Le 8 mai 2025, les principales unes de la presse libanaise se sont focalisées sur une dynamique de redéploiement régional, marquée par le retour officiel des ressortissants du Golfe au Liban, sur fond d’escalade sécuritaire régionale et de défis internes croissants.
Réouverture du Liban au Golfe : symbolisme et espoirs économiques
L’arrivée de plusieurs vols en provenance des Émirats arabes unis à l’aéroport de Beyrouth a été largement couverte par Ad Diyar (8 mai 2025) et Al Joumhouriyat (8 mai 2025), qui y voient une « fenêtre d’espérance » et un « signal de réintégration du Liban dans l’espace d’interaction arabe ». Les passagers émiratis ont été accueillis avec des fleurs et des cérémonies symboliques à l’aéroport de Beyrouth. Cette reprise du trafic, suspendu depuis plusieurs années en raison des tensions politiques et sécuritaires, constitue selon Al Liwa’ (8 mai 2025) un acte fort de normalisation.
Le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, comme le note Al Sharq (8 mai 2025), ont publiquement salué cette initiative et affirmé la pleine disponibilité des institutions libanaises pour garantir un cadre sécurisé et accueillant aux visiteurs du Golfe. Cette déclaration intervient en parallèle de contacts diplomatiques discrets avec d’autres capitales arabes qui pourraient suivre l’exemple émirati. Ad Diyar évoque notamment des signaux positifs venus du Koweït et de l’Arabie saoudite, sans confirmation officielle.
Al Akhbar (8 mai 2025) nuance toutefois cet enthousiasme en relevant que le soutien économique promis par certains États du Golfe reste conditionné à des « réformes concrètes et mesurables », notamment en matière de gouvernance, de transparence budgétaire et de réduction de l’influence de certains groupes armés sur les politiques publiques. Ces conditions sont perçues comme une reprise en main partielle de la souveraineté financière du Liban par des puissances extérieures.
Normalisation sous condition : les 22 accords suspendus
Selon Al Akhbar (8 mai 2025), 22 accords de coopération entre le Liban et l’Arabie saoudite sont gelés en attendant la mise en œuvre de réformes économiques. Ces accords toucheraient à divers secteurs : énergie, infrastructures, santé, éducation. Un haut fonctionnaire libanais cité anonymement parle d’« un effet d’annonce sans réel contenu budgétaire à ce jour ». Le journal insiste sur le fait que les montants associés à ces partenariats restent flous et pourraient ne pas avoir l’impact escompté.
Le retour de cette dynamique s’inscrit aussi dans une logique politique de repositionnement des alliés arabes, notamment Riyad et Abou Dhabi, sur le dossier libanais après une phase de retrait partiel. Al Joumhouriyat souligne que le Fonds arabe pour le développement a envoyé une délégation à Beyrouth pour évaluer les besoins du Liban, en particulier dans les domaines des infrastructures hydrauliques et de l’énergie.
Contexte sécuritaire : raids, assassinats et tensions régionales
Alors que les journaux célèbrent le retour des touristes arabes, la situation régionale demeure explosive. Al Liwa’ (8 mai 2025) et Ad Diyar (8 mai 2025) consacrent leurs unes aux attaques israéliennes qui ont visé la ville de Saïda, entraînant la mort de deux militants du Hamas non armés, selon les termes employés. Ces actions, qualifiées d’« exécutions ciblées », remettent en question le cessez-le-feu théoriquement en vigueur au sud du Liban.
Al Akhbar souligne que le président Joseph Aoun a mandaté une cellule de suivi sécuritaire conjointe pour documenter les violations israéliennes du cessez-le-feu. Le journal dénonce par ailleurs la « passivité onusienne » face aux attaques répétées. L’opinion publique, notamment dans le sud, exprime un scepticisme croissant envers l’efficacité des dispositifs internationaux de surveillance, comme la FINUL.
Dans ce contexte, les récents développements en Syrie — évoqués par Al Sharq — où des frappes israéliennes auraient visé des infrastructures proches de la frontière libanaise, exacerbent les tensions. Le président français Emmanuel Macron a publiquement évoqué la nécessité de « protéger tous les citoyens syriens » après une rencontre avec Ahmed al-Char’, chef du gouvernement syrien transitoire, ce qui a été commenté en filigrane dans Al Liwa’ comme un message indirect aux voisins libanais.
Sur le front intérieur : élections, salaires et réformes
En parallèle, les préoccupations socio-économiques continuent d’alimenter les titres de la presse. Nahar (8 mai 2025) met en avant les débats sur la revalorisation du salaire minimum, désormais fixé à 28 millions de livres libanaises. Une décision qualifiée de « technique » mais accueillie diversement par les syndicats et les employeurs, compte tenu de l’inflation galopante et du déséquilibre des prix.
Dans un article signé Manal Chaya, Nahar aborde également la nécessité d’une réforme structurelle du droit de propriété intellectuelle à l’ère du numérique, citant un colloque organisé au Barreau de Beyrouth. Le juge Nasib Eliya y affirme que « le Liban entre dans une ère où l’intelligence artificielle redéfinit les enjeux de création et de protection juridique ».
Les élections municipales en cours, comme le rapporte Al Sharq, constituent un autre dossier majeur. Des tensions sont apparues entre gouverneurs et maires, notamment à Beyrouth, où des différends de compétence perturbent le processus. Al Sharq déplore une ambiance générale d’« hostilité institutionnelle », aggravée par la politisation extrême des scrutins locaux.
