Les élections municipales et choisies qui se sont déroulées le 4 mai 2025 dans le gouvernorat du Mont-Liban ont révélé plusieurs dynamiques politiques majeures et ont été interprétées comme un baromètre pour les élections législatives prévues en mai 2026. Malgré leur cadre local, ces élections ont cristallisé les rivalités politiques nationales et mis en lumière les stratégies différenciées des principales formations.
Une participation en recul mais significative
Selon Ad Diyar (6 mai 2025), le taux de participation s’est établi à 45,08 %, en baisse par rapport aux 57,8 % enregistrés en 2016. Ce recul s’explique en partie par l’augmentation du nombre de municipalités remportées par acclamation — plus de 70 —, mais aussi par une forte émigration accentuée après la double explosion du port de Beyrouth en 2020. Cette tendance pourrait selon le journal se prolonger dans les législatives à venir.
Le Hezbollah et Amal : démonstration de discipline et d’ancrage
Dans de nombreuses localités à majorité chiite comme Ghobeiry, Bourj el-Barajneh ou encore Haret Hreik, les listes soutenues par le Hezbollah et le mouvement Amal, réunies sous la bannière « développement et fidélité », ont obtenu la majorité, souvent sans réelle opposition. Al Akhbar (6 mai 2025) souligne que le Hezbollah n’a pas mobilisé intensément sa machine électorale, misant plutôt sur un message de stabilité et d’organisation. Aucune grande confrontation n’a été recherchée, et les alliances avec le Courant patriotique libre dans des localités mixtes ont permis d’éviter les tensions locales.
Le CPL cherche à sortir de son isolement
Le Courant patriotique libre, dirigé par Gebran Bassil, a profité de ces élections pour démontrer qu’il demeure une force incontournable dans le Mont-Liban. Lors d’une conférence de presse, Bassil a reconnu certaines défaites dans des villes clés, mais a insisté sur la dynamique positive du parti, en insistant sur les alliances tissées avec les familles et les indépendants.
Les Forces libanaises dans un rapport de force tendu
Dans des zones chrétiennes telles que Achqout, Faraya, Harajel ou Ghazir, les Forces libanaises ont remporté plusieurs scrutins, mais Al Akhbar note que cela ne s’est pas traduit par une hégémonie claire. Le duel implicite entre le CPL et les Forces libanaises reste marqué par des équilibres précaires.
Les listes dites « indépendantes » et l’échec des « forces du changement »
Selon An-Nahar (6 mai 2025), les listes indépendantes ou « civiles » ont été marginalisées. Plusieurs analystes notent que les forces dites « de changement », qui avaient percé aux législatives de 2022, apparaissent aujourd’hui divisées et sans projet commun. Leur retrait ou leur effacement dans les batailles municipales, souvent dominées par des équilibres familiaux ou partisans, reflète leur difficulté à s’imposer durablement dans le paysage politique.
Fractures et dynamiques confessionnelles
Le scrutin a confirmé la segmentation confessionnelle du vote. Ad Diyar fait état d’un « kabach » (affrontement) plus aigu au sein de l’électorat chrétien, alors que les sunnites, orphelins du leadership de Saad Hariri, ont présenté un vote éclaté. Dans le Chouf, par exemple, les dynamiques locales druzes ont conduit à des alliances ponctuelles avec des acteurs chiites ou issus de la gauche locale.
Enjeux et failles systémiques
Plusieurs journaux dont Al Joumhouria et Nahar pointent le caractère institutionnel de ces élections. Le président Joseph Aoun a salué l’organisation du scrutin, soulignant la capacité de l’État à organiser un événement démocratique dans un contexte de crise. Cependant, Nahar rappelle que les lois électorales appliquées, notamment celle de 2017 prévue pour les législatives, ont généré des confusions juridiques et procédurales. Des irrégularités, notamment en matière de respect du silence électoral, ont été documentées par l’ONG Ladi.
