Le secteur du tourisme au Liban a connu un recul significatif en 2024, notamment en raison des tensions à la frontière sud avec Israël et des conflits en cours. Selon les données du ministère du Tourisme, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 16,12 % en glissement annuel en juin 2024, atteignant 630 075 visiteurs. Ce déclin est principalement attribué aux avertissements lancés par plusieurs pays à leurs citoyens, les incitant à éviter de voyager au Liban à cause de l’instabilité sécuritaire.
Parmi les visiteurs, les Européens représentaient 38 % des touristes, suivis des visiteurs en provenance des pays arabes (27 %) et des Amériques (20 %). Cependant, tous ces groupes ont enregistré une baisse. Les touristes européens ont chuté de près de 20 %, les visiteurs des pays arabes de 12 %, et les Américains de presque 20 % également.
En termes de revenus, le secteur touristique libanais, qui générait traditionnellement plus de 5 milliards de dollars par an, est vital pour l’économie du pays, contribuant à plus de 50 % du revenu national avec les envois de fonds des expatriés. Mais avec la crise financière et la dévaluation de la livre libanaise depuis 2019, les perspectives restent incertaines, malgré un regain d’activité durant les saisons estivales.
Cette information intervient alors que des représentants de ce secteur estiment que les pertes sectorielles auraient atteintes 3 milliards de dollars en 2024.
Des chiffres déjà trompeurs à la base
Il est important de noter que le nombre de touristes rapporté par les autorités libanaises peut être trompeur. En effet, une proportion significative de ces visiteurs ne sont pas de véritables touristes étrangers, mais plutôt des expatriés libanais ou des personnes possédant la double nationalité. Cette distinction est essentielle pour comprendre les véritables dynamiques du secteur touristique libanais.
En 2023, il a été estimé que plus de 63 % des visiteurs étaient des Libanais ou des binationaux revenant au pays pour des raisons familiales ou économiques, et non pour des motifs touristiques classiques(AgBi). Cela signifie que les chiffres du ministère du Tourisme peuvent exagérer la santé réelle du secteur touristique. Si l’on exclut ces « pseudo-touristes », la situation serait encore plus préoccupante, car le véritable tourisme, c’est-à-dire celui générant des revenus extérieurs et de l’investissement direct dans le secteur, est bien plus faible qu’il n’y paraît.
Cette dépendance sur les expatriés et les binationaux pose plusieurs questions sur la viabilité à long terme du secteur. Alors que le Liban traverse une crise économique sans précédent, avec une dévaluation massive de sa monnaie et une instabilité politique persistante, il devient de plus en plus difficile d’attirer de véritables touristes étrangers, qui injecteraient des devises précieuses dans l’économie.
La question qui se pose est donc de savoir si le secteur touristique libanais peut réellement se redresser en continuant à compter majoritairement sur des expatriés revenant pour de courtes périodes, souvent avec un budget limité. Les Libanais de la diaspora, bien que nombreux à revenir pour des événements familiaux, ne contribuent pas de la même manière que les touristes étrangers, qui restent généralement plus longtemps et dépensent davantage. Ainsi, l’impact économique de ces visiteurs est moindre, et cela pourrait être un obstacle majeur au redressement durable de l’économie libanaise.