Enfin, Al Joumhouriyat s’attarde sur les incertitudes entourant les engagements financiers promis par la communauté internationale, avec notamment la visite attendue de la coordinatrice spéciale de l’ONU, Jeanine Hennis-Plasschaert. Celle-ci aurait pour mission d’évaluer les avancées du Liban dans la mise en œuvre de la résolution 1701, dans une perspective de reprise du dialogue sur l’aide internationale.
Une actualité fragmentée, mais centrée sur une logique de retour
La presse du 8 mai 2025 donne donc à voir un Liban en recomposition, tiraillé entre un retour diplomatique du monde arabe et des réalités sécuritaires encore très instables. Le fil conducteur de cette actualité est celui de la reconnexion : reconnection économique avec le Golfe, tentative de repositionnement institutionnel interne, et besoin d’articuler les enjeux régionaux à des logiques nationales fragiles.
Politique locale : élections, sécurité et rivalités institutionnelles
Les journaux libanais du 8 mai 2025 rendent compte d’une scène politique traversée par de multiples tensions : élections municipales polarisées, crispations autour de la question sécuritaire, et déclarations politiques marquées par la commémoration de la date symbolique du 7 mai.
Élections municipales : entre logistique et stratégies partisanes
La seconde phase des élections municipales, prévue le dimanche suivant dans les gouvernorats du Liban-Nord et d’Akkar, mobilise l’attention des autorités. Selon Nahar (8 mai 2025), les préparatifs administratifs et sécuritaires sont en cours, avec une mobilisation interinstitutionnelle destinée à assurer le bon déroulement du scrutin. Le ministre de l’Intérieur a annoncé que « toutes les mesures ont été prises pour empêcher toute tentative de désordre », dans un contexte où plusieurs candidatures suscitent des rivalités anciennes.
Al Sharq (8 mai 2025) évoque des « combats feutrés » entre gouverneurs, maires et candidats, notamment à Beyrouth. L’auteur Chadi Naoum y dénonce le paradoxe de la capitale, unique municipalité soumise à des restrictions juridiques qui vident de substance les pouvoirs du conseil municipal. La rivalité entre le gouverneur et le président de la municipalité est symptomatique de cette anomalie institutionnelle, qui, selon l’article, « nuit à l’idée même de gouvernance locale efficace ».
Ad Diyar (8 mai 2025) note que la compétition municipale reflète une certaine vitalité démocratique dans les milieux chrétiens, marquée par l’engagement de plusieurs partis sans recherche d’hégémonie. Les Forces libanaises, par exemple, affirment leur volonté de représenter une vision pluraliste sans prétendre à l’exclusivité. En revanche, dans d’autres régions, le ton est plus conflictuel, avec des accusations croisées sur l’achat de votes et des promesses électorales irréalistes.
Rappel du 7 mai : tensions mémorielles et repositionnements
Plusieurs figures politiques ont profité de la date du 7 mai pour rappeler les divisions profondes de la scène libanaise. Nahar rapporte que Saad Hariri a publié un message sur les réseaux sociaux dénonçant « ceux qui ont préféré les armes au dialogue en 2008, provoquant un désastre à Beyrouth ». Il affirme que « nous avons choisi l’État contre la sédition, les institutions contre le chaos ». Ce message vise implicitement le Hezbollah, sans le nommer, et s’inscrit dans une tentative de re-légitimation de l’option centriste et institutionnelle.
Le même journal relève que cette commémoration intervient alors que « le défi premier auquel fait face le gouvernement reste la question du désarmement, au sud comme au nord du Litani ». Le journal insiste : « il n’y aura pas de réformes sans monopole de la violence légitime par l’État », appelant le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam à agir avec fermeté.
Dans une tonalité similaire, Al Liwa’ (8 mai 2025) critique la situation « d’État dans l’État » instaurée par certaines formations armées. Le journal accuse le Hezbollah d’avoir « plongé le pays dans une guerre d’occupation déguisée », en l’assujettissant à des logiques étrangères à ses intérêts. L’article souligne le contraste entre le discours officiel de résistance et les réalités d’une souveraineté fragmentée.
Déclarations présidentielles et feuille de route gouvernementale
Le président Joseph Aoun a reçu l’ambassadeur de France ainsi que les représentants des pays du Golfe. Selon Al Sharq, il a affirmé que « toute réforme durable passe par l’application de la Constitution telle qu’elle est, avant toute discussion sur sa révision ». Cette position est interprétée comme une réponse aux appels à une révision du système institutionnel, qui ressurgissent régulièrement dans le débat public.
Par ailleurs, Al Akhbar (8 mai 2025) s’inquiète d’une offensive politico-financière contre les autorités monétaires. Le journal évoque un projet de réforme bancaire qualifié de « coup d’État » par certains cadres proches du gouverneur de la Banque du Liban. Le gouvernement, lui, défend un plan de « restructuration nécessaire pour restaurer la confiance ». L’ombre d’un conflit d’intérêts entre anciens responsables du système financier et les nouvelles autorités se dessine, accentuant la méfiance entre l’exécutif et certaines élites économiques.
Le Premier ministre Nawaf Salam, cité dans Al Quds (8 mai 2025), affirme quant à lui que « les projets de développement vont se poursuivre dans le Nord, notamment avec le réaménagement de l’aéroport de Qlayaat ». Il insiste sur la dimension sociale des actions gouvernementales, avec un accent mis sur la santé et l’éducation.
Crise de légitimité et fragmentation du tissu national
Al Bina’ (8 mai 2025) publie une tribune du rédacteur politique pointant les « pathologies structurelles » de l’identité nationale libanaise. Selon lui, l’échec à construire une citoyenneté inclusive a nourri des réflexes communautaires exacerbés. Il affirme : « le Liban n’est pas un État faible par accident, mais par construction ; chaque réforme s’écrase contre le mur d’un consensus impossible ».