Résultats à interpréter avec prudence
Dans plusieurs éditoriaux, comme celui de Nahar, les auteurs soulignent que les municipales ne peuvent être vues comme une répétition générale des législatives. Le mode de scrutin, les enjeux locaux et les dynamiques familiales rendent toute extrapolation incertaine. Toutefois, elles permettent de jauger l’ancrage réel des partis et leur capacité à manœuvrer sur le terrain.
Politique locale : fractures partisanes et repositionnements post-électoraux
La scène politique libanaise a été animée au lendemain de la première phase des élections municipales, notamment dans le gouvernorat du Mont-Liban. Les résultats électoraux ont donné lieu à une série de réactions et de positionnements stratégiques de la part des figures politiques majeures, révélant à la fois les lignes de fracture persistantes et les nouvelles alliances en gestation.
Joseph Aoun : message de stabilité et appel à la responsabilité
Le président de la République Joseph Aoun a salué l’organisation du scrutin et l’engagement des citoyens, y voyant un signal positif sur la voie du redressement de l’État. Dans un communiqué relayé par Al Joumhouria (6 mai 2025), il a souligné que « les élections municipales et choisies ont confirmé que le Liban avance sur le chemin de la reprise malgré les crises », tout en appelant les élus à mettre en œuvre des politiques de proximité fondées sur l’écoute et l’intérêt général.
Gebran Bassil et le CPL : une offensive sur le terrain
Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a profité des élections pour orchestrer un retour remarqué sur la scène locale. Selon Al Akhbar (6 mai 2025), il a affirmé lors d’une conférence que son parti avait « rompu son isolement politique » et « réaffirmé sa base populaire », notamment à travers des victoires symboliques à Baabda et dans certaines localités de Metn. Bassil a également insisté sur la diversité de ses alliances, allant de notables locaux à des composantes du Hezbollah dans certaines zones stratégiques.
Les Forces libanaises : dynamique contrariée
Les Forces libanaises, dirigées par Samir Geagea, ont tenté de capitaliser sur les tensions internes au CPL pour s’imposer comme l’alternative principale dans les bastions chrétiens. Toutefois, Al Akhbar note que si le parti a remporté plusieurs scrutins dans le Keserwan et le Metn, il n’a pas pu imposer une domination claire à l’échelle régionale. Ce constat semble avoir conduit à une remise en question de la stratégie électorale centrée uniquement sur l’opposition au CPL.
Amal et Hezbollah : front commun maîtrisé
Dans une déclaration commune relayée par Al Akhbar, les directions locales du mouvement Amal et du Hezbollah ont affirmé leur satisfaction quant au déroulement du scrutin, mettant en avant une discipline électorale exemplaire et un soutien massif dans les localités à majorité chiite comme Ghobeiry et Chiyah. Le calme observé dans ces zones a été interprété comme un signal de solidité organisationnelle et d’une volonté de se maintenir à distance des querelles confessionnelles dans le Mont-Liban.
Le rôle du ministre de l’Intérieur et les débats sur la légalité
Le ministre de l’Intérieur, Ahmad Hajjar, a été photographié en train de superviser la transmission des résultats de la préfecture de Baabda au ministère, un acte interprété par Nahar comme une volonté d’instaurer une transparence institutionnelle. Toutefois, le journal rapporte aussi des critiques sur des scrutins « illégaux » organisés dans des localités sans quorum ou avec des listes uniques validées sans scrutin, en contradiction avec les textes réglementaires.
Frictions interpartisanes et tentatives de recomposition
Dans le Chouf et Aley, des alliances transversales ont été observées, notamment autour de figures druzes et chrétiennes locales, signe d’un changement de paradigme électoral. Al Diyar (6 mai 2025) évoque le « kabach » (affrontement) désormais localisé au sein même des confessions, et non plus uniquement entre blocs idéologiques. Ce phénomène reflète une érosion des référents traditionnels et une montée en puissance des logiques communautaires et familiales.
