Dans la nuit du 8 au 9 octobre 2025, le président américain Donald Trump a révélé sur son réseau social Truth Social qu’Israël et le Hamas avaient accepté la première phase d’un plan de paix pour Gaza, marquant un possible tournant après deux années de conflit dévastateur. Cette annonce, faite à 23h17 GMT, survient au terme de trois jours de négociations indirectes à Charm el-Cheikh, en Égypte, avec la médiation du Qatar, de la Turquie et de l’Égypte. Selon les termes divulgués par Trump, cet accord prévoit un cessez-le-feu immédiat, la libération de tous les otages encore détenus – y compris les dépouilles –, un échange de prisonniers palestiniens et un retrait partiel des troupes israéliennes de certaines zones de l’enclave.
Le président Trump a décrit cette avancée comme une percée significative, affirmant que les otages seront libérés très bientôt, et Israël retirera ses troupes vers une ligne convenue mutuellement comme premières étapes vers une paix forte, durable et éternelle. Il a précisé que les otages, estimés à une quarantaine encore en vie sur les 251 capturés lors de l’attaque du 7 octobre 2023, pourraient être relâchés dès lundi 13 octobre. En échange, Israël s’engage à libérer environ 2 000 prisonniers palestiniens, dont certains considérés comme des figures emblématiques par le Hamas. Le retrait des forces israéliennes porterait initialement sur 70 % du territoire de Gaza, avec un repositionnement le long d’une ligne définie conjointement, tout en maintenant une présence dans des secteurs stratégiques pour des motifs de sécurité.
Cette révélation nocturne a pris de court les analystes, les discussions entamées le 6 octobre paraissant enlisées sur des enjeux cruciaux tels que le désarmement du Hamas et la gouvernance future de Gaza. Le plan Trump, esquissé en plusieurs phases, vise non seulement à interrompre les hostilités mais aussi à établir les fondations d’une reconstruction de l’enclave, avec le concours de pays arabes non spécifiés. Le président américain a indiqué que les États-Unis assumeraient un rôle dans la reconstruction et la sécurisation de Gaza, sans entrer dans les détails financiers ou militaires pour l’instant.
Les contours précis de la première phase
La première phase, telle que rapportée par des sources proches des négociations, impose un cessez-le-feu effectif dès l’approbation formelle par le cabinet israélien, programmée pour le 9 octobre à 14 heures, heure de Jérusalem. Le Hamas a confirmé avoir soumis une liste des otages et des prisonniers à échanger, conforme aux critères établis. Parmi les otages, une vingtaine seraient encore vivants, incluant des civils et des militaires, tandis que les corps des autres seraient rapatriés pour des inhumations appropriées.
Côté israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a réuni une session gouvernementale extraordinaire pour valider l’accord. Dans un communiqué de son bureau, il est indiqué que les Forces de défense israéliennes recevront des directives pour ériger des défenses robustes et demeurer prêtes à toute éventualité. Le retrait des troupes devrait s’effectuer dans les 24 heures suivant l’approbation, en se concentrant sur le corridor de Netzarim et d’autres axes vitaux. Parallèlement, l’accord stipule l’entrée immédiate d’au moins 400 camions d’aide humanitaire par jour, afin d’alléger la crise alimentaire et sanitaire qui frappe la population de Gaza, où plus de 60 000 décès ont été recensés depuis le début des hostilités, dont 18 500 enfants selon les autorités locales.
Le Hamas, via un communiqué diffusé sur Telegram, a salué l’accord comme englobant l’arrêt de la guerre à Gaza, le retrait des forces d’occupation, l’entrée d’aide humanitaire et l’échange de prisonniers. Un cadre du mouvement a insisté sur le fait que les pourparlers pour la seconde phase débuteraient sans délai, avec des exigences pour un retrait total et une reconstruction sous supervision d’une entité palestinienne technocratique. Le Jihad islamique palestinien, allié du Hamas et détenant certains otages, a pris part aux tractations finales et confirmé son adhésion.
Réactions immédiates sur le terrain
À Tel Aviv, des scènes d’allégresse ont émergé place des Otages, où familles et sympathisants se sont regroupés pour célébrer l’annonce. Des feux d’artifice et des chants ont ponctué la nuit, bien que modérés par une prudence née des trêves antérieures avortées. Une mère d’otage, restée anonyme dans les médias, a déclaré : C’est un miracle, mais nous attendons de voir nos enfants revenir sains et saufs. Le sénateur républicain Lindsey Graham a réagi sur les réseaux sociaux, exprimant sa gratitude tout en insistant sur le désarmement intégral du Hamas comme condition indispensable à une paix pérenne.
À Gaza, des tirs de célébration et des acclamations ont retenti dans des villes comme Khan Younès et Gaza-Ville, malgré les vastes destructions. Des habitants, interrogés par des reporters sur place, ont manifesté un mélange de soulagement et de scepticisme. Un résident de Deir al-Balah a confié : Nous avons enduré l’enfer ; maintenant, nous prions pour que cela tienne. Néanmoins, l’agence de défense civile de Gaza a signalé plusieurs frappes aériennes peu après l’annonce, visant des quartiers ouest de Gaza-Ville et le camp d’al-Shati, illustrant les risques d’incidents sporadiques avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu.
Le rôle pivotal des médiateurs
Les pourparlers à Charm el-Cheikh ont été orchestrés par une coalition atypique : le Qatar, refuge habituel des dirigeants du Hamas ; l’Égypte, voisine de Gaza et gestionnaire du point de passage de Rafah ; et la Turquie, dont l’influence s’est accrue sous l’égide du ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan. Ce dernier a qualifié les progrès de substantiels, notant que l’accord pourrait être paraphé formellement le 9 octobre vers 9 heures GMT. Les États-Unis, par l’intermédiaire de l’envoyé spécial Steve Witkoff et de Jared Kushner, gendre de Trump, ont adapté leur approche pour intégrer des garanties sur une démilitarisation progressive de Gaza, évitant les pièges des négociations passées.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a accueilli l’accord avec ferveur, exhortant toutes les parties à le respecter intégralement. Dans un communiqué, il a affirmé : C’est un pas majeur vers la fin des souffrances et la reconstruction. L’aide humanitaire doit affluer sans entrave, et la communauté internationale doit appuyer une solution durable. Cette stance fait écho à la résolution 2728 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en mars 2024, qui réclamait un cessez-le-feu immédiat et la libération des otages, bien que souvent bafouée sur le terrain.
Contexte des tensions régionales accumulées
Cet accord s’insère dans un panorama géopolitique marqué par l’escalade depuis l’assaut du Hamas le 7 octobre 2023, qui a causé 1 200 morts en Israël et déclenché une offensive israélienne responsable de dizaines de milliers de victimes à Gaza. Les trêves précédentes, telle celle de janvier 2025 rompue en mars suite à des violations présumées, ont nourri le doute. Israël soutient que ses opérations ont amoindri le Hamas, en détruisant des tunnels et en éliminant des commandants, mais le groupe conserve une capacité opérationnelle, avec des tirs de roquettes possibles depuis certaines zones.
Au nord, les frictions avec le Hezbollah libanais influent indirectement sur cet accord. Bien que le cessez-le-feu israélo-libanais de novembre 2024 tienne en grande partie, des incidents isolés persistent le long de la frontière, avec des démolitions israéliennes signalées en avril 2025. Le dirigeant du Hezbollah, Naim Qassem, a qualifié le plan Trump de plein de périls, laissant la décision finale au Hamas tout en mettant en garde contre un projet du Grand Israël. Cette réserve reflète les dynamiques confessionnelles au Liban, où les chiites du sud soutiennent souvent la cause palestinienne, contrastant avec les sunnites de Tripoli plus tempérés.
Implications diplomatiques pour les États arabes
L’accord pourrait difficilement raviver les Accords d’Abraham, conclus en 2020 sous l’égide de Trump, qui ont normalisé les relations entre Israël et plusieurs États arabes comme les Émirats arabes unis et Bahreïn. Le conflit à Gaza a suspendu d’éventuelles extensions, notamment avec l’Arabie saoudite, qui conditionne désormais toute normalisation à des progrès vers un État palestinien. Le bombardement israélien de positions au Qatar en 2024 a approfondi un clivage avec les États-Unis, favorisant l’essor de l’influence chinoise via des investissements en infrastructures.
Au Liban, où résident près de 500 000 réfugiés palestiniens depuis des décennies, l’absence du gouvernement dans les négociations est patente. Le cabinet de Nawaf Salam, en fonction depuis février 2025, n’a pas été associé, malgré les retombées potentielles sur la question des réfugiés. Cela met en lumière les vulnérabilités internes libanaises, avec une dette publique excédant 150 milliards de dollars et une inflation à 200 % en 2024, selon les rapports du FMI, rendant le pays sensible à toute instabilité régionale.
Défis immédiats de la mise en œuvre
La phase initiale envisage le désengagement des Forces de défense israéliennes de secteurs comme Khan Younès, avec un retour graduel des civils déplacés. Des observateurs internationaux, éventuellement sous auspice onusien, pourraient superviser l’échange d’otages, fixé pour lundi 13 octobre. Des sources au sein du Hamas mentionnent que la liste inclut des personnalités comme Marwan Barghouti, incarcéré depuis 2002, contre des otages tels qu’Edan Alexander, un binational israélo-américain.
Malgré l’optimisme, des frappes signalées jeudi matin à Gaza-Ville rappellent les périls. L’armée israélienne a justifié ces opérations comme des ripostes à des menaces imminentes, bien que le cessez-le-feu ne soit pas encore officiel. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a averti que toute infraction par le Hamas entraînerait une reprise des hostilités, soulignant la fragilité de l’accord.
Perspectives sur l’aide humanitaire et la reconstruction
L’ouverture des points de passage comme Rafah et Kerem Shalom permettra un afflux massif d’aide, priorisant l’eau, l’électricité et les soins médicaux. Israël a coupé l’électricité à Gaza en mars 2025, exacerbant la crise, et l’accord prévoit une reprise partielle. Des nations comme la Turquie et le Qatar ont promis des fonds pour la reconstruction, chiffrée à des dizaines de milliards de dollars par la Banque mondiale.
Au Liban, les implications pour les réfugiés palestiniens demeurent incertaines. Sans implication libanaise dans les tractations, Beyrouth risque de rester en périphérie, malgré ses liens historiques avec la cause palestinienne.
Évolutions sécuritaires à la frontière nord
Bien que focalisé sur Gaza, l’accord pourrait atténuer les fronts secondaires. Israël a fortifié sa frontière nord avec la Syrie, à la suite d’incidents avec des milices pro-iraniennes, et affaibli le Hezbollah par des frappes ciblées en 2024. Cependant, le groupe conserve une force notable, avec des milliers de combattants et un arsenal préservé. Le ministre libanais de la Défense, Maurice Sleiman, a plaidé pour une application stricte de la résolution 1701 de l’ONU, qui démilitarise la zone au sud du Litani, mais les infractions persistent de part et d’autre.
Dans ce cadre, l’accord de Gaza constitue une épreuve pour la stabilité régionale, avec des retombées immédiates sur les flux migratoires et l’économie. Les forces de l’ONU au Liban ont rapporté une diminution des incidents depuis le cessez-le-feu de 2024, mais des patrouilles accrues sont envisagées pour prévenir toute escalade liée à Gaza.
Une opération de relations publiques aux multiples enjeux
L’annonce de Trump s’inscrit dans un effort perçu comme une opération de relations publiques, visant à positionner le président américain pour un prix Nobel de la paix, tout en cherchant à redorer l’image d’Israël, ternie sur les plans politique et diplomatique après deux ans de conflit. La question de la victoire reste controversée : au bout de deux ans de confrontations intenses, en arriver à cet accord pour la première armée de la région rend difficile toute revendication d’une victoire claire du côté israélien.
Côté palestinien, le coût est élevé sur le plan militaire, mais la révisibilisation de la solution à deux États après les Accords d’Abraham représente en soi un fait positif. Même des États comme l’Arabie saoudite, qui allaient normaliser leurs relations sans solution à deux États, y réfléchiront désormais à deux fois.
Israël a certes affaibli le Hezbollah, qui reste toutefois présent, et reshapé sa frontière nord-est avec la Syrie, mais sur le plan géopolitique régional, il a perdu l’élan des Accords d’Abraham, et le bombardement du Qatar a été désastreux, laissant un fossé entre les États-Unis et les pays arabes dans lequel la Chine s’engouffre avec ses initiatives économiques et diplomatiques.
Cette étape initiale ouvre la voie à d’autres phases, mais les antécédents du conflit et l’expérience libanaise des cessez-le-feu, marquée par des reprises d’hostilités malgré des accords formels, incitent à la prudence quant à sa durabilité.
Sur le long terme, le plan Trump instaure pour le moment un nouveau mandat international sur la Palestine sans création immédiate d’un État, posant des questions sur le rôle de la communauté internationale. Celle-ci doit éviter de devenir un auxiliaire des forces israéliennes, non en occupant ces territoires mais en proposant des solutions politiques réelles pour le peuple palestinien, des solutions qui pourraient aussi résoudre la question des réfugiés palestiniens au Liban. Ce dernier n’a pas vocation à les garder indéfiniment, ces populations ayant déjà trop coûté économiquement et socialement au pays, et le Liban doit être présent dans ce cadre, mais il est totalement absent des négociations actuelles, ce qui représente une marginalisation regrettable et une nouvelle défaite pour Beyrouth dans le paysage régional.
Incidents persistants malgré l’annonce
Des rapports du 9 octobre font état de frappes israéliennes continues à Gaza, malgré l’annonce. La défense civile de Gaza a documenté des bombardements sur des zones résidentielles, causant des victimes supplémentaires et endommageant des infrastructures civiles déjà fragilisées. L’armée israélienne justifie ces actions par des menaces persistantes émanant de cellules du Hamas non alignées sur l’accord, tandis que le Hamas dénonce des violations prématurées destinées à saboter le processus. Le ministre égyptien des Affaires étrangères a appelé à une retenue immédiate pour préserver les termes négociés, soulignant que des équipes de médiation se rendent sur place pour évaluer la situation.