Cette analyse trouve un écho dans Al Joumhouriyat, où une chronique relève la dissociation croissante entre les discours des élites et les préoccupations populaires. La même source rapporte que des responsables communautaires s’inquiètent des dérives identitaires et de l’instrumentalisation de la peur dans le débat sur le désarmement. Le journal appelle à « dépasser les narratifs d’urgence et penser un horizon politique national commun ».
Politique internationale : escalades multiples et dynamiques d’alliances mouvantes
Les journaux du 8 mai 2025 présentent un monde en pleine recomposition stratégique, où les lignes de tension géopolitiques s’entrelacent : guerre à Gaza, menaces d’un nouveau conflit indo-pakistanais, accords potentiels sur le nucléaire iranien, et réalignements autour de la Syrie. Le Liban, en toile de fond, se retrouve exposé à ces frictions qui se jouent à ses frontières ou dans son environnement diplomatique proche.
Gaza : pressions et scénarios post-conflit
Le conflit à Gaza, quoique marqué par une phase de moindre intensité, reste au cœur des analyses. Al Sharq Al Awsat (8 mai 2025) évoque des discussions américano-israéliennes autour d’un « modèle Irak 2003 » pour la gestion post-conflit du territoire. Il s’agirait de mettre en place une autorité intérimaire conduite par les États-Unis, écartant à la fois le Hamas et l’Autorité palestinienne, au profit de technocrates. L’objectif annoncé serait le désarmement complet de Gaza, condition préalable à l’émergence d’une administration palestinienne reconnue par l’Occident.
Des sources citées par le quotidien londonien précisent que ce scénario s’inspire de la coalition intérimaire mise en place en Irak après l’intervention américaine, ce qui suscite des inquiétudes sur la pérennité d’un tel dispositif. L’article souligne que des voix palestiniennes, y compris parmi les modérés, rejettent toute perspective d’administration sous tutelle étrangère.
Washington et Téhéran : vers un accord pragmatique
Dans un autre registre, les relations américano-iraniennes semblent connaître une inflexion notable. Toujours selon Al Sharq Al Awsat (8 mai 2025), le vice-président américain J.D. Vance a déclaré s’attendre à « une intégration prochaine de l’Iran dans l’économie mondiale » à la suite d’une trêve négociée en mer Rouge entre les États-Unis et les Houthis. L’accord comprend notamment la garantie de la liberté de navigation commerciale, enjeu crucial pour l’économie globale et en particulier pour les puissances du Golfe.
Vance a insisté sur le caractère civil du programme nucléaire iranien, affirmant qu’il ne s’agissait « en aucun cas d’une option militaire nucléaire ». Il a par ailleurs qualifié les pourparlers avec Téhéran de « bons, jusqu’à présent », sans en détailler les points précis.
De son côté, Nahar (8 mai 2025) rapporte que l’administration Trump, toujours influente malgré sa position d’opposition, a publiquement salué cet accord, y voyant « une reddition de façade des Houthis qui masque une reconnaissance de leur statut militaire ». La médiation d’Oman dans cette entente est également mentionnée.
Inde – Pakistan : seuil critique d’une confrontation nucléaire
Le même jour, Al Sharq Al Awsat consacre une large place à la flambée de violence entre l’Inde et le Pakistan. L’armée indienne a mené une frappe contre des positions pakistanaises dans le Cachemire, provoquant des ripostes immédiates et un bilan de 41 morts. Le journal décrit ces affrontements comme « la plus grave crise militaire entre les deux pays depuis deux décennies ».
Le gouvernement pakistanais accuse New Delhi d’avoir « déclenché un enfer stratégique », tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi justifie l’opération comme une réponse à « des infiltrations terroristes ». L’ONU, citée dans Al Joumhouriyat (8 mai 2025), a appelé à la retenue et à une reprise immédiate des canaux diplomatiques.
Les deux puissances nucléaires multiplient les démonstrations de force, et selon des sources militaires relayées par Al Liwa’, des unités spéciales ont été placées en état d’alerte maximale dans les deux camps.
Syrie – France : reconfiguration diplomatique autour de la transition
Un autre dossier brûlant est celui de la Syrie. Nahar (8 mai 2025) détaille la visite du président syrien transitoire Ahmed al-Char’ à Paris, où il a été reçu par Emmanuel Macron au palais de l’Élysée. Le président français a insisté sur la nécessité de « garantir la protection de tous les Syriens, sans discrimination ». Il a également appelé à une levée des sanctions européennes, conditionnée à des engagements précis sur la décentralisation, la réconciliation nationale et le respect des minorités.
Cette visite s’inscrit dans un jeu d’équilibres subtils entre les grandes puissances européennes. Al Liwa’ (8 mai 2025) souligne que la France tente de se poser en médiatrice entre les États-Unis, restés distants à l’égard de Damas, et la Turquie, qui pousse pour une intégration politique des régions du nord syrien sous influence pro-turque. Le quotidien évoque aussi l’émergence de contacts entre Damas et Tel-Aviv par l’intermédiaire d’émissaires européens, notamment dans le cadre de discussions sur les hauteurs du Golan.
Liban, Israël et le dossier des frappes ciblées
Le Liban n’est pas épargné par ces tensions régionales. Ad Diyar (8 mai 2025) indique que plusieurs groupes palestiniens opérant depuis le Liban ont été la cible d’attaques israéliennes, notamment dans la région de Saïda. Deux membres présumés du Hamas ont été tués dans ce que les médias israéliens qualifient de « frappe préventive ». Ces opérations ont ravivé les craintes d’un élargissement du conflit vers le territoire libanais.