Montée de la critique intellectuelle contre les usages électoraux
Dans une tribune parue dans Nahar, le chroniqueur Ali Hamadeh a pointé les effets pervers de la politisation extrême des listes locales, arguant que « le citoyen n’a plus de prise sur les projets, seulement sur les étiquettes ». D’autres voix, comme celle de Wadi’a Ibrahim al-Amyouni, appellent à redéfinir le rôle des municipalités non pas comme simples relais d’influence partisane, mais comme noyaux de reconstruction de l’État moderne.
Tensions interinstitutionnelles latentes
Enfin, Al Liwa’ évoque des tensions non déclarées entre la présidence et certains membres du gouvernement sur la gestion de l’après-élection. Des sources anonymes évoquent des désaccords sur les modalités de réformes promises, notamment en ce qui concerne la décentralisation administrative, perçue comme une menace par certains acteurs centraux.
Diplomatie : normalisation régionale et prudences géopolitiques
Les signaux diplomatiques récents confirment une volonté affirmée du Liban de rétablir et de renforcer ses relations avec ses partenaires arabes et régionaux. Cette tendance se manifeste à travers des gestes concrets émanant tant de Beyrouth que de capitales stratégiques, notamment Abou Dhabi et Riyad, tandis que la position libanaise reste prudente face aux recompositions géopolitiques au Levant.
Réouverture diplomatique entre Beyrouth et Abou Dhabi
Selon Nahar (6 mai 2025), la levée de l’interdiction de voyage pour les ressortissants émiratis à destination du Liban a été perçue comme un premier signe tangible du réchauffement des relations. Cette décision est attribuée aux efforts diplomatiques menés par la présidence de Joseph Aoun et le gouvernement de Nawaf Salam, marqués par des visites bilatérales et un discours axé sur la stabilité institutionnelle. La mesure a été immédiatement saluée par les milieux touristiques et économiques, espérant une reprise de la fréquentation du Liban par les ressortissants du Golfe.
L’Arabie saoudite en soutien discret mais présent
Toujours selon Nahar, la diplomatie saoudienne continue d’adopter une approche mesurée mais encourageante vis-à-vis de Beyrouth. Si aucun déplacement officiel récent n’a été signalé, les échanges techniques entre ministères sectoriels (énergie, sécurité) ont repris, notamment avec l’objectif d’assurer l’approvisionnement en carburants pendant la saison estivale. Le soutien de Riyad se veut conditionné à des gages de réforme et de non-ingérence de groupes armés dans les affaires de l’État libanais.
Un message présidentiel orienté vers l’unité arabe
Lors de son dernier déplacement à Abou Dhabi, le président Joseph Aoun a affirmé que « le Liban appartient pleinement à son environnement arabe et œuvre à la consolidation de ses liens historiques », rapportent des sources dans Al Liwa’ (6 mai 2025). Cette position a été accompagnée d’un plaidoyer en faveur de la neutralité active du Liban, notamment dans le cadre du conflit israélo-palestinien et des tensions autour de la Syrie.
Le cas palestinien : ligne rouge et coordination sécuritaire
La question des missiles tirés depuis le Sud du Liban en direction d’Israël par des factions palestiniennes a suscité une réponse rapide des autorités libanaises. Selon Al Joumhouria (6 mai 2025), le gouvernement aurait exigé la remise de quatre membres du Hamas suspectés, signalant une rupture avec les pratiques de tolérance tacite passées. Des sources sécuritaires évoquent un durcissement des échanges entre les responsables libanais et la direction du Hamas, qui aurait perdu « toute forme de couverture politique au Liban ».
Vers un repositionnement diplomatique stratégique ?
Les signaux convergents indiquent un repositionnement du Liban visant à sortir d’une posture de repli pour réintégrer activement le jeu régional. Toutefois, des voix critiques, notamment dans Al Akhbar, notent que ces gestes restent fragiles en l’absence de stratégie d’ensemble. Le dossier syrien, l’avenir du désarmement des factions palestiniennes, et les attentes de réforme des institutions libanaises restent les principaux écueils à surmonter pour une pleine réhabilitation diplomatique du Liban.
