Le 13 mai 2025 marque un tournant géopolitique majeur dans la région avec l’arrivée du président américain Donald Trump à Riyad. Présentée comme une visite « historique », cette offensive diplomatique s’accompagne d’initiatives symboliques et stratégiques, qui redessinent les lignes d’influence entre Washington, Tel-Aviv, Doha et les puissances régionales. L’attention médiatique libanaise s’est cristallisée sur cette tournée, la situation à Gaza, les élections municipales, ainsi que sur la posture des leaders locaux face à la recomposition régionale.
Trump en Arabie saoudite : vers une nouvelle architecture d’influence
Donald Trump est arrivé à Riyad pour participer à une nouvelle édition de la conférence américano-golfique. Cette visite marque son retour sur la scène internationale après sa réélection, et entend « refermer le chapitre des conflits hérités » tout en initiant une série de négociations inédites avec des acteurs naguère considérés comme hostiles. Dans son point presse avant le départ, Trump a insisté sur le fait que sa tournée visait à « établir une stabilité durable par le biais de partenariats stratégiques renforcés » (Al Liwa’, 13 mai 2025).
La visite a été précédée de l’annonce surprise d’un accord bilatéral avec le Yémen, scellant le retrait des forces américaines et la fin du soutien à l’offensive saoudienne. Ce réajustement coïncide avec des contacts inédits entre les États-Unis et le Hamas, notamment à travers la médiation du Qatar et de l’Égypte (Al Bina’, 13 mai 2025). L’un des résultats visibles de ces tractations a été la libération du soldat américano-israélien Idan Alexander par le Hamas, remis au Comité international de la Croix-Rouge à Gaza (Al Akhbar, 13 mai 2025).
La libération d’Idan Alexander : geste humanitaire ou monnaie d’échange ?
L’annonce de la libération du soldat Idan Alexander a fait l’objet d’une couverture intense. Pour Al Quds (13 mai 2025), cette opération s’inscrit dans une séquence de désescalade entre Washington et les factions palestiniennes, même si la position de l’administration Trump reste ambivalente quant à la poursuite du soutien à Israël. Le refus d’Alexander de rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été interprété comme un signal de malaise croissant dans la relation bilatérale, déjà fragilisée par le recentrage américain sur la diplomatie directe avec Gaza et l’Iran.
De son côté, le Hamas a souligné que ce geste devait « ouvrir la voie à une solution globale », comprenant un cessez-le-feu permanent, un échange de prisonniers, la levée du blocus sur Gaza et un plan de reconstruction (Al Bina’, 13 mai 2025). Ces revendications, désormais relayées par la diplomatie qatarie et discutées à Doha, sont au cœur d’un processus d’apaisement qui pourrait redéfinir les rapports de force dans la région.
La frustration israélienne et le malaise de Netanyahu
La presse libanaise n’a pas manqué de souligner la tension perceptible entre Tel-Aviv et Washington. Ad Diyar (13 mai 2025) revient sur les humiliations publiques infligées à Netanyahu, notamment lorsque Trump, lors d’une réunion à la Maison Blanche en avril dernier, a annoncé sans le prévenir le lancement de négociations directes avec Téhéran. Selon la même source, Netanyahu aurait vécu la libération d’Alexander comme un « camouflet politique », d’autant plus que le gouvernement israélien n’a pas été associé à la dernière phase des discussions.
Al Akhbar (13 mai 2025) relaie les inquiétudes de certains responsables israéliens qui redoutent que la recomposition régionale se fasse à leur détriment, avec un retrait graduel du soutien américain inconditionnel et la réhabilitation d’acteurs non étatiques comme le Hamas. Le journal évoque également des signaux de crispation au sein de l’armée israélienne, désormais confrontée à la perspective d’un cessez-le-feu sans garanties de sécurité étendues.
La scène libanaise en arrière-plan : prudence stratégique et enjeux électoraux
Sur le plan interne, le Liban observe ces évolutions avec prudence. Le président Joseph Aoun, de retour d’une visite au Koweït où il a rencontré l’émir Mishaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a réaffirmé « l’attachement du Liban à la stabilité régionale et au respect des souverainetés » (Al Joumhouriyat, 13 mai 2025). Cette posture diplomatique modérée est partagée par le Premier ministre Nawaf Salam, qui s’apprête à représenter le Liban à la conférence de Bagdad le 17 mai.
Dans le même temps, la tenue des élections municipales, notamment à Beyrouth, Tripoli et dans le Nord, constitue un test pour les équilibres politiques internes. La presse fait état d’une forte polarisation dans les alliances locales, parfois empreintes de communautarisme, comme l’indique Al Sharq (13 mai 2025). Des incidents liés à l’usage de l’argent électoral et aux pressions exercées sur les électeurs ont été documentés dans plusieurs localités, notamment dans le Akkar et à Tripoli (Al Akhbar, 13 mai 2025).