Al Akhbar (8 mai 2025) précise que le président libanais Joseph Aoun a ordonné un suivi étroit de ces incidents et que la FINUL a été sollicitée pour documenter les violations israéliennes. Le quotidien critique la faiblesse de la réaction onusienne, jugeant qu’elle « conforte Israël dans une logique d’impunité structurelle ».
L’article met aussi en lumière l’impact de ces tensions sur la sécurité intérieure, en particulier dans les camps palestiniens, où la présence d’éléments armés continue de nourrir l’inquiétude des autorités libanaises.
Multipolarité et nouvelle architecture d’influence
Enfin, Al Joumhouriyat (8 mai 2025) revient sur le rôle de Donald Trump, qui continue d’influencer la scène internationale malgré sa non-présidence. Le journal parle d’un « nouveau cycle stratégique » façonné par les positions imprévisibles de l’ex-président américain, notamment sur les alliances en Asie et au Moyen-Orient. Selon la même source, Trump cherche à créer un équilibre entre les engagements militaires traditionnels des États-Unis et une nouvelle doctrine économique nationaliste, ce qui affecte indirectement les dossiers libanais, syriens et iraniens.
Dans ce contexte, le Liban apparaît comme un observateur impliqué malgré lui, dont la stabilité dépend de l’évolution de ces multiples foyers de tension. Les jeux d’influence sur les dossiers syrien, yéménite, iranien et israélo-palestinien conditionnent en partie les marges de manœuvre de Beyrouth sur le plan diplomatique et sécuritaire.
Économie : relance touristique, ajustement salarial et incertitudes bancaires
L’actualité économique du Liban au 8 mai 2025, telle que rapportée par la presse nationale, met en lumière un tableau contrasté : des indicateurs de reprise, notamment dans le tourisme et la consommation, côtoient des inquiétudes profondes sur le plan monétaire et bancaire. La hausse du salaire minimum et le retour des touristes du Golfe sont salués comme des signaux encourageants, mais les incertitudes structurelles continuent de peser lourdement sur la confiance économique.
Retour du Golfe et espoir de relance saisonnière
La réouverture des lignes aériennes entre les Émirats arabes unis et le Liban, rapportée par Ad Diyar (8 mai 2025), a été immédiatement interprétée comme le prélude d’un redémarrage du secteur touristique. Trois vols émiratis ont atterri à l’aéroport de Beyrouth, accueillis par des fleurs, des caméras et une communication politique appuyée. Selon des sources citées par le journal, d’autres pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite et le Koweït, s’apprêteraient à lever à leur tour les restrictions sur les voyages vers le Liban.
Al Joumhouriyat (8 mai 2025) va plus loin en évoquant une saison estivale potentiellement exceptionnelle. Des responsables du secteur de l’hôtellerie estiment que les réservations ont augmenté de 22 % en une semaine, et que le taux d’occupation pourrait dépasser les 80 % dans les zones balnéaires et de montagne dès la mi-juin. Le président du syndicat des hôteliers, cité anonymement, affirme que « le retour des touristes du Golfe pourrait injecter jusqu’à 2,5 milliards de dollars dans l’économie libanaise si les conditions de sécurité restent stables ».
Le secteur de la restauration, de la location de voitures et des services événementiels s’active aussi, note Al Liwa’ (8 mai 2025). Des promotions ciblées sont en cours, destinées aux familles venues du Golfe, tandis que des opérateurs libanais à Dubaï et Doha parlent d’un « climat d’ouverture ». La Chambre de commerce de Beyrouth a annoncé la création d’un bureau de liaison temporaire pour faciliter les formalités de retour des investisseurs expatriés.
Ajustement du salaire minimum : mesure symbolique ou pansement ?
Le gouvernement a officialisé, comme le confirme Nahar (8 mai 2025), une augmentation du salaire minimum à 28 millions de livres libanaises. Cette mesure, soutenue par les syndicats, est présentée comme un rattrapage tardif face à une inflation qui ne cesse de rogner le pouvoir d’achat. Le journal cite un représentant de la Confédération générale des travailleurs du Liban selon lequel « cette hausse reste insuffisante, mais elle permet de reprendre une négociation sur des bases plus réalistes ».
Toutefois, Al Akhbar (8 mai 2025) adopte un ton plus critique. Le journal parle d’un « ajustement symbolique qui ne change rien à la précarité généralisée ». Il rappelle que le panier alimentaire moyen pour une famille de cinq personnes dépasse aujourd’hui les 35 millions de livres par mois, sans inclure les frais de santé ou de scolarité. Le journal ajoute que certains employeurs ont déjà indiqué leur intention de ne pas respecter cette nouvelle grille, invoquant un manque de liquidités et une chute des revenus réels.
Selon les données de Nahar, la nouvelle grille salariale concerne près de 380 000 salariés du secteur privé, mais le secteur informel reste hors de ce cadre. L’article souligne l’absence d’un mécanisme d’indexation automatique des salaires à l’inflation, ce qui fragilise la stabilité sociale.
Crise bancaire et affrontements autour de la réforme
Le débat sur la restructuration du secteur bancaire refait surface, avec vigueur. Al Akhbar révèle que le gouverneur de la Banque du Liban aurait qualifié le nouveau projet de loi sur les banques de « tentative de liquidation ciblée du secteur au profit de quelques groupes politiques ». L’entourage du Premier ministre Nawaf Salam nie ces accusations et affirme que le texte en question vise à garantir la transparence des actifs, le remboursement partiel des dépôts et la responsabilité des établissements ayant abusé des fonds publics.