Politique internationale : tensions régionales et basculements stratégiques
La scène internationale a été marquée début mai 2025 par une série d’événements géopolitiques majeurs, notamment au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Le Liban, bien qu’en retrait apparent, est directement concerné par ces dynamiques à travers ses alliances, sa situation frontalière et les répercussions sur sa sécurité intérieure.
Inde et Pakistan : retour au bord de l’affrontement
Al Sharq (6 mai 2025) met en lumière un regain de tensions entre l’Inde et le Pakistan autour de la région de Kachmir, ravivée par un attentat perpétré le 22 avril 2025 ayant coûté la vie à 26 touristes indiens. Cet événement a été perçu comme une « étincelle » susceptible d’embraser la région. La rhétorique militaire a gagné en intensité, tandis que les deux puissances nucléaires évoquent ouvertement la possibilité d’une guerre, en dépit d’une trêve négociée sous l’égide de la Banque mondiale en 1960.
Gaza et Israël : escalade à haute intensité
Al Akhbar et Al Joumhouria font état de l’intensification des frappes israéliennes sur la bande de Gaza, suite à des tirs de roquettes attribués au Hamas. En réponse, Israël a ciblé plusieurs infrastructures jugées stratégiques, dont un port et des installations militaires. La riposte a été coordonnée avec les États-Unis, marquant une implication militaire accrue de Washington dans la région.
Au Liban, cette situation a conduit le gouvernement à exiger la remise de quatre membres du Hamas accusés de tirs depuis le sud du pays. Ce revirement témoigne d’une volonté claire de ne plus tolérer les actions armées non étatiques sur le territoire libanais.
Syrie : vers un scénario de partition ?
Al Akhbar (6 mai 2025) consacre une large couverture à la situation dans le sud syrien, particulièrement dans la région de Soueida. Les affrontements entre factions locales et groupes extérieurs ont réveillé la crainte d’une partition de facto, avec des zones autonomes druzes, kurdes ou sous contrôle turc. La présence accrue de milices armées et les tentatives de médiation russes et iraniennes n’ont pour l’instant pas permis de stabiliser la région.
Soudan : diplomatie entravée et guerre d’usure
Dans un entretien accordé à Al Sharq Al Awsat (6 mai 2025), le représentant spécial de l’ONU pour le Soudan, Ramtane Lamamra, a dénoncé la prolongation artificielle du conflit par le biais de l’armement étranger. Il a souligné que « la paix ne se construit pas de l’extérieur » et que le rôle des puissances régionales et internationales dans la poursuite des hostilités est de plus en plus contesté. Le conflit soudanais semble donc s’enliser, avec des implications humanitaires majeures .
Ukraine : impasse diplomatique à l’approche du 9 mai
Ad Diyar (6 mai 2025) évoque la tentative russe de proposer une trêve de trois jours à l’occasion des célébrations du Jour de la Victoire. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sceptique, a rejeté l’offre, la qualifiant de manœuvre de propagande. Sur le terrain, les combats continuent, notamment dans les régions de l’Est, où la Russie tente de consolider ses positions avant l’été.
Économie : signaux de reprise et fragilité structurelle
Au début de mai 2025, la situation économique du Liban reste contrastée. Entre initiatives ponctuelles pour soutenir les secteurs vitaux, signaux positifs liés au tourisme, et incertitudes persistantes sur la réforme du système bancaire, les acteurs économiques évoluent dans un contexte marqué par la prudence et la fragilité.
Tourisme et immobilier : premiers signes d’optimisme
An-Nahar (6 mai 2025) signale une embellie attendue dans les secteurs touristique et immobilier à la suite de la levée de l’interdiction de voyage imposée par les Émirats arabes unis. Cette décision, annoncée comme un signe de confiance dans la stabilité institutionnelle retrouvée du Liban, pourrait générer une augmentation significative des arrivées touristiques durant l’été. La présence des touristes du Golfe est perçue comme une locomotive susceptible de relancer l’économie des services, notamment dans les zones côtières comme Jounieh et Saïda.