La recomposition des rapports régionaux : perspectives et inconnues
L’émergence d’une diplomatie transactionnelle axée sur les bénéfices immédiats (cessation des hostilités, investissements, échanges de prisonniers) pourrait annoncer un tournant structurel. Pour Al Liwa’ (13 mai 2025), la nouvelle phase engagée par Trump enterre définitivement les paradigmes hérités des accords de Sykes-Picot et de Yalta, avec un retour à une géopolitique façonnée par des acteurs souverains et des intérêts économiques.
Toutefois, plusieurs éditorialistes libanais appellent à la prudence. An Nahar (13 mai 2025) met en garde contre l’illusion d’un accord rapide et souligne les tensions non résolues à Gaza, les risques de repli stratégique de l’Iran, ainsi que les manœuvres tactiques de la Turquie en Syrie. D’autres voix, comme celle de Al Akhbar, insistent sur le fait que la résistance armée reste, selon certains courants politiques libanais, une garantie face aux ambitions israéliennes, notamment après la déclaration du secrétaire général adjoint du Hezbollah, Naim Kassem, réaffirmant « le droit du Liban à résister à l’occupation par tous les moyens légitimes ».
Politique locale : tensions électorales, alliances fluctuantes et positionnements institutionnels
Les développements politiques internes au Liban au 13 mai 2025 ont été dominés par la dynamique des élections municipales, avec leur lot de tensions communautaires, de recompositions d’alliances et de positionnements institutionnels prudents. En toile de fond, les déclarations des principales figures de l’exécutif sur la stabilité, la réforme ou la souveraineté ont ponctué une scène politique en quête de repères dans un contexte régional en mutation.
Municipales : la polarisation confessionnelle se confirme dans les urnes
La tenue de la deuxième phase des élections municipales et leur préparation pour la troisième phase ont illustré une reconfiguration inégale du paysage politique. À Tripoli, dans le Nord et à Beyrouth, les affrontements symboliques entre coalitions ont révélé des logiques claniques et confessionnelles exacerbées. Ad Diyar (13 mai 2025) fait état d’une explosion de tirs de joie dans plusieurs villes du Nord après l’annonce des résultats, illustrant selon le journal « un climat de tension, de défi à l’État, et de faiblesse institutionnelle ». Des incidents sécuritaires ont été rapportés, notamment à Tripoli, nécessitant le déploiement de l’armée face à des manifestants rassemblés devant la Saraya.
An Nahar (13 mai 2025) rapporte quant à lui l’arrestation de 35 personnes liées à des actes de violence et d’intimidation dans les quartiers périphériques de Beyrouth et dans certaines municipalités du Nord. Le journal souligne l’usage « d’armes à feu, de réseaux d’achat de voix et de pressions confessionnelles ». Cette situation a poussé le Premier ministre Nawaf Salam à réaffirmer la volonté du gouvernement d’imposer « des mesures strictes contre toute forme de corruption ou de violence électorale ».
La scène sunnite : fragmentation et absence des figures traditionnelles
Le scrutin municipal a mis en évidence l’affaiblissement du courant sunnite classique. Al Akhbar (13 mai 2025) observe une « désaffection notable » à Tripoli, ancien bastion du courant du Futur, amplifiée par l’absence de candidature de figures comme Saad Hariri ou Najib Mikati. L’appel à l’abstention de ces leaders historiques a, selon le journal, « favorisé l’émergence d’initiatives locales non alignées mais marquées par une compétition déstructurée ». Cette évolution a généré une compétition désorganisée et parfois violente, notamment entre groupements religieux et communautaires rivaux.
Ad Diyar met en lumière la montée d’une dynamique de « vote sanction » dans certaines villes du Akkar, où les électeurs ont rejeté les listes soutenues par des figures religieuses locales proches des anciens réseaux du courant du Futur, au profit de candidats indépendants ou issus de la société civile.
Le clivage maronite : recompositions à flux tendu
Dans le Nord, et plus particulièrement à Zgharta, Bécharré et Batroun, la compétition a opposé les Forces libanaises, le Courant patriotique libre, et les mouvements locaux comme Marada ou la mouvance Frangié. Al Akhbar (13 mai 2025) souligne que « la bataille électorale ne s’est pas traduite par une bascule des équilibres, mais par une consolidation des positions de chaque acteur dans ses bastions respectifs ».