Ce texte, non encore rendu public, prévoirait la fusion de certains établissements, la suspension temporaire de l’activité d’autres, et la création d’une autorité indépendante de supervision. Al Akhbar affirme qu’au moins cinq banques classées parmi les plus anciennes seraient concernées par des « audits approfondis », dont les résultats pourraient conduire à des poursuites judiciaires.
Selon Al Joumhouriyat, la communauté bancaire libanaise est profondément divisée : une partie soutient l’idée d’une purge ordonnée pour retrouver la confiance, tandis qu’une autre accuse l’État de se défausser sur les banques après avoir utilisé leurs ressources pour financer les déficits publics pendant des années.
Dossiers de coopération et appui financier extérieur
Les perspectives de relance sont étroitement liées à l’obtention de financements extérieurs. Comme l’indique Ad Diyar, une délégation du Fonds arabe pour le développement économique et social est arrivée à Beyrouth pour évaluer les besoins urgents du pays. Ce retour est qualifié de « tournant discret mais stratégique » dans la politique des aides arabes, longtemps suspendues.
Le quotidien souligne que les projets identifiés comme prioritaires concernent l’eau potable, l’énergie solaire, la reconstruction d’écoles publiques et la modernisation de réseaux de transports secondaires. Les montants évoqués restent toutefois flous. Des sources proches du ministère des Finances parlent de 400 millions de dollars, à débloquer en trois tranches conditionnées à des réformes budgétaires strictes.
Toujours selon Al Joumhouriyat, le président Joseph Aoun aurait demandé à ses équipes de relancer les négociations avec le Fonds monétaire international en juin, après avoir nommé un nouveau coordinateur national pour les réformes structurelles. Il s’agit, selon ses propos, de « démontrer une volonté réelle de s’attaquer aux racines du dysfonctionnement ».
Climat d’investissement : prudence persistante
Enfin, Al Liwa’ rapporte que plusieurs entreprises libanaises de la diaspora ont entamé des consultations exploratoires avec le ministère de l’Économie. Le journal parle d’un « frémissement » dans les intentions d’investissement, notamment dans l’agroalimentaire et les énergies renouvelables. Des sociétés basées au Qatar et au Canada auraient exprimé leur intérêt pour des joint-ventures locales, à condition que les garanties fiscales et judiciaires soient renforcées.
Toutefois, l’ensemble des journaux s’accorde pour dire que le climat général reste instable : l’absence d’un plan de sauvetage bancaire structuré, les tensions politiques internes et les effets de la crise régionale continuent de maintenir les investisseurs dans l’expectative.
Justice : violations du cessez-le-feu, procédures sensibles et tensions judiciaires
L’actualité judiciaire du 8 mai 2025 au Liban est dominée par deux registres étroitement liés : d’une part, les multiples violations du cessez-le-feu au Sud et la question de la responsabilité pénale des agressions israéliennes ; d’autre part, des tensions internes autour de la réforme de l’appareil judiciaire, dans un climat toujours marqué par l’impunité et les blocages politiques. À cela s’ajoutent des contentieux sensibles liés à la corruption et à la gouvernance des institutions.
Violations du cessez-le-feu : frappes ciblées et zone grise juridique
Ad Diyar (8 mai 2025) détaille les circonstances d’une attaque israélienne survenue la veille dans la région de Saïda. Deux membres du Hamas, non armés et hors de toute activité militaire au moment des faits, ont été tués par un drone israélien alors qu’ils rentraient au camp de Mieh Mieh. Le journal précise que ces frappes ont été effectuées « en dehors de toute justification opérationnelle », ce qui soulève des questions de droit international et de souveraineté nationale.
Selon le même journal, l’armée israélienne aurait informé indirectement les autorités internationales qu’il s’agissait de « neutralisation préventive », une doctrine en violation des conventions de Genève. La région ciblée, bien que située au sud, reste en dehors du périmètre du conflit militaire conventionnel et de la ligne bleue, ce qui fait de cette attaque une infraction grave aux termes de la résolution 1701.
Al Joumhouriyat rapporte que le général américain en charge de la commission de surveillance du cessez-le-feu a été saisi officiellement par le gouvernement libanais, qui réclame un rapport circonstancié à transmettre au Conseil de sécurité de l’ONU. Le président Joseph Aoun aurait affirmé, en Conseil des ministres restreint, que « le Liban ne tolérera plus ces actes d’agression unilatéraux qui défient la légalité internationale ».
La même source indique que la FINUL a dépêché une mission technique pour documenter l’attaque. Cependant, selon une source judiciaire anonyme citée par Al Akhbar, il est peu probable qu’un dossier pénal concret puisse être ouvert à ce stade, « tant les marges d’action du parquet libanais restent contraintes par des logiques politiques et diplomatiques ».
Justice militaire et refonte contestée du code pénal
Al Akhbar revient en détail sur une polémique interne autour du projet de réforme du code de justice militaire. La version actuelle accorde des prérogatives étendues au Tribunal militaire, y compris dans des affaires de droit commun touchant aux civils. Une réforme initiée par le ministère de la Justice prévoit un recentrage strict des compétences militaires sur les personnels en uniforme et les actes strictement militaires.
Cependant, selon le journal, plusieurs partis, dont le Courant patriotique libre, s’opposent à ce changement, considérant que le Tribunal militaire joue un rôle de régulation utile dans une société à haute tension communautaire. Des ONG, à l’inverse, dénoncent cette position comme un obstacle à la séparation des pouvoirs.
Al Joumhouriyat souligne qu’un projet de loi de réforme judiciaire générale, incluant cette question ainsi que celle du Conseil supérieur de la magistrature, est toujours bloqué en commission parlementaire depuis mars 2025. La présidente de la commission des lois aurait déclaré que « l’indépendance de la justice ne peut être une formule abstraite, elle doit se traduire dans le budget, la nomination et la protection des juges ».
Enquêtes sensibles : corruption, détournements et silence officiel
Dans un autre registre, Nahar (8 mai 2025) signale une stagnation inquiétante dans les enquêtes ouvertes depuis 2022 sur les détournements de fonds publics liés à la Banque du Liban. Le journal rappelle qu’un rapport préliminaire d’audit avait mis en lumière des transferts suspects vers des comptes à l’étranger entre 2016 et 2020, impliquant plusieurs intermédiaires politiques et bancaires.
Depuis la démission de l’ancien juge d’instruction en charge du dossier, aucune procédure formelle n’a été relancée. Un ancien membre du Barreau de Beyrouth, cité dans l’article, parle d’« une chaîne d’obstacles politiques dissimulés sous des prétextes techniques », et affirme que « tant que les intérêts des puissants sont menacés, aucune transparence ne sera possible ».
Al Akhbar ajoute que des pressions auraient été exercées sur les équipes d’enquête de l’Inspection centrale, conduisant à la suspension de plusieurs mandats d’audition. Le journal mentionne également la difficulté d’accès aux registres des transferts bancaires, en raison d’un conflit de compétence entre la Commission spéciale d’enquête et le ministère des Finances.
Procédures communautaires : les cas des détenus palestiniens et syriens
Un autre front judiciaire se déploie autour des procédures visant des ressortissants palestiniens et syriens arrêtés dans des contextes liés à la sécurité nationale. Al Liwa’ (8 mai 2025) indique que plusieurs ONG ont saisi la Commission nationale des droits de l’homme pour dénoncer des cas de détention arbitraire prolongée, en particulier au centre de détention de Roumieh.
Le journal souligne que certains détenus n’ont pas été jugés depuis plus de quatre ans, ce qui viole les principes du procès équitable. Il ajoute que la pression internationale pour améliorer les conditions carcérales s’est intensifiée, notamment depuis la visite en avril de la coordinatrice spéciale de l’ONU, Jeanine Hennis-Plasschaert.
Dans une déclaration rapportée par Nahar, un représentant du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme affirme que « la situation des prisons au Liban est préoccupante tant sur le plan humanitaire que juridique ». Une requête a été adressée au ministère de la Justice pour créer une unité spéciale de réexamen des cas anciens, mais aucune réponse officielle n’a encore été donnée.
Tensions autour des pouvoirs du parquet financier
Enfin, Al Joumhouriyat révèle que le procureur financier général a été l’objet de critiques publiques de la part de plusieurs députés, qui lui reprochent de « concentrer ses efforts sur des cibles marginales tout en évitant les grands dossiers ». Le parquet a répliqué par un communiqué défendant son indépendance, et rappelant que « toute entrave à la conduite des enquêtes constitue une atteinte grave à l’État de droit ».
Le journal souligne que les tensions entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire se sont intensifiées ces dernières semaines, notamment à propos de la levée de l’immunité parlementaire dans deux affaires en cours.
Société : solidarité, mémoire collective et pressions humanitaires
La presse libanaise du 8 mai 2025 donne à voir une société prise dans l’étau d’un quotidien incertain, entre aspirations à la normalité, résilience face à la précarité, et solidarité face aux crises régionales. Le conflit en Palestine, les tensions au Sud-Liban, la situation des réfugiés et les dynamiques de la société civile se croisent dans une mosaïque de récits et de préoccupations, où la question du vivre-ensemble reste centrale.
Gaza, miroir d’une mémoire collective libanaise
Les images en provenance de Gaza continuent de bouleverser l’opinion publique libanaise. Al Akhbar (8 mai 2025) évoque une « saturation morale » dans les quartiers populaires du sud de Beyrouth, où les associations caritatives locales, souvent liées à des formations politiques, collectent des vivres, des vêtements et de l’argent pour les familles palestiniennes déplacées ou blessées.
Des mosquées, des écoles et des centres culturels ont été réquisitionnés pour cette mobilisation, que le journal qualifie de « deuxième front humanitaire ». Le parallèle est régulièrement fait avec les bombardements subis par le Liban lors des conflits précédents, notamment en 2006. Une militante interrogée à Borj el-Barajneh déclare : « Quand une maison s’effondre à Gaza, c’est toute une rue de Beyrouth qui se souvient. »
Dans un éditorial, Al Joumhouriyat souligne que cette solidarité va au-delà de l’identification communautaire : elle renforce une « mémoire civique partagée du désastre ». Plusieurs ONG insistent sur le fait que cette mobilisation ne doit pas servir à justifier l’inaction de l’État vis-à-vis de la situation dramatique dans les camps palestiniens du Liban, où les conditions de vie restent précaires.
Pression sur les familles du Sud : fatigue et peur diffuse
Dans les zones proches de la frontière sud, les tensions sécuritaires ont une incidence directe sur la vie quotidienne. Ad Diyar (8 mai 2025) rapporte le témoignage de familles déplacées temporairement depuis les environs de Kfar Kila et Hula, craignant de nouvelles frappes israéliennes après l’assassinat de deux membres du Hamas à Saïda.