Indicateurs macroéconomiques : vers une transition régionale
Dans un entretien avec Nahar, Jihad Azour, directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale au FMI, souligne que 2025 est une année de transitions économiques majeures. Il identifie trois dynamiques : la transformation du système monétaire mondial, l’essor de l’économie numérique, et le repositionnement stratégique des économies arabes face à l’instabilité énergétique. Azour insiste également sur la nécessité pour le Liban de capitaliser sur ses atouts humains et géographiques, mais alerte sur le retard de ses réformes structurelles.
Système bancaire : restructuration en cours
Al Akhbar (6 mai 2025) rapporte le rachat d’Astro Bank par le groupe grec Alpha Bank, une opération qui pourrait servir de modèle pour la restructuration de certaines institutions financières libanaises. Bien que la banque ne soit pas directement implantée au Liban, plusieurs investisseurs libanais sont concernés par cette cession, notamment dans la diaspora chypriote. Ce mouvement est perçu comme un indicateur de redéploiement du capital libanais à l’étranger, reflet d’un manque de confiance durable dans le système bancaire domestique.
Paiement des arriérés hospitaliers : soulagement sectoriel
Al Sharq (6 mai 2025) et Ad Diyar (6 mai 2025) rapportent qu’environ 1 496 milliards de livres libanaises ont été débloquées depuis le début de l’année pour régler les dettes dues aux hôpitaux, médecins et pharmacies. Le directeur du CNSS, Mohammad Karkabi, a annoncé une nouvelle vague de paiements en mai, représentant 75 % de la valeur des traitements médicaux sous la nouvelle nomenclature tarifaire. Cette initiative vise à restaurer la confiance dans le secteur hospitalier, en grande difficulté depuis 2019.
Pouvoir d’achat et négociations salariales
Le débat sur les ajustements de salaires est réactivé au sein du gouvernement. Al Akhbar souligne qu’une session de négociation est prévue à la mi-mai entre les syndicats et le ministère du Travail. Toutefois, la fragmentation syndicale rend la tâche difficile, et les mesures d’ajustement restent pour l’instant limitées aux fonctionnaires des ministères régaliens.
Justice : entre répression des infractions et réforme du système judiciaire
Le paysage judiciaire libanais en mai 2025 est marqué par une double dynamique : d’un côté, des interventions sécuritaires musclées contre la criminalité organisée, et de l’autre, une volonté affichée de réformer les mécanismes de gouvernance judiciaire, dans un contexte toujours miné par les soupçons de clientélisme politique.
Coup de filet contre les narcotrafiquants : démantèlement d’un laboratoire de kaptopagon
La Direction du renseignement de l’armée libanaise a mené un raid, le 5 mai 2025, contre un laboratoire de fabrication de kaptopagon à al-Harf al-Samaqah, dans la région du Hermel, près de la frontière syrienne. Selon Al Sharq (6 mai 2025), l’opération s’est soldée par la saisie d’une grande quantité de comprimés et de matières premières, et l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire sous la supervision du parquet militaire. Ce coup de filet s’inscrit dans une stratégie de reconquête de la souveraineté territoriale face aux réseaux de trafic transfrontalier.
Remise de suspects du Hamas : une nouvelle doctrine sécuritaire
Al Joumhouria (6 mai 2025) rapporte que le Liban a exigé, puis obtenu la remise de quatre membres du Hamas suspectés d’avoir participé à des tirs de roquettes depuis le sud du pays vers Israël. Ce geste inédit traduit une inflexion majeure dans la posture sécuritaire des autorités libanaises, qui jusque-là avaient toléré la présence militaire passive de factions palestiniennes. Cette affaire, suivie de près par les services de sécurité et le Conseil supérieur de défense, marque selon les analystes la « fermeture définitive » de la scène libanaise aux actions armées non coordonnées avec l’État.