À noter, cependant, l’échec relatif du CPL à s’imposer dans les fiefs historiquement maronites du Nord, alors même que ses cadres misaient sur un recentrage du discours autour de la gestion locale et de la lutte contre la corruption. Ce reflux est nuancé par les résultats partiels en périphérie de Beyrouth, où le mouvement orange conserve des positions, notamment à Hazmieh et Baabda, selon Al Sharq (13 mai 2025).
Les Forces libanaises, quant à elles, renforcent leur position dans le Kesrouan et à Zahlé. Elles s’appuient sur une mobilisation confessionnelle active, doublée d’un discours sécuritaire offensif.
Beyrouth : un test national sous tension
À la veille du scrutin dans la capitale, l’ensemble des journaux souligne la charge politique symbolique de l’échéance municipale à Beyrouth. Al Joumhouriyat (13 mai 2025) mentionne que « les enjeux dépassent largement la seule gestion municipale pour devenir un indicateur de l’équilibre confessionnel et de la légitimité des représentants locaux dans un contexte de blocage national ».
La compétition s’annonce tendue entre trois principales coalitions : une liste soutenue par le Hezbollah et ses alliés, une autre par le CPL et des indépendants proches de la présidence, et une troisième appuyée par les Forces libanaises et les Kataëb. An Nahar rapporte des affrontements verbaux lors de certains meetings, et le déploiement d’agents de sécurité autour de certains centres de vote anticipés.
Le Hezbollah, selon Al Akhbar, « mobilise son électorat sur des enjeux identitaires liés à la défense des quartiers populaires et à la reconstruction d’infrastructures négligées », tandis que les Forces libanaises misent sur une rhétorique de restauration de la souveraineté locale, dénonçant « l’emprise d’un pouvoir parallèle ».
Les figures de l’État : appels à la retenue et équilibre institutionnel
Face aux tensions locales, le président de la République Joseph Aoun a insisté sur la nécessité d’« une expression électorale pacifique et conforme à l’intérêt de l’État » lors d’un entretien accordé à l’agence KUNA (reproduit dans Al Joumhouriyat, 13 mai 2025). Il a rappelé que « les élections doivent renforcer la cohésion nationale, pas approfondir les fractures locales ».
De son côté, Nawaf Salam, chef du gouvernement, a averti que « la tentation de l’achat de voix, les pressions sur les électeurs ou l’instrumentalisation confessionnelle doivent être sanctionnées avec la plus grande fermeté ». Ses propos, cités dans An Nahar, ont été interprétés comme un message direct aux responsables locaux impliqués dans des irrégularités.
Le ministre de l’Intérieur a de son côté salué, dans une allocution relayée par Al Sharq, « le civisme de la majorité des électeurs et la performance des forces de l’ordre », tout en reconnaissant « des poches de violences préoccupantes, notamment dans certaines municipalités du Akkar, du Sud et du Metn ».
Diplomatie : réalignements bilatéraux et signaux d’apaisement dans la région
Le volet diplomatique de l’actualité du 13 mai 2025 a été marqué par la consolidation de certaines relations bilatérales, en particulier entre le Liban et le Koweït, mais aussi par des réajustements géopolitiques à la faveur de la visite de Donald Trump au Moyen-Orient. Tandis que le Liban tente de repositionner sa politique étrangère dans un contexte régional en recomposition, les déclarations des responsables reflètent à la fois une volonté d’ouverture et de prudence.
Joseph Aoun au Koweït : relance bilatérale et appui régional
Le président de la République Joseph Aoun a achevé une visite officielle au Koweït où il a rencontré l’émir Mishaal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah. Cette rencontre, largement couverte par Al Joumhouriyat (13 mai 2025), a été l’occasion de relancer une série d’accords suspendus depuis plusieurs années et de confirmer « la volonté commune de restaurer la normalité diplomatique entre les deux pays ».
L’émir du Koweït a annoncé lors de cette rencontre la décision de « relever le niveau de représentation diplomatique auprès du Liban », signal diplomatique fort après une phase de refroidissement. Le président Aoun a exprimé sa reconnaissance et formulé une invitation officielle à l’émir à se rendre à Beyrouth. Al Joumhouriyat cite aussi les propos du ministre de l’Intérieur koweïtien Fadhel Al-Sabah qui a souligné que « le Liban reste au cœur de la conscience collective du Golfe » et affirmé que « le Koweït est prêt à appuyer tous les processus de reconstruction, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures ».
Outre la réactivation des dossiers bilatéraux, les deux parties ont évoqué leur coordination en matière de politique régionale. Le Koweït, engagé dans une politique d’apaisement avec l’Iran et le Qatar, voit dans le Liban un partenaire possible pour faire progresser la neutralité active dans les dossiers du Levant.