Le journal note que les écoles publiques situées à proximité de la ligne bleue ont réduit leurs horaires, et que les équipes médicales opérant dans les dispensaires de Marjayoun et Bint Jbeil ont reçu des consignes de mobilisation en cas de crise. Le maire de Khiam aurait demandé au ministère de l’Éducation « de prévoir des solutions de remplacement si la situation empire ».
Des récits recueillis par Al Liwa’ font état d’une peur diffuse : le bruit des drones israéliens est quasi constant, les coupures d’électricité et les problèmes d’approvisionnement en carburant aggravent la tension. Un habitant de Blida affirme : « Ce n’est pas la guerre, mais ce n’est pas la paix non plus. C’est l’attente, le silence lourd qui précède la catastrophe. »
Femmes en première ligne : aide, éducation et précarité
Al Joumhouriyat met en lumière le rôle croissant des femmes dans les réseaux de solidarité. À Beyrouth, Tripoli et Saïda, plusieurs collectifs féminins se sont formés pour venir en aide aux familles fragiles, en particulier dans les quartiers où la crise économique a fait basculer une grande partie de la population dans la pauvreté.
Le journal cite un rapport interne de la Fondation libanaise pour l’aide sociale selon lequel plus de 70 % des ménages monoparentaux gérés par des femmes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les aides sont souvent informelles : paniers alimentaires, soutien scolaire à domicile, accompagnement psychologique pour les enfants anxieux ou traumatisés par la violence indirecte.
Un exemple marquant est celui du collectif “Nisa’ al-Madina”, actif dans le quartier de Tariq el-Jdideh, qui organise des cercles de parole pour les femmes victimes de violences conjugales, en coopération avec des avocates bénévoles du Barreau de Beyrouth. Ce réseau, soutenu par des fonds privés et des donations de la diaspora, constitue une alternative semi-formelle aux services publics souvent absents.
Réfugiés syriens : précarité durable et frictions locales
La question des réfugiés syriens reste un point de tension majeur. Al Akhbar rapporte que plusieurs incidents ont été signalés à Zahlé et dans la Békaa, où des groupes d’habitants ont empêché l’installation de nouvelles familles syriennes dans des logements collectifs. Le journal parle d’« hostilité sociale croissante », alimentée par des discours politiques qui instrumentalisent la présence syrienne pour expliquer la dégradation des services publics.
Ad Diyar souligne qu’au-delà des discours, la situation réelle des réfugiés reste critique : accès limité aux soins, scolarisation incomplète des enfants, dépendance totale aux aides du HCR. Une source au sein du Haut-Commissariat affirme que « la fatigue de la solidarité est réelle, mais le retrait des aides internationales rendrait la situation explosive ».
Dans une tentative d’apaisement, le ministère des Affaires sociales a annoncé le lancement d’un programme pilote de « cohabitation solidaire » dans deux municipalités du Liban-Sud, visant à améliorer la perception mutuelle à travers des projets communautaires partagés : réhabilitation d’espaces publics, jardins communautaires, ateliers de formation.
Initiatives de mémoire et résilience
Al Nahar consacre un article à une initiative éducative intitulée « Mémoire vivante », lancée par une ONG de Tripoli avec le soutien de l’Institut français. Ce programme propose à des élèves de différentes confessions de produire des récits documentaires sur les conflits récents au Liban et dans la région, en utilisant la photographie, le témoignage oral et la cartographie numérique.
L’objectif est double : reconstruire une forme de mémoire transversale et encourager les jeunes à devenir acteurs de réconciliation. Une enseignante participante explique : « Nos élèves n’ont connu que les ruines, les tensions. Nous voulons leur donner des mots, des images, pour que leur mémoire ne soit pas uniquement un traumatisme. »
Dans le même esprit, Al Liwa’ rend compte d’un projet porté par l’Université libanaise et des chercheurs indépendants visant à cartographier les transformations sociales induites par les migrations internes et les déplacements forcés depuis 2019. Ce projet inclut notamment une base de données sur les fermetures d’écoles rurales et l’évolution de la mobilité des jeunes diplômés vers les villes ou l’étranger.
Vie chère et fragilité de la protection sociale
La précarité économique continue de modeler la vie quotidienne. Nahar rapporte que plusieurs pharmacies de la capitale n’ont pas été réapprovisionnées en médicaments essentiels depuis plus de deux semaines, en raison de retards dans les transferts bancaires nécessaires à l’importation. Les hôpitaux publics, déjà en sous-effectif, fonctionnent au ralenti.
Le journal évoque aussi l’angoisse grandissante des retraités, dont les pensions restent figées à des niveaux dérisoires. Une pétition signée par plus de 6 000 retraités de la fonction publique a été déposée au ministère des Finances, demandant l’indexation immédiate des pensions au nouveau salaire minimum. En l’absence de réponse, certains menacent de recourir à la grève fiscale.
Dans les écoles publiques, Al Akhbar signale que des directeurs alertent sur la baisse du nombre d’élèves inscrits en maternelle et en primaire, faute de moyens de transport. Le prix du carburant ayant explosé, certaines familles n’ont plus les moyens d’amener leurs enfants à l’école.
Culture : mémoire des martyrs, renaissance artistique et foisonnement d’évènements
Le 8 mai 2025, la scène culturelle libanaise se distingue par une vitalité marquée, malgré un contexte social et politique encore instable. Entre hommage aux figures du journalisme tombées en mission, émergence de talents artistiques, expositions ouvertes au public et agenda musical diversifié, les initiatives culturelles offrent des respirations dans un paysage tendu. Les journaux du jour insistent sur le lien entre mémoire, création et engagement civique.
« Nغني للحريّة » : hommage musical aux martyrs de la presse
Al Joumhouriyat (8 mai 2025) consacre sa une culturelle à l’évènement intitulé « نغني للحريّة » (Chantons pour la liberté), organisé à Beyrouth en mémoire des journalistes tombés dans l’exercice de leur métier. Cette cérémonie, soutenue par le Syndicat des journalistes et plusieurs associations culturelles, a réuni musiciens, comédiens et journalistes dans une performance collective à l’Auditorium Emile Lahoud.
L’événement mêlait récitals de poésie, chansons de lutte et lectures de textes écrits par des reporters disparus. L’écrivain et journaliste Hassan Dandach, dont les textes ont été lus sur scène, a été particulièrement salué. La chorale du Conservatoire national a interprété un arrangement de “Zahrat al-Mada’in” en clôture, ovationnée par le public.
Le président de l’Union des journalistes a souligné que « la culture n’est pas un luxe en temps de crise : elle est une réponse civique à la peur et à l’effacement ». Plusieurs personnalités publiques, dont des représentants des ambassades européennes et arabes, ont assisté à la soirée.
Littérature : parution remarquée de « Beyrouth 1982 – Fragmentations »
Al Akhbar (8 mai 2025) revient sur la sortie du nouveau roman de l’écrivain libanais Majed al-Khoury, intitulé « Beyrouth 1982 – Fragmentations ». Ce récit hybride mêle mémoire autobiographique et fiction politique pour revisiter les premiers jours de l’invasion israélienne. Le livre, publié par les éditions al-Farabi, fait déjà l’objet de débats dans les milieux littéraires.
L’auteur y développe une écriture fragmentée, entre journal intime, correspondance fictive et dialogues imaginés avec des personnages de la guerre. Dans un entretien accordé au journal, il déclare : « La guerre, ce n’est pas seulement des bombes, c’est aussi la mémoire dérobée, les souvenirs reconstitués au fil des ruines. »
Le roman sera présenté dans une série de lectures publiques prévues au Théâtre Monnot, à l’Institut français de Beyrouth, puis à l’Université Saint-Joseph. La critique littéraire de Nahar (8 mai 2025) le décrit comme « une œuvre dense, politiquement subtile, où la ville devient un personnage hanté ».
Arts visuels : expositions et scènes émergentes
À la Galerie Janine Rubeiz, une exposition collective intitulée « Matières de l’absence » réunit six jeunes plasticiens libanais. Selon Al Joumhouriyat, les œuvres explorent les thèmes de la disparition, du déracinement et de l’identité à travers la peinture, l’installation et la vidéo. L’artiste Layal Issa présente un travail sur le fil barbelé comme motif récurrent dans la représentation de la mémoire, tandis que Wassim Jabbour utilise des photographies d’archives déchirées et recomposées.
Al Akhbar salue une « réflexion esthétique sur les frontières, non pas politiques mais intimes ». Le vernissage a attiré plus de 300 visiteurs, dont de nombreux jeunes artistes venus d’universités locales. La galerie prévoit une série de conférences autour des thématiques de l’exposition durant le mois de mai.
En parallèle, Nahar rapporte qu’un collectif d’artistes de Tripoli a ouvert un nouvel espace alternatif baptisé “Studio al-Mina”. Ce lieu se veut à la fois galerie, atelier et plateforme d’échange. Le premier projet exposé, “Laban ou thawra?”, mêle vidéos documentaires sur le mouvement de 2019 et interventions graphiques dans l’espace public. L’initiative, autofinancée et soutenue par des ONG européennes, ambitionne de créer un maillage artistique entre le Nord et la capitale.
Musique : entre tradition et expérimentations
La scène musicale libanaise conserve elle aussi son dynamisme. Ad Diyar annonce la reprise de la saison de concerts de l’Orchestre philharmonique du Liban, avec un programme consacré à Sayyed Darwish et Marcel Khalifé. Le concert inaugural au Palais de l’UNESCO de Beyrouth affiche complet depuis plusieurs jours.
Parallèlement, le festival « Sawt Beirut » se prépare à accueillir des artistes libanais de la scène alternative et expérimentale à partir du 15 mai. Les noms de Yasmine Hamdan, Tarek Yamani et le duo électro “Akher Ayam” ont été confirmés. Nahar souligne que ce festival entend créer « une cartographie sonore de la capitale en mutation ».
Des concerts de rue sont également prévus dans les quartiers de Mar Mikhael, Hamra et Gemmayzé, en collaboration avec les cafés et librairies locales. Ces performances « sauvages » s’inscrivent dans une volonté de démocratiser l’accès à la musique en dehors des salles institutionnelles.
Agenda culturel : rendez-vous à venir
Les différents journaux livrent aussi un panorama des évènements à venir :
- Salon du livre francophone (Beyrouth, du 10 au 17 mai) : près de 40 éditeurs, ateliers pour enfants, débats d’idées avec la participation d’intellectuels libanais et français. (Nahar)
- Festival du film documentaire arabe (cinéma Métropolis, du 12 au 18 mai) : thématique « Frontières intérieures », avec des projections sur la Syrie, le Liban et le Maroc. (Al Akhbar)
- Semaine de la danse contemporaine (Théâtre al-Madina) : performances de troupes venues de Jordanie, d’Égypte et du Liban. (Al Joumhouriyat)
- Conférence à l’Université LAU sur « l’impact de la culture numérique sur la mémoire du conflit » avec des invités de l’Université de Bâle et de l’AUB. (Ad Diyar)
Ces évènements, malgré leur diversité, partagent un même fil rouge : la culture comme moyen de relecture du passé récent et comme espace d’activation du lien social.