lundi, juin 16, 2025

Les derniers articles

Articles liés

EDITO: À Gaza, la négociation a vaincu la force

- Advertisement -

Un homme a été libéré. Un otage israélo-américain, retenu depuis des mois dans la bande de Gaza, a retrouvé la liberté. Non grâce aux bombes. Non grâce aux commandos. Non grâce à l’armée israélienne. Mais à travers un dialogue direct, discret, entre les États-Unis et le Hamas. Et dans cet échange silencieux, une vérité éclatante surgit : la force, brandie comme solution absolue par Netanyahou, s’effondre devant la puissance patiente de la négociation.

Il faut le dire sans détour : ces dernières 24 heures ont été un camouflet pour la ligne dure israélienne. Une démonstration embarrassante, brutale, de l’échec d’une stratégie militaire qui prétendait tout résoudre par la destruction. Le Hamas, considéré par Israël comme un acteur irrationnel et indigne de tout dialogue, a pourtant prouvé qu’il pouvait être un interlocuteur. Qu’il tenait parole. Qu’il respectait un accord. Mieux : il a obtenu un résultat tangible face à la première puissance mondiale.

Et c’est là l’humiliation profonde pour Netanyahou. Les États-Unis, dans cette opération, n’ont pas eu besoin d’Israël. Ils ont prouvé, par le fait, que leurs objectifs humanitaires et diplomatiques peuvent se réaliser sans le gouvernement israélien. Ils ont montré à Tel-Aviv qu’ils peuvent court-circuiter l’appareil sécuritaire israélien, dialoguer directement avec le Hamas et obtenir des résultats. Le message est clair : l’Amérique n’est pas otage de l’intransigeance israélienne.

Ce geste, pourtant limité à un seul homme, vient pulvériser une posture politique entière. Il décrédibilise les faucons israéliens, les pyromanes qui ont tout fait pour saboter toute issue politique. Ceux qui ont torpillé les négociations passées, qui ont réduit à néant les tentatives de trêve, qui ont saboté la solution des deux États, qui ont déshumanisé toute voix palestinienne. Cette libération, modeste en apparence, est une claque pour eux.

Elle démontre qu’un autre chemin est possible. Elle rappelle que le dialogue, aussi difficile soit-il, reste l’unique voie viable. Et elle révèle, surtout, que la stratégie de Netanyahou ne repose pas sur la recherche de la paix ou de la libération des otages. Non. Elle repose sur l’annexion. Sur le déplacement. Sur l’écrasement d’un peuple. Sur une entreprise de nettoyage ethnique maquillée en opération de sécurité nationale.

Depuis des mois, Gaza est transformée en champ de ruines. Des milliers de morts, une population affamée, privée d’eau, de soins, de toit. Et pour quel résultat ? Aucun otage libéré par la force. Aucun cessez-le-feu durable. Aucune avancée diplomatique. Rien que le sang, les gravats, les enterrements d’enfants. La barbarie méthodique d’un État qui a perdu toute boussole morale.

Mais cette libération est un tournant. Elle oblige à poser la seule question qui vaille : à quoi sert la guerre si elle ne sauve personne ? À quoi sert-elle si elle ne permet même pas d’atteindre l’objectif annoncé de la libération des captifs ? Et la réponse, désormais visible à tous, c’est qu’elle ne sert qu’à poursuivre un projet idéologique. Celui d’une droite israélienne extrême, enfermée dans un fantasme d’épuration, qui instrumentalise la douleur des familles pour justifier l’innommable.

C’est aussi une réponse cinglante à ces extrémistes. Le dialogue qu’ils ont diabolisé a prouvé son efficacité. Le Hamas qu’ils ont refusé de reconnaître a montré qu’il peut honorer un accord. Et les États-Unis qu’ils pensaient acquis à leur ligne ont osé agir seuls. Cette scène diplomatique parallèle est une fissure dans le mur de l’impasse. Elle dit que l’avenir ne se construira pas avec les tanks. Qu’il faudra parler. Reconnaître. Composer. Et rétablir une voie politique que les bombardements ont tenté d’enterrer.

Il est temps de refermer le cycle infernal de la vengeance. Il est temps de sortir de la logique coloniale. Il est temps de reconnaître que l’occupation n’est pas une solution, que le massacre n’est pas une stratégie. Il faut des solutions politiques. Urgentes. Justes. Réalistes. Parce que la guerre, elle, ne résout rien. Elle ne fait que tuer plus vite.

Gaza n’est pas une terre à conquérir. C’est un lieu de vie, de mémoire, d’humanité. Et c’est justement cette humanité qu’il faut sauver.

- Advertisement -
François El Bacha
François El Bachahttp://el-bacha.com
Expert économique, François el Bacha est l'un des membres fondateurs de Libnanews.com. Il a notamment travaillé pour des projets multiples, allant du secteur bancaire aux problèmes socio-économiques et plus spécifiquement en terme de diversité au sein des entreprises.

A lire aussi