Salam à la conférence de Bagdad : prudence sur la scène arabe
Le Premier ministre Nawaf Salam est attendu à la conférence arabe qui se tiendra à Bagdad le 17 mai. Al Liwa’ (13 mai 2025) indique qu’il sera accompagné du ministre des Affaires étrangères, Yusuf Raji. Bien que l’agenda officiel n’ait pas été rendu public, des sources diplomatiques citées par le journal évoquent la volonté du Liban de « plaider pour la réactivation de l’aide humanitaire aux réfugiés, le soutien à l’armée libanaise, et une position collective contre l’agression israélienne sur Gaza ».
Cette participation traduit un retour progressif du Liban dans certaines enceintes régionales, après plusieurs années d’isolement. Cependant, An Nahar (13 mai 2025) souligne que le Liban « avance prudemment, soucieux de ne pas raviver les clivages internes ou de s’aligner sur des pôles régionaux en tension ».
La position de Salam, selon ses collaborateurs, consiste à promouvoir un « multilatéralisme pragmatique », évitant les prises de position unilatérales sur les dossiers sensibles comme le conflit yéménite ou les accords de normalisation.
Réajustements régionaux : repositionnements autour du Golfe
La visite de Trump en Arabie saoudite, et les négociations régionales qui en découlent, ont un impact indirect sur la diplomatie libanaise. Al Bina’ (13 mai 2025) analyse cette tournée comme « une tentative américaine de réorganiser l’ordre régional sur la base de deals bilatéraux et de concessions ciblées », ce qui pourrait offrir au Liban des marges de manœuvre diplomatiques.
L’un des points de friction potentiels reste cependant la normalisation entre certaines capitales arabes et Israël, processus que le Liban continue officiellement de rejeter. Sur ce plan, aucune déclaration libanaise récente n’a été faite, mais les diplomates interrogés par Al Akhbar évoquent une « ligne de conduite constante consistant à refuser toute forme de reconnaissance implicite d’Israël tant que la question palestinienne demeure non résolue ».
Le Liban suit aussi de près les discussions américano-iraniennes, dont le retour au dialogue a été salué par plusieurs pays du Golfe. Selon Al Sharq, cette ouverture pourrait faciliter le rétablissement des relations Beyrouth-Téhéran sur un mode moins idéologisé, via une coopération technique dans les domaines de l’énergie et de la santé.
Politique internationale : reconfigurations géostratégiques et initiatives de désescalade
L’actualité internationale du 13 mai 2025 est dominée par la réorganisation des rapports de force au Proche-Orient, dans un contexte marqué par le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Les médias libanais analysent les implications des évolutions en Palestine, Syrie, Iran, Turquie et Kurdistan. Les dynamiques observées laissent apparaître un glissement vers des équilibres tactiques, des rapprochements circonstanciels et un repositionnement d’acteurs historiques.
Trump relance sa diplomatie transactionnelle dans le Golfe
La visite de Donald Trump au Moyen-Orient, amorcée par son arrivée en Arabie saoudite, est décrite par Al Bina’ (13 mai 2025) comme « le point de départ d’une nouvelle architecture sécuritaire », marquée par le désengagement partiel des États-Unis de certains fronts et par la négociation directe avec des acteurs précédemment marginalisés.
Le président américain a affirmé vouloir « conclure des accords concrets avec les véritables acteurs du terrain, et non avec leurs intermédiaires idéologiques ». Cette doctrine, note Al Liwa’ (13 mai 2025), se matérialise par une diplomatie de résultats, qui inclut la libération du soldat israélo-américain Idan Alexander par le Hamas et la relance du dialogue avec Téhéran via des médiations qataries.
Les déclarations de Trump à son arrivée à Riyad évoquent « la nécessité d’un nouvel équilibre de coopération » et un appel à « un partage plus équitable du fardeau sécuritaire entre alliés ». Ces propos ont été bien accueillis à Doha et à Abou Dhabi, mais interprétés avec scepticisme à Tel-Aviv.
Gaza : entre trêve conditionnelle et pressions humanitaires
La situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer. Al Quds (13 mai 2025) rapporte la poursuite des frappes israéliennes, malgré l’appel à la retenue émis par les Nations Unies, le Qatar et la Turquie. L’annonce par le Hamas de sa « disposition à négocier un cessez-le-feu durable » a été accompagnée de conditions : levée du blocus, échange de prisonniers et reconstruction.
L’accord sur l’échange du soldat Alexander a été perçu comme un signal d’ouverture, bien que les autorités israéliennes aient exprimé publiquement leur frustration, notamment après le refus du soldat libéré de rencontrer le Premier ministre Netanyahu. Ce refus a été relayé dans plusieurs médias israéliens et repris par Al Quds, qui y voit « un symptôme de rupture de confiance au sein même de l’appareil sécuritaire israélien ».
Le Qatar, par la voix de son Premier ministre Mohammed bin Abdulrahman Al Thani, a réaffirmé sa volonté de « faciliter un accord intégral, incluant l’accès humanitaire sans condition à Gaza ». Des négociations à Doha entre des émissaires israéliens et qataris sont en cours.
Syrie : tensions persistantes et rivalités stratégiques
En Syrie, Al Sharq (13 mai 2025) publie une analyse sur la compétition croissante entre Israël et la Turquie. Tel-Aviv et Ankara cherchent à redéfinir leur influence dans le nord syrien. La journaliste Nadim Qotaych, citée dans le journal, évoque « une polarisation régionale renforcée entre deux puissances qui veulent transformer la Syrie en laboratoire stratégique ». Cette rivalité se traduit par des opérations militaires discrètes, des actions de renseignement et un soutien différencié à des milices locales.
Israël continue de mener des frappes ciblées contre des positions iraniennes et du Hezbollah dans le sud de la Syrie, tandis que la Turquie poursuit ses opérations dans les zones kurdes du nord. Ces évolutions s’inscrivent dans un contexte de retour progressif de certaines chancelleries arabes à Damas, dans l’optique d’une « normalisation institutionnelle contrôlée ».
Kurdistan : fin d’un cycle insurrectionnel
L’annonce par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de son autodissolution a été largement relayée. Al Quds (13 mai 2025) précise que cette décision fait suite à un congrès tenu dans les monts Qandil, où les dirigeants du mouvement ont affirmé « avoir accompli leur mission historique ». Le communiqué officiel stipule que la lutte armée est abandonnée « au profit d’un processus politique autonome à l’intérieur des institutions démocratiques kurdes ».
Le gouvernement turc a salué une « opportunité de paix durable », tandis que l’Iran et la Syrie observent prudemment ce repositionnement. Al Quds note que le président Erdogan envisage un allègement du régime de détention d’Abdullah Öcalan, détenu depuis 1999 sur l’île d’Imrali.
Des responsables européens ont appelé à « intégrer le PKK dissous dans le dialogue parlementaire kurde », alors que certains analystes craignent une fragmentation du mouvement et l’apparition de groupes radicaux dissidents.
Iran : retour au dialogue nucléaire et signaux à Washington
La reprise informelle des discussions entre les États-Unis et l’Iran sur le nucléaire a été confirmée par plusieurs sources diplomatiques. Al Bina’ (13 mai 2025) souligne que les premiers contacts ont été établis via le Qatar et Oman. Trump a déclaré vouloir « empêcher une nouvelle course aux armements dans la région, tout en garantissant une sécurité pour Israël ».
Téhéran, selon des sources citées par Al Liwa’, reste ferme sur ses lignes rouges, notamment la levée des sanctions et la reconnaissance explicite de son droit à l’enrichissement. Le président iranien n’a pas exclu une rencontre avec des représentants américains à Istanbul, à l’issue du sommet russo-ukrainien prévu le 16 mai.
Justice : élections sous surveillance, lutte contre la corruption et législation en mutation
L’actualité judiciaire au Liban le 13 mai 2025 est dominée par la gestion des irrégularités dans les élections municipales, les débats sur la réforme de l’âge de la retraite dans la fonction publique, ainsi que les interpellations et investigations liées aux violences électorales. En arrière-plan, des voix s’élèvent pour réclamer une refonte des mécanismes de contrôle judiciaire, dans un contexte d’érosion de la confiance civique.
Les élections municipales sous l’œil de la justice
La tenue des élections municipales a engendré un lot important d’incidents judiciaires, notamment dans les régions de Tripoli, du Akkar et de Beyrouth. An Nahar (13 mai 2025) rapporte que 35 personnes ont été arrêtées pour des faits liés à l’usage d’armes à feu, à la manipulation de résultats et à l’achat de voix. Le journal indique que « les forces de sécurité ont procédé à des interpellations dans plusieurs bureaux de vote et ouvert des enquêtes sur des allégations de fraudes documentées par des observateurs civils ».
Le Premier ministre Nawaf Salam a réagi fermement à ces dérives. Lors d’un point presse au Grand Sérail, il a déclaré que « la corruption électorale, quelle qu’en soit la source, sera combattue avec rigueur, et les investigations confiées à la justice suivront leur cours sans interférence politique » (An Nahar, 13 mai 2025). Il a également rappelé que le gouvernement travaille sur une proposition de loi visant à encadrer plus strictement les campagnes électorales locales.
Ces propos font écho à des déclarations du ministre de l’Intérieur, selon lesquelles « des mesures disciplinaires et judiciaires sont à l’étude contre des fonctionnaires ayant failli à leurs obligations dans l’organisation du scrutin » (Al Sharq, 13 mai 2025). Le ministère envisage aussi de revoir les procédures de dépouillement et de centralisation des résultats, à la lumière des signalements multiples de disparités inexpliquées.
Réformes législatives : débats sur l’âge de la retraite
Parallèlement aux suites judiciaires des élections, le Parlement se prépare à examiner une série de réformes touchant le statut des fonctionnaires et des agents de l’État. An Nahar (13 mai 2025) signale que l’ordre du jour de la prochaine séance législative comprend un amendement majeur : le relèvement de l’âge de la retraite pour les fonctionnaires civils, les diplomates et les enseignants universitaires de 64 à 68 ans.
Cette proposition, selon ses auteurs, vise à « rationaliser les dépenses publiques sans pénaliser la compétence administrative », mais elle suscite des objections de syndicats et de juristes. Ces derniers craignent une « distorsion dans la hiérarchie de la fonction publique » et un allongement indu des carrières qui freinerait l’accès des jeunes diplômés à la fonction publique. Le projet prévoit également un alignement partiel avec les règles en vigueur pour les corps militaires, sans toucher aux dispositions spécifiques du Code de la défense.
Al Joumhouriyat (13 mai 2025) précise que plusieurs députés ont saisi le Conseil constitutionnel pour vérifier la conformité de certains articles de ce projet avec les principes de l’équité intergénérationnelle et les textes fondateurs du statut général de la fonction publique.
Encadrement des médias : vers une régulation plus stricte
Le débat judiciaire s’étend aussi à la régulation des médias. An Nahar (13 mai 2025) consacre un article au chaos juridique qui entoure la question des licences radiophoniques. Suite à l’incendie ayant touché les locaux de deux radios à Mtein, le président du Conseil national de l’audiovisuel, Abdel Hadi Mahfouz, a dénoncé l’existence de « plus de cent stations de radio illégales », certaines liées à des partis politiques ou des groupes confessionnels.
Mahfouz a exprimé son regret de ne pas avoir été consulté sur le projet de loi sur l’audiovisuel actuellement en discussion au Parlement. Selon lui, « le projet ne traite pas des racines du problème et maintient un système d’autorisation flou qui encourage les violations ». Il a plaidé pour « une loi dotant le conseil de pouvoirs exécutifs et non plus uniquement consultatifs ».
Le projet en question, bien que partiellement soutenu par le ministère de l’Information, fait l’objet de critiques croissantes, notamment sur le plan de la protection des journalistes, de la lutte contre les discours de haine et de la préservation de la diversité des opinions.
Procédures et lenteurs : le casse-tête de la justice administrative
Sur le plan structurel, plusieurs chroniqueurs mettent en lumière la lenteur des recours devant les juridictions administratives et le manque de moyens du Conseil d’État. Al Joumhouriyat souligne qu’un contentieux portant sur la régularité de la nomination d’un gouverneur régional est en souffrance depuis plus de treize mois, « faute de greffiers, d’ordonnances budgétaires et de juges spécialisés ».
Cette carence touche aussi les cours d’appel, en particulier à Baabda et à Saïda, où les audiences sont souvent reportées. Le Syndicat des avocats du Liban a demandé un plan d’urgence pour pourvoir aux postes vacants dans la magistrature, rappelant que « l’accumulation des dossiers nuit au principe de célérité de la justice ».
Tensions entre justice et exécutif : prudence institutionnelle
En filigrane, plusieurs sources indiquent une tension latente entre le pouvoir judiciaire et l’exécutif, notamment dans les affaires sensibles liées aux marchés publics et aux délits financiers. Al Akhbar (13 mai 2025) note que des dossiers impliquant des personnalités proches de l’ancien gouvernement sont en cours d’instruction, mais que certaines injonctions adressées au parquet ont été bloquées.
Des magistrats sous couvert d’anonymat pointent un « climat de pression indirecte » visant à retarder certaines enquêtes. Une source judiciaire citée dans le même journal déclare que « la lutte contre la corruption nécessite des garanties d’indépendance réelles, sans quoi la justice ne peut être un levier de réforme ».
Le président Aoun a rappelé récemment que « la justice est le pilier de toute reconstruction institutionnelle » et appelé à « un soutien clair à l’autonomie de la magistrature, sans interférences politiques ».
Société : crispations sociales, initiatives citoyennes et défaillances structurelles
Le 13 mai 2025, les journaux libanais reflètent une société traversée par des tensions multiples, entre violences post-électorales, inquiétudes sécuritaires et réflexions sur les dérives communautaires et les failles des institutions. Plusieurs articles mettent en lumière le rôle de la société civile, les mécanismes d’exclusion sociale, ainsi que les attentes croissantes à l’égard de l’État dans un climat de défiance.
Tripoli et le Nord : violences sociales et fracture civique
À Tripoli, l’ambiance post-électorale a été marquée par une série de déflagrations symboliques et physiques. Ad Diyar(13 mai 2025) évoque « des scènes de chaos », avec des tirs de joie qui ont dégénéré en affrontements dans certains quartiers, obligeant l’armée à se déployer autour de la Saraya. Ces événements traduisent selon le journal une « profonde déconnexion entre les attentes des habitants et l’absence de contrôle étatique ».
Les mêmes phénomènes ont été observés dans plusieurs villages du Akkar, où les manifestations festives liées aux résultats des municipales ont dégénéré. Al Akhbar (13 mai 2025) souligne que dans ces régions, le tissu social reste fragile, en proie à la marginalisation et aux divisions interclaniques. Le sentiment d’abandon structurel y est exacerbé par l’absence de projets publics pérennes.
Selon les témoignages recueillis par An Nahar (13 mai 2025), nombre de jeunes perçoivent les élections comme une « répétition d’un cycle clientéliste » plutôt qu’une opportunité de transformation. Cette perception engendre un rejet de l’institution municipale, mais aussi une recrudescence de comportements antisociaux.
La désagrégation du lien civique : radios, identités et espace public
Un incendie ayant détruit les studios de deux radios dans la localité de Mtein a ravivé le débat sur les tensions communautaires et les rivalités symboliques. An Nahar rapporte que les radios concernées émettaient sans licence, dans un cadre religieux ou politique informel, à destination d’un public ciblé. L’affaire pose, au-delà de sa dimension technique, la question de la fragmentation de l’espace médiatique libanais.
Abdel Hadi Mahfouz, président du Conseil national de l’audiovisuel, déclare au journal : « Nous vivons dans un environnement médiatique anarchique. Le discours communautaire a remplacé le débat public, et cela affecte la cohésion nationale. » Il alerte sur la prolifération de discours sectaires déguisés en contenus culturels ou humanitaires, diffusés sans cadre légal.
En parallèle, les initiatives citoyennes se multiplient pour récupérer l’espace public et restaurer la mixité dans certains quartiers de Beyrouth. Al Joumhouriyat (13 mai 2025) met en avant une mobilisation d’associations locales à Bourj Hammoud et dans le Metn visant à interdire la privatisation illégale de trottoirs par des commerces affiliés à des clans locaux.
Femmes et jeunes : participation contrariée et réponses collectives
La participation féminine aux élections municipales, bien que saluée, reste marginale. Al Sharq (13 mai 2025) souligne que sur plus de 8 000 candidats recensés, seules 3 % étaient des femmes, souvent reléguées à des rôles symboliques dans les listes. Certaines militantes dénoncent la pression sociale et les barrières culturelles, notamment dans les régions rurales du Sud et du Nord.
À Beyrouth, plusieurs ONG ont lancé une campagne de sensibilisation dans les universités pour inciter les jeunes femmes à se porter candidates lors des prochaines échéances. Cette campagne, relayée sur les réseaux sociaux, bénéficie du soutien du ministère de l’Éducation et de la Délégation de l’Union européenne.
La jeunesse, globalement, reste à la marge de l’offre politique. An Nahar indique que dans certains quartiers de la capitale, « l’abstention dépasse 60 % chez les 18-30 ans ». Les causes évoquées incluent l’absence de programmes dédiés, le désintérêt pour les enjeux municipaux et la perception d’un système verrouillé.
Éducation, précarité et migrations silencieuses
L’année scolaire touche à sa fin dans un contexte difficile. Al Joumhouriyat rapporte un taux d’abandon scolaire de plus de 20 % dans le secondaire public, accentué par les grèves intermittentes des enseignants et l’absence de fournitures essentielles dans les établissements périphériques.
Le ministère de l’Éducation a confirmé l’annulation de certaines épreuves finales dans les zones du Akkar et de Baalbek-Hermel, faute de sécurité et d’encadrement suffisant. Les ONG locales alertent sur une « génération en panne de transmission », particulièrement dans les zones frontalières.