Réforme du Conseil supérieur de la magistrature : vers une indépendance renforcée
Al Sharq révèle le contenu d’un projet de réforme du Conseil supérieur de la magistrature actuellement à l’étude, qui vise à réduire drastiquement l’influence du pouvoir exécutif sur les nominations judiciaires. Le texte propose que la moitié des membres du Conseil soient élus par leurs pairs au lieu d’être nommés par le gouvernement. Il prévoit également un plafonnement des délais pour valider les formations judiciaires, afin de prévenir les blocages liés aux équilibres politiques ou confessionnels.
Contentieux fonciers : litiges persistants à Zgharta et Zahle
Deux décisions de justice notables ont été rapportées dans Al Akhbar (6 mai 2025). La première concerne une affaire de partage successoral impliquant des héritiers non localisés d’un terrain à Zgharta, avec recours à un expert pour estimer la valeur du bien et trancher sur son indivisibilité. La seconde touche la ville de Zahle, où la justice a ordonné la vente aux enchères d’un terrain après des désaccords familiaux persistants. Ces affaires illustrent l’engorgement chronique des tribunaux civils, souvent mobilisés pour régler des conflits fonciers à haute charge émotionnelle et patrimoniale.
Appels à la transparence : rôle croissant des ONG
Des organisations comme Legal Agenda et Ladi ont récemment intensifié leurs rapports sur les dysfonctionnements judiciaires, notamment en matière de sélection des magistrats, dénonçant les pratiques d’intervention politique dans les nominations. Nahar souligne le rôle moteur de ces ONG dans la formulation de propositions de loi alternatives visant à introduire des critères d’évaluation basés sur la compétence, l’intégrité et la performance des juges.
Société : disparités sociales, mobilités contrariées et espoirs de répit
En mai 2025, les dynamiques sociales libanaises oscillent entre stagnation des conditions de vie, attentes de reprise économique modérée et aggravation de certaines fractures régionales. La réactivation du tourisme et les annonces d’aides sociales ponctuelles viennent contraster avec la persistance de la précarité et les tensions autour de l’accès aux services publics essentiels.
Santé : remboursement partiel des soins, espoir et limites
Selon Al Sharq (6 mai 2025), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a annoncé avoir réglé, depuis le début de l’année, près de 1 496 milliards de livres libanaises aux hôpitaux, médecins et pharmaciens. Cette somme couvre essentiellement des traitements hospitaliers, des consultations et des médicaments, notamment pour les patients sous dialyse. Toutefois, la Fédération des hôpitaux met en garde contre le risque de rupture d’approvisionnement en cas de retard dans la poursuite des décaissements.
Pauvreté persistante dans les régions enclavées
Al Liwa’ (6 mai 2025) met en lumière la situation des zones rurales du nord et de la Békaa, où le manque d’infrastructures, combiné à une inflation locale sur les produits alimentaires, aggrave la précarité. Plusieurs maires ont lancé des appels à l’aide, notamment pour le ravitaillement en carburant des générateurs locaux, devenus essentiels en l’absence d’un service électrique national fiable.
Impact du retour touristique sur les populations locales
An-Nahar souligne que la levée des restrictions de voyage par les Émirats arabes unis a déclenché un afflux de touristes du Golfe, particulièrement visible dans les zones commerçantes de Beyrouth et de la côte nord. Si les commerçants saluent cette reprise, des ONG locales expriment des craintes quant à l’inflation induite par cette demande nouvelle, susceptible de creuser davantage le fossé entre habitants et visiteurs.
Universités et institutions : survivance malgré la crise
Le dossier publié dans Al Sharq à l’occasion de la commémoration de l’intellectuel Walid Slaybi revient sur le rôle de l’Université pour la non-violence (AUNOHR) à Beyrouth. Cette institution, malgré une réduction de ses subventions, continue d’attirer des étudiants en quête de sens et d’engagement pacifiste. L’événement a été l’occasion de débattre de la transmission des valeurs non-violentes dans un Liban marqué par la résilience mais aussi par des tensions larvées dans l’éducation et l’accès au savoir.
