à la diaspora et aux flux spéculatifs traduit l’incapacité du Liban à générer des revenus locaux ou à attirer des investissements directs étrangers productifs. De plus :

  • Érosion des capacités productives : L’industrie et l’agriculture, autrefois des piliers de l’économie, continuent de se contracter en raison du manque d’accès aux capitaux et aux intrants.
  • Absence de réformes : Les mesures économiques nécessaires pour moderniser le système fiscal, restructurer le secteur bancaire et stabiliser la dette publique restent bloquées par des intérêts politiques divergents.

Malgré une augmentation de 814 millions USD des réserves officielles en 2024, le Liban reste loin de disposer des marges nécessaires pour stabiliser sa monnaie ou financer la reconstruction.

perspectives incertaines pour 2025

Les perspectives pour 2025 dépendent largement de la trajectoire politique et économique du pays. Un excédent pourrait se maintenir, mais uniquement en l’absence de reprise économique et de hausse des importations. À défaut de réformes structurelles et d’un soutien international coordonné, l’économie continuera de fonctionner sur des mécanismes d’adaptation précaires.

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Newsdesk Libnanews
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