Par ailleurs, la Croix-Rouge libanaise a diffusé un rapport indiquant une augmentation des départs non documentés depuis le littoral nord. Ces migrations clandestines concernent des jeunes hommes majoritairement, mais aussi des familles entières. Al Akhbar évoque « une résignation sociale alimentée par l’absence de débouchés, la cherté de la vie et le désenchantement politique ».
Culture : scènes en transition, expressions identitaires et retours en lumière
Le panorama culturel libanais tel que reflété par la presse du 13 mai 2025 reste marqué par une certaine invisibilité dans les agendas médiatiques, avec toutefois quelques points d’émergence à travers des événements internationaux relayés depuis le Liban, des débats mémoriels, et une production artistique locale confrontée aux défis structurels. À cela s’ajoute un intérêt renouvelé pour les figures du patrimoine culturel arabe, parfois au prisme des technologies nouvelles.
Un Liban culturel sous-représenté dans l’espace médiatique
Les journaux du 13 mai 2025 abordent peu la scène culturelle libanaise, mettant en évidence une marginalisation préoccupante des initiatives locales dans les médias traditionnels. L’absence de couverture d’événements, expositions ou créations libanaises spécifiques est flagrante dans Al Bina’, Ad Diyar, Al Sharq et Al Akhbar. Ce déficit éditorial contraste avec l’intensité de la production théâtrale et musicale dans la capitale, où plusieurs galeries et collectifs artistiques continuent pourtant d’organiser des rendez-vous ouverts au public.
Ce silence institutionnel est d’autant plus significatif que nombre de ces événements sont soutenus par des coopérations culturelles européennes ou des ambassades. Selon un agent culturel interrogé par Al Joumhouriyat, « le désintérêt de la presse traduit moins une crise de création qu’un isolement progressif des milieux artistiques face à une société centrée sur ses urgences politiques ».
Festival de Cannes : miroir du Liban dans le cinéma arabe
Le lancement du Festival de Cannes, bien que principalement évoqué dans un contexte international, suscite un intérêt au Liban à travers la sélection de plusieurs œuvres traitant du Proche-Orient. An Nahar (13 mai 2025) publie un reportage sur l’ouverture du festival en mettant en exergue les productions arabes sélectionnées, notamment un film égyptien et un documentaire irakien. Aucun film libanais n’y est mentionné, mais des réalisateurs du pays sont présents dans les forums parallèles.
Le journal évoque la participation du distributeur libanais Hani Nader à une table ronde sur le financement du cinéma indépendant dans les pays en crise. Cette intervention a été remarquée pour son plaidoyer en faveur d’une plus grande solidarité entre producteurs du Sud global. Il y a déploré l’« effacement progressif de la visibilité cinématographique libanaise depuis la pandémie et la crise économique de 2019 ».
Mémoire et IA : la polémique autour d’Oum Kalthoum
Dans un tout autre registre, Al Quds (13 mai 2025) relate une controverse née de l’utilisation d’une intelligence artificielle pour faire chanter virtuellement Oum Kalthoum un titre contemporain du rappeur égyptien Wegz. Cette production, diffusée sur les réseaux sociaux, a suscité l’indignation de la famille de la chanteuse et relancé au Liban aussi le débat sur la mémoire des figures patrimoniales arabes.
Des critiques culturels libanais y voient une « décontextualisation technologique des symboles de la culture arabe classique », alors que d’autres, notamment dans les milieux du design sonore, défendent l’expérience comme une « exploration des usages contemporains de l’héritage ». Ce débat rejoint les préoccupations locales autour de l’archivage sonore des anciens artistes libanais, notamment ceux des années 1950-1970, dont les enregistrements peinent à être numérisés ou restaurés.
L’agenda culturel : initiatives discrètes, absence d’agenda centralisé
Aucune des éditions analysées ne propose de calendrier des événements culturels au Liban pour la semaine du 13 mai. Cette carence révèle une fois de plus le manque d’intégration de la vie artistique dans les circuits d’information de masse. Pourtant, selon plusieurs sources secondaires, sont actuellement en cours :
– une exposition de l’artiste libanaise Tania El Khoury à l’espace Station à Beyrouth autour des mémoires de guerre ;
– un cycle de lectures poétiques au centre Dar El-Nimer organisé par le collectif Jasad ;
– des projections au cinéma Metropolis avec une programmation dédiée au cinéma iranien contemporain ;
– des représentations théâtrales au Théâtre Monnot, notamment une création du metteur en scène Rabih Mroué autour de la crise du témoignage ;
– un concert de jazz libanais au théâtre Al Madina, rassemblant plusieurs musiciens issus de la diaspora.
Ces événements, bien que relayés via les réseaux sociaux, n’apparaissent pas dans les éditions imprimées de la presse généraliste.