Mobilité et emploi : un quotidien entravé
Dans Ad Diyar, plusieurs témoignages illustrent les obstacles rencontrés par les travailleurs du secteur informel pour accéder à des contrats réguliers. À Beyrouth comme dans les périphéries, la cherté des transports (taxis collectifs, applications de mobilité) freine la reprise du travail. De nombreuses familles dépendent encore des transferts de la diaspora pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Culture : vitalité créative et diplomatie culturelle en action
Le paysage culturel libanais en ce début mai 2025 offre un contraste entre résilience artistique et expansion diplomatique à travers la littérature et les arts. Les initiatives locales s’inscrivent dans un contexte marqué par la crise économique, tandis que des efforts de projection à l’international témoignent d’une volonté de maintenir la visibilité du Liban sur la scène culturelle arabe et mondiale.
Présence marquante au Salon international du livre d’Abou Dhabi
An-Nahar (6 mai 2025) rapporte que la maison de production « Sabbah » a sélectionné 15 œuvres littéraires libanaises présentées au Salon du livre d’Abou Dhabi en vue d’une adaptation télévisée ou cinématographique. Ce choix illustre la vivacité de la production littéraire libanaise contemporaine, avec des auteurs abordant des thématiques telles que la mémoire de la guerre, la migration ou encore les tensions générationnelles. L’initiative renforce également le lien entre création littéraire et industries audiovisuelles arabes, avec Beyrouth comme plateforme éditoriale reconnue.
Redynamisation des espaces culturels : le cas du théâtre indépendant
Une campagne citoyenne est en cours pour rouvrir la célèbre salle de cinéma « Colisée » à Beyrouth, symbole d’une époque dorée du cinéma libanais. Nahar indique que cette initiative est portée par le collectif mené par l’acteur et metteur en scène Qassem Istanbouli, fondateur du Théâtre national libanais à Tyr. Elle vise à créer une chaîne culturelle reliant le sud, le nord et la capitale, dans une logique de décentralisation artistique et de remaillage du territoire par les arts vivants.
Commémoration intellectuelle : hommage à Walid Slaybi
L’Université pour la non-violence et les droits humains (AUNOHR), fondée à Beyrouth, a organisé un colloque en mémoire du penseur Walid Slaybi, disparu en 2023. À travers cette initiative, relayée par Al Sharq, les intervenants ont salué son héritage en matière d’éducation à la paix, de transformation sociale par la non-violence et de défense des libertés académiques. L’événement a également permis d’attirer l’attention sur la précarité des institutions éducatives indépendantes au Liban dans le contexte post-crise.
Figures féminines en lumière : reconnaissance internationale
L’actrice tunisienne d’origine libanaise Hind Sabri a été intégrée au classement des « 100 femmes les plus influentes au monde » pour 2025, selon une sélection publiée et mentionnée dans Al Sharq. Cette reconnaissance internationale s’ajoute à sa participation active dans les campagnes de soutien aux arts arabes et à la défense des droits culturels. Son parcours est souvent cité comme modèle d’intégration des voix féminines dans les sphères artistiques mondiales.
Agenda culturel : expositions, concerts et initiatives à venir
Ad Diyar publie en annexe les dates de plusieurs événements culturels prévus dans les semaines à venir :
- Le 11 mai 2025 : concert du quatuor baroque « Cordes du Levant » au Musée Sursock à Beyrouth.
- Du 10 au 20 mai 2025 : exposition collective « Résilience et matières » à la galerie Zamaan à Saïfi Village, avec une forte participation d’artistes libanais de la diaspora.
- Le 15 mai 2025 : projection spéciale du film « Hummus et Mémoire », documentaire franco-libanais sur la transmission intergénérationnelle, à l’Institut français de Zahlé.
- Tout le mois de mai : cycle de conférences sur la poésie arabe contemporaine à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth.