“.. le vent se lève au Liban et il y a de bonnes raisons de soutenir le combat pour la démocratie et la dignité de ce formidable peuple. Il ne s’agit pas que la France ou  l’UE aide quelque parti politique libanais : il s’agit d’aider à créer les conditions d’émergence d’une démocratie véritable, d’un système politique et économique enfin débarrassé des logiques tribales et du capitalisme de compérage, libéré ainsi de cet oligopole politico-économique qui règne jusqu’à présent.” FRÉDÉRIC FARAH ; JÉRÔME MAUCOURANT, 29/10/2019. 

Une large part de la population libanaise ne se reconnaît plus dans un système politique dévoué pour préserver des acquis générationnels et des perspectives verbales. On nous sert de scabreuses analyses sur de possibles complots sous-jacents ou à venir au lieu de corriger des préjugés en de hautes fonctions. Des manifestants vaccinés et majeurs, instruits et pacifiques en tant de lieux et sur les scènes médiatiques depuis un mois, n’ont pas besoin d’être sermonnés par des personnages épris de leurs propres assises.

Un libanais rigoureux dans la poursuite de ses droits et obligations ne peut être secouru par des politiques opportunes mais par la cohérence d’une réponse citoyenne adéquate. D’ailleurs, le changement national ne se fait pas par ceux qui ont échoué à la tâche publique. Ce rapport de méfiance est tout à fait légitime malgré le long et complexe parcours, irresponsable, individuel et collectif de tant de libanais qui ont cultivé la tolérance des politiques accaparatrices et le choix électoral erroné.

Après avoir composé dans les divers contextes communautaires l’anormalité “traditionnelle” au quotidien, des électeurs se révoltent enfin après des décennies de silences vis-à-vis des montagnes d’abus, des élus autistes et des promesses “invalidées par d’autres”.

Après la somnolence et l’immobilisme voilà que la raison librement critique unifie tant de libanais dans le dépouillement et la faim. Les personnes de tout âge se rallient sans réserve à l’appartenance citoyenne, alors que l’élitisme transmet sans cesse une perception cloîtrée, bien au delà de la réalité criante des gens. La logique du “il faut voir les choses ainsi car d’une autre façon elle est fausse ou manipulable” ne permet d’entamer une quelconque écoute constructive. Celle qui, pour devenir fonctionnelle devrait se baser sur les demandes des libanais en souffrances insolvables et sur le travail assidu pour des applications démocratiques correspondantes !! 

L’écoute bienveillante ne sert pas des sièges cloisonnés par des justificatifs, des prétextes, des meilleurs intentions et ce, au gré du savoir auto-suffisant. Ce million de réalités humaines spontanées, dignement et résolument exprimées depuis un mois sont toujours perçues par des politiciens affairés ailleurs comme “des personnes manipulées par des initiateurs et des organisateurs”. 

L’autoritarisme confirme de plus en plus sa donne  avec des délais continus, des dénis aberrants et des choix imposés. La responsabilité nationale des uns et des autres demeure absente des vécus criants alors qu’elle se doit d’adopter les étapes maintes fois précisées par les voies citoyennes. Alors que “Le Peuple est la source de tous les pouvoirs et le détenteur de la souveraineté qu’il pratique à travers les institutions constitutionnelles”*, la place des stratèges politiques servirait-elle à dissuader les gens pour les gouverner où à les servir justement afin de mériter leur confiance ? 

* Extrait des principes généraux du document de L’Entente nationale- Accord de Taef, 1